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Soirée de gala au Château du Clos de Vougeot

Par 27 avril 2009octobre 14th, 2012Non classé

Lors d’une virée en Bourgogne, j’ai eu le privilège de m’imiscer dans les couloirs de ce château mythique lors du Chapître de Printemps et de la Musique de la Confrérie des Chevaliers du Tastevin. Au programme intronisation des nouveaux membres, dîner de gala, dégustation de vins sélectionnées et certains people…


« Par Noé, Dieu de la Vigne, par Bacchus, Dieu du Vin et par Saint-Vincent, patron des vignerons, nous vous armons Chevalier du Tastevin ! » Tel résonnait le refrain lors de la cérémonie d’intronisation des nouveaux membres de la Confrérie des Chevaliers du Tastevin. Les réjouissances commencent à 18h30 et c’est dans une certaine hâte que nous arrivons en bus au Château du Clos de Vougeot. Quelle émotion pour tout amateur de vin que ce pénétrer dans ces murs, tout près de vignes centenaires qui produisent tant de grands vins. A ce titre, il est toujours aussi étonnant de penser qu’un vignoble aussi petit (enfin, tout est relatif…) puisse susciter tant de convoitises et de passion dans le monde entier. Autant dire que je profite pleinement de ces moments rares.

Nous montons dans les Salons d’Honneur du Château dans lesquels plusieurs centaines de (futurs) Chevaliers et leurs amis proches ont rendez-vous. Il est aujourd’hui temps pour Hubert, le père de ma chère Jess, de recevoir ce tastevin tant convoité. La Confrérie rentre dans la salle sous les appels des cors et trompes de chasse des Maîtres Chevaliers. L’instant est solennel, mais assez curieusement pour le néophyte que je suis, l’ambiance est décontractée et joviale. En effet l’intronisation de chaque personne se faisant à l’écho de quelques boutades avant que le refrain évoqué ci-dessus ne sorte bravement de la bouche du Grand Maître Vincent Barbier. Ce 1028ème Chapitre de la Confrérie se poursuit ensuite dans la Cour du Château, autour d’un verre de Crémant de Bourgogne bien rafraîchissant. Tous les hommes sont parés d’une tenue de soirée de rigueur avec smoking, chemise blanche et noeud papillon. Les femmes s’ornent quand à elles de leur plus belle robe.

Les cloches résonnent pour l’ouverture du Cellier Cistercien du Château du Clos de Vougeot et il est temps pour nous de rejoindre nos tables placées en rond à l’occasion de ce Chapitre du Printemps et de la Musique. Ce Chapitre exceptionnel regroupe un nombre plus limité d’invités, puisque nous sommes 425 convives ce soir-là contre 700 habituellement. A table nous sommes huit avec à ma gauche ma charmante chérie et à ma droite notre Chef de groupe Jean, autant dire une place privilégiée à deux pas de l’estrade sur laquelle chantent déjà les Cadets bourgignons.

Le repas commence par la première assiette, le prélude de homard aux légumes printaniers, accompagné d’un Mercurey Les Vignes de Maillonge 2005 servi en Magnum. Ce vin trahit de suite un millésime mûr, riche. Le nez développe des senteurs de fleurs, de fruits blancs avec un accent sur le bois. Quoique fin et élégant en attaque, il s’amplifie avec une belle richesse et une rondeur remarquables. J’ai trouvé ce vin blanc gourmand excellent pour son pedigree, mais je dois dire qu’il était un peu trop boisé à mon goût. Il n’empêche qu’il offre une entrée en matière de classe avec un plat de prestige idéalement préparé. Nous sympathisons d’emblée avec notre sommelier Jean-François et nos serveuses Ibéria et Yvonne, tous trois extrêmement accessibles et joviaux.

La deuxième assiette, le concerto de noix de Saint-Jacques à la Crème de Petits Pois nouveaux, est accordée à un Chassagne-Montrachet Les Benoîtes 2000 Tasteviné extrêmement plaisant. Offrant les mêmes caractéristiques organoleptiques que le vin précédent, il se distingue par une finesse et une vivacité qui manquait au Mercurey blanc. Il confirme sa noble origine toute proche de la Chapelle de Morgeot, avec un sol calcaire qui retranscrit cette race et cette fraîcheur. Excellent, tout comme son accord avec ce mets raffiné et une fois de plus parfaitement préparé !
Nous nous délectons de la musique, tantôt trompette, tantôt piano, tantôt clarinette ; c’est alors que le Grand Maître nous présente le Président de ce Chapitre en saluant de la scène notre Secrétaire d’Etat aux Sports Bernard Laporte. Les invités se retournent et offrent un chaleureux accueil à notre Ministre, ainsi qu’à d’autres personnalités présentes, parmi lesquelles l’expert Nelson Montfort. Ma surprise est totale.

