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Un an de « Soirées 20 »

Par 22 octobre 2011avril 21st, 2013Non classé

Un an de « Soirées 20 » et un retour aux sources hier soir chez Yannick. Le hasard de cette séance a résidé dans la diversité des régions mais aussi dans la diversité des vins proposés. Voyez plutôt : Côtes du Jura « Les Chalasses » 2005, Jean-François Ganevat ; Echezeaux Grand Cru 2002, Domaine Christian Clerget ; Château Giscours 2002, 3è Cru Classé de Margaux ; Isola dei Nuraghi « Montessu » 2007, Agricola Punica.

Hier soir pour le premier anniversaire des « Soirées 20 », nous nous sommes retrouvés chez le premier organisateur et concepteur de ces soirées dans les profondeurs du Sundgau. En compagnie de Benoit, Seb, Yannick, nous sommes partis à la découverte de nouvelles expériences, de nos derniers coups de cÅ“ur autour d’un copieux et délicieux plateau de charcuterie d’un grand nom de la région.

Echezeaux, Montessu, Giscours...
Après les premiers soucis d’ouverture de bouteille, nous ne perdons pas de temps puisqu’il est 20.20 quand le premier vin est servi. Il faut dire que je fus assez excité à l’idée de faire découvrir mon premier vin à mes amis, tout d’abord puisque je l’adore, et puis parce qu’il planait comme un sentiment de revanche face aux injustes critiques de mes camarades quant à la qualité de mes derniers vins. Avec cette bouteille, je savais que je ne pouvais que les épater. Ca faisait longtemps que je parlais à Benoit, éternel amateur de Jura, de l’excellence des vins que produit Jean-François Ganevat. Son Côtes du Jura « Les Chalasses » 2005 ne déroge pas à la règle. Vous avez déjà pu lire quelques lignes au sujet de ce vin sur ce site (voir par ailleurs), je dirais qu’il se comporte de mieux en mieux au fil des dégustations. Sa couleur or brillant et cristalline est unie et fascine l’Å“il de par sa limpidité. Son nez discret et profond cache une complexité qui vient peu à peu au nez du dégustateur : noix fraîche, banane séchée, poire, citron, beurre avec une pointe exotique (physalis, fruits de la passion). Après quelques temps, il s’oriente vers des notes florales complexes (gentiane) et les fruits blancs (poire, groseille à maquereau). L’attaque est limpide et puissante et annonce la couleur ! Les arômes du nez se retrouvent au palais avec une grande pureté. Pas une note de bois malgré un passage de 24 mois en fût de chêne (!), la grande rondeur et la générosité de ce 100% Chardonnay enchantent toute la table. Le fruit à noyau s’exprime en fin de bouche, avec une rétro-olfaction sur la mirabelle. Quelle jeunesse ! La pureté du fruit, l’allonge et la fine acidité de ce vin oriente Benoit sur la Côte de Beaune, et pas n’importe où : j’entends tour à tour Meursault, Chassagne-Montrachet. Je savais que mon vin avait plu. Après une dernière tentative sur un Meursault 1er Cru 2002, j’ai le plaisir de découvrir ce Côtes du Jura « Les Chalasses » 2005 de Jean-François Ganevat superbe en tous points ! Bravo ! Ce sera sans compter un grand vin d’ici quelques années.

La barre a été placée très haut et c’est là que Sébastien verse son Echezeaux Grand Cru 2002 du Domaine Christian Clerget dans les grands ballons de Bourgogne que Yannick ne sort que pour les grandes occasions. Le niveau de la soirée inquiète ceux qui n’ont pas encore ouvert leur bouteille, pour ma part je suis sous le charme de la robe élégante de ce vin qui mêle le rubis aux tons orangés légers. Le premier nez est réduit, poussiéreux et fait penser à une serpillière ! Mais très vite la cerise griotte éclate sur fond d’une trame minérale persistante puis le menthol, la fumée et l’églantine lui emboîtent le pas. En bouche on distingue d’emblée un grand vin de terroir, aux tannins crayeux et à la grande dimension minérale. Le fruit est encore croquant, vif et offre une grande énergie à l’ensemble. Il n’y a pas photo, c’est un grand vin de Nuits et dans un grand millésime ! Nous hésitons tous, personnellement je pense que ce vin à tout d’un Grand Cru : je me balade entre Morey et Vosne-Romanée. J’ai proposé un Clos de la Roche 2002 pour son adhésion à un sol calcaire (en l’occurrence argilo-calcaire), son intensité et sa puissance tout en dentelle. Merci Seb pour cette bouteille de prestige qui a tout d’un grand, et encore pour longtemps… Bravo ! Pour info vous trouverez ici le compte-rendu de cette même bouteille goûtée il y a 2 ans et demi pour vous faire une idée de son évolution et de sa régularité.

Les deux grands vins servis précédemment concurrencent la prestigieuse bouteille apportée par Benoit, à savoir le Château Giscours 2002, 3è Cru Classé de Margaux. Malheureusement, il ne sera pas au niveau que suggère son pedigree. Marqué par le poivron au nez puis un côté savonneux assez surprenant, on distingue des notes légères d’amande douce, de café et une pointe de violette. En revanche pas un soupçon de fruit ! Tout comme en bouche où après une attaque minérale, c’est la pomme granny qui fait le bal… L’acidité est très présente, voire omniprésente. Il n’y a aucun soutien aromatique à une cette structure âpre et le tout manque cruellement de rondeur. Bref, un bien triste raté quand on pense au prix de cette bouteille ainsi qu’à la renommée de ce Château…

Après cette grande déception, Yannick nous surprend avec une véritable bombe ! Le Isola dei Nuraghi « Montessu » 2007 de l’Agricola Punica est une découverte qui nous vient de Sardaigne. Son bel ensemble grenat classique et ses larmes nombreuses invitent à la dégustation, surtout qu’il attend son tour dans une carafe depuis plusieurs heures… Au nez, c’est un jus de fruits noirs avec un accent sur la framboise, le cassis. Ca pulse ! Viennent ensuite des notes de marc et de confiture de mûre, le tout dans un ensemble très élégant (pointe de bonbon à la violette) qui ne joue pas dans l’excès. L’on retrouve son côté méridional au palais sur les fruits à noyaux et la liqueur de fruits noirs. Cette bombe sait néanmoins rester très fraîche et digeste. Avec une heure de plus dans le verre il change et devient plus brut. On change de registre avec des notes de terre mouillée, un accent plus tannique et un grain de tannin moins velouté. Il n’empêche que ce superbe vin de plaisir se boit sans soif même s’il ne gagnera pas à vieillir. Il procure un grand plaisir sur l’instant. Parker lui donne la superbe de note de 92/100, il est vrai que son nez fruité et aguicheur ainsi que sa grande fraîcheur me mettraient presque sur la même longueur d’ondes. Merci Yannick !

La soirée touche déjà à sa fin pour certains, en tous cas elle a été digne de son rang malgré un Giscours à côté de la plaque. J’aurais du mal à départager les trois autres vins car ils furent tous de grande qualité. En revanche, il y a une chose sur laquelle nous trouverons un accord unanime, c’est de se retrouver le mois prochain pour de nouvelle découvertes…

In vino veritas