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Gaillac & Canon-Fronsac

Par 14 septembre 2008Non classé

Commentaire d’une dégustation originale qui nous a permis de découvrir deux petites appellations à travers leurs plus célèbres représentants : Bernard Plageoles en Gaillac et Grégoire Hubau en Canon-Fronsac. Une compilation osée par notre ami Paul sous les conseils précieux d’Amandine Bourgoin, sommelière de la cave et bar à vins L’Un des Sens à Colmar.


Rendez-vous comme à chaque fois chez Paul dans son bar de dégustation tout près de sa cave où sommeillent des centaines de bouteilles dont certaines ont défié plusieurs décennies. Sous la bienviellance de Marthe, le cordon-bleu de la maison, nous commençons la dégustation par un Crillon des Vosges qui n’est rien d’autre qu’vin de rhubarbe ! Pour moi, c’est une première, d’ailleurs j’ai eu bien du mal à situer ce vin sur la carte de France des vignobles après que ma Jess se soit exclamée sans aucune hésitation : ça sent la rhubarbe ! Elle ne croyait pas si bien dire… Original quoique pas très complexe à part une légère note de pêche à l’attaque, c’est le compagnon idéal d’un toast de foie gras poêlé au raisin et pêche.

Nous entrons par la suite de plein pied dand la dégustation de ce soir, dont l’idée est de découvrir (et pourquoi pas) de comparer deux régions méridionales : Canon-Fronsac, petite étoile montante de la rive droite de Bordeaux et la région de Gaillac qui produit à la fois des vins typiques et puissants. Paul avait choisi de mélanger les vins dans la dégustation, afin de pouvoir mieux les mettre en valeur. Très bonne idée ! Nous commençons par le Gaillac Duras 2006 de Robert Plageoles. Robe grenat foncé, il s’ouvre sur le fruit noir mûr (mûre, cassis) avec des notes de charbon et d’asphalte. Le travail sur le fruit se ressent dès l’attaque (framboise, bourgeon de cassis) avec de la mâche et encore beaucoup de tannins. Mais le tout reste abordable grâce à une touche minérale bienvenue et rafraîchissante. Puissant, sapide, mais avec un bel équilibre grâce à une acidité vive. Toutes les composantes de ce vin sont unies pour nous donner une belle expression de ce cépage méconnu qu’est le Duras. Il me fait d’ailleurs penser à un assemblage Grenache-Syrah. Bien vu !

Nous basculons ensuite sur le premier vin de Grégoire Hubau, en l’occurence le Château Moulin 2005, Canon-Fronsac. 100% Merlot, comme d’ailleurs tous les autres vins du Domaine présentés ce soir, il dévoile des notes typiques de fruit rouge mûr (cerise), de terre et de cacao. Une touche irrésistible de framboise témoigne de toute l’élégance de ce vin qui se montre tout de même très structuré et tannique ; arômes subtils d’herbes et de cendre. L’équilibre est digne d’un grand millésime. Finale charmeuse, typique du Merlot, autour du fruit avec une touche chocolatée. Grand devenir. Bravo !

Nous passons ensuite à un vin plus abouti puisque plus évolué : le Château Haut-Larriveau 2000 délivre des notes profondes de fruit noir (cerise noire, mûre), et d’épices (herbes, poivre, cendre). L’attaque est ronde, avec une trame acide un peu verte (arômes de pomme). Il reste tannique en fin de bouche ce qui témoigne d’un léger manque de maturité, quoique mon appréciation devient plus nuancée puisqu’après quelques temps, il devient plus harmonieux en bouche.
Le Château Haut-Larriveau 2004 revient sur le fruit alors que le vin précédent, plus abouti, nous faisait partir sur des notes secondaires d’épices et de boisé. Plus acide, plus vif, il se livre sur le fruit à 100% (fraise, mûre) puis s’achève sur une finale longue et persistante. Ce vin aurait mérité un passage en carafe d’au moins 2 heures pour en profiter totalement, mais il montre beaucoup de qualités. Un des meilleurs de la soirée !

Le contraste avec le Gaillac Braucol 2006 de Robert Plageoles est saisissant ! Fruit noir, pipi de chat, ce vin est léger, vert, sans aucun intérêt. Nous avons ôté le bec verseur (Drop Stop) le plus vite possible…

Pour finir, voici le Roi de la soirée : le Château Pey-Labrie 2004, Canon-Fronsac est parfait. Avec ses notes de cerise kirschée, de mûre et plein d’autres fruits noirs, il s’ouvre sur un ensemble harmonieux en bouche, avec des notes de chocolat amer typiques de ce 100% Merlot. La finale est longue, persistante, avec une touche minérale qui lui confère une pureté et un très bel équilibre. Le plus réussi de tous, mais nous avons aussi appris que c’est le plus cher (env. 24 €), pas donné pour un Canon-Fronsac, mais disons qu’il les vaut presque !

L’assortiment de fromages est un compagnon idéal de ce magnifique vin. S’en suit un plateau copieux de desserts avec des barquettes aux fruits et surtout ce sorbet arrosé de framboises maison, certainement une des meilleures glaces que j’ai pu manger !

En somme, cette soirée nous permis de découvrir deux vignerons indépendants dans deux régions encore trop méconnues. La typicité des vins de Plageoles est parfois un peu déroutante pour les victimes de vins standardisés que nous sommes malgré nous. Quoi qu’il en soit, sa volonté d’offrir le meilleur de chaque cépage est remarquable. Et si je devais vous un de ces vins de cépage, ce serait assurément le Duras, le plus abouti de tous. Grégoire Hubau nous a offert quand à lui une très belle série, avec des vins aboutis, typiques de ce grand cépage qu’est le Merlot. Un vigneron à conseiller même si les prix peuvent paraître un peu élevés pour cette appellation.

Un grand merci à Marthe et Paul pour leur accueil et leur travail de recherche !

In vino veritas
Thomas