L’entremets nous est servi, il s’agit de la traditionnelle symphonie des oeufs en meurette vigneronne avec en accompagnement un Savigny-lès-Beaune 2002 Tasteviné. C’est la première fois que je goûte ce plat typiquement bourgignon, qui associe dans le cas précis des oeufs pochés et une sauce au vin rouge. Le Savigny est de couleur rubis profond, avec des notes de fruits rouges évoluant typiquement vers les sous-bois et le cuir. L’attaque est vive et le tout délivre une belle élégance malgré une relative structure, traduisant bien le caractère classique du millésime 2002. Agréable au palais, il devient malheureusement astringeant en fin de bouche.
Il est temps d’entonner quelques airs bourgignons avec des Cadets à la voix exceptionnelle, parmi lesquels le traditonnel Ban Bourgignon, ce la-la-la si célèbre.

Nous arrivons à mi-repas et je suis déjà rassasié. Mais je ne peux pas refuser cet allegro de lapereau aux morilles arrosé d’un Volnay 1er Cru En Chevret 1997 Tasteviné. Fameuse alliance de la chair et des abats du lapereau, ce plat convient au Volnay élégant mais riche, puisqu’issu d’un millésime solaire. Situé entre Les Champans et les Caillerets, ce 1er Cru En Chevret dévoile une belle complexité et un soyeux charmeur. Il manque peut-être d’équilibre car son acidité est limitée. Quoi qu’il en soit, ce vin de 12 ans est encore bien là et offre des notes de terre, de cacao, de cuir et de griotte. Les discussions vont bon train et pendant que les discours se succèdent avec toujours cette même atmosphère décontractée, je saisis ma chance auprès de Nelson Montfort. En temps que passionné de sport, j’ai plaisir à cotoyer ce personnage singulier et très accessible. Nelson, si tu me lis, merci de tes amitiés…

Le Grands Echézeaux 2004 réhausse à merveille un plateau de fromages de Bourgogne et d’ailleurs. J’apprécie le Brillat Savarin et le Cîteaux sur ce Grand Cru encore robuste et avec une belle réserve tannique. Il gagnera en complexité et en plénitude dans les 5 prochaines années mais se distingue aujourd’hui par ses notes de petits fruits rouges et d’épices (églantier). Pendant ce temps, les Maîtres de la Confrérie offrent un Magnum de Nuits-Saint-Georges à Bernard Laporte en n’omettant pas de lui rappeler que cette bouteille devra trôner en bonne place, non pas au Ministère des Sports sous la bonne garde de Roselyne Bachelot, mais bien à l’Elysée ! Puisqu’après avoir offert ce même type de cadeau à Michel Barnier ou Patrick Devedjian lors de précédents Chapitres, les membres de la Confrérie attendant toujours encore les commentaires de dégustation ainsi que les remerciements de la part du Chef de l’Etat !

Ce repas gargantuesque fidèle au maître Rabelais se termine par un hymne glacé aux premières fraises ainsi que des petits fours. Même le goinfre que je suis est rassasié, et non sans saluer notre Secrétaire d’Etat dans un entretien bref mais sympathique, je profite du dernier verre de Vieux Marc de Bourgogne servi par Jean-François le Beaunois. Il est tout de même 2h30 quand les réjouissances s’achèvent. Le vin a coulé à flots, le repas fut délicieux, ce qui est une performance remarquable pour tant de convives, et les accords mets-vins judicieusement réfléchis.

Bref une soirée de Gala avec une superbe ambiance dans un cadre des plus majestueux. Un grand merci à tous mes camarades, en particulier à Jean pour son organisation sans faille. Et bien sûr, toutes mes félicitations aux intronisés du soir, qui viennent de rejoindre la Grande Famille des vins de Bourgogne déjà riche de plus de 10000 ambassadeurs à travers le monde.

In vino veritas