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Une Soirée 20 aux vins moyens

Par 10 janvier 2012avril 21st, 2013Non classé

L’année 2012 a commencé par une « Soirée 20 » aux vins timides bien qu’issus de quelques villages célèbres de la Côte d’Or : Meursault 1er Cru 2007, Château de Meursault ; Chambolle-Musigny « Coeur de Pierres » 2005, Frédéric Magnien ; Beaune 1er Cru Clos du Roi 2008, Domaine Tollot-Beaut.

Chers lecteurs, tout d’abord permettez-moi de vous adresser tous mes voeux les plus sincères pour cette nouvelle année 2012. Que l’année qui se profile vous apporte santé, prospérité et plein de bonnes bouteilles ! En ce qui me concerne j’ai commencé l’année par une « Soirée 20 » avancée au début de mois pour cause de vacances. Pour l’occasion nous nous rendons chez Célia et Lio pour une soirée simple et conviviale autour d’un plateau de charcuterie préparé à la dernière minute. D’ailleurs nous arrivons aussi un peu en retard à cette soirée qui aura pour thème classique la Bourgogne. Il est vrai que nous avons bu beaucoup de vins du Rhône ces derniers temps (en attestent les précédents commentaires fin 2011 avec des mythes comme Rayas, La Turque, etc.) et puis Bordeaux n’ayant plus vraiment la cote non plus, nous avons espéré trouver notre bonheur en Côte d’Or.

Et bien comment dire, les trois vins dégusté ce soir-là ne me laisseront pas un souvenir impérissable. Nous commençons tout d’abord par un vin que mon ami Lio a acheté au Château de Meursault à l’issue d’une bien belle visite. Le Meursault 1er Cru 2007 du Château de Meursault provient d’après mes recherches de différentes parcelles des Charmes (Charmes-Dessus et Charmes-Dessous) et des Perrières. Alors que d’habitude tous les vignerons ayant la chance de posséder des vignes dans ces parcelles en font une cuvée distinguée, celle-ci en est un assemblage surprenant. Toujours est-il que ce vin reprend les différentes touches de ces deux climats… Le nez est plutôt pur dès l’ouverture sur l’églantine, le tilleul, la banane, la poire et la vanille. Cette complexité se retrouve dans une bouche cristalline, puissante sur des notes de miel de fleurs, de poire et de banane, avec une rétro-olfaction sur la noix fraîche et le minéral. La fin de bouche est tout aussi puissante, chaleureuse voire brutale. Le tout perd en complexité avec le temps mais gagne en profondeur : c’est ailleurs cette fin de bouche longue, minérale et sapide qui m’oriente sur un Meursault Perrières. Et maintenant que je sais que ce vin est l’assemblage de Charmes, qui lui confère cette puissance, et de Perrières qui procure une tension minérale remarquable, je lui trouve un certain sens. Néanmoins il se déstructure de façon tout à fait surprenante après quelques temps, je ne pense pas que cette bouteille affrontera le temps avec sérénité ; d’ailleurs ma dernière gorgée en est presque quelconque. Lio, qu’en as-tu pensé le jour suivant ?

Chateau Meursault

Je passerai outre le « vin » qui suit, ce vin frelaté vinifié de façon artisanale par une connaissance de Sébastien. Je dirais tout simplement que le niveau d’acidité de cette boisson frôle l’indécence et que malgré quelques notes fruitées, ce vin ressemblait plus à du détergent qu’à autre chose…
Bref revenons à une bouteille digne de ce nom avec le Chambolle-Musigny « Coeur de Pierres » 2005 de Frédéric Magnien. Cette jeune maison de négoce basée à Morey-Saint-Denis propose un assortiment pléthorique de vins de la Côte-de-Nuits dont ce village que j’ai trouvé en foire aux vins en grande surface il y a quelques années. Le nom de cette cuvée suggère des terroirs en sortie de combe et très riches en calcaire. Son nez respire l’élégance et la finesse bourguignonne avec une note aérienne de cerise griotte. Doux et prometteur au nez, il libère encore des notes de sous-bois avec des nuances de cendre, de poivre vert et de tabac blond qui suggèrent un élevage en barriques. L’attaque est soyeuse, les tannins enrobés avec un beau fruit et une prise d’acidité marquée en milieu de bouche. Comme je le pressentais la fin de bouche est boisée, même lardée avec une fond minéral palpable. C’est un vin au très joli nez mais qui porte trop l’accent sur le bois en général ; ses tannins soyeux en font une vin de plaisir qui toutefois reste très court en finale. Et puis avec un prix supérieur à 25€, c’est un peu exagéré…

Pour finir Benoit nous a proposé un vin encore jeune mais néanmoins issu des nobles coteaux de Beaune. Le Beaune 1er Cru Clos du Roi 2008 du Domaine Tollot-Beaut prend immédiatement des accents frais et gourmands de cerise en conserve, de cerise au kirsch, de cerise noire et d’amande douce. La bouche est encore en devenir mais est intense de fruits rouges avec une touche d’encre. L’acidité est fraîche, omniprésente, l’on retrouve une mâche qui suggère un vieillissement de 5 à 8 ans au moins (pour information, le Wine Spectator parle d’une apogée entre 2013 et 2024 pour ce cru). Pour l’instant ce vin doit encore se faire malgré un beau fruit et une belle touche florale en fin de bouche. La structure tannique de ce Beaune puissant n’est pas celle d’un millésime de grande garde, il convient toutefois de carafer ce vin plusieurs heures avant de le servir aujourd’hui. A regoûter dans 3 ans ? Benoit, si tu m’entends.

En somme nous avons eu affaire à quelques beaux espoirs, disons trois bons vins mais sans plus. Alors qu’à chaque autre « Soirée 20 », un ou plusieurs prétendants ont survolé les débats, on peut ressortir de cette dégustation avec quelques regrets. Il n’empêche que cette dégustation marque le début d’une nouvelle année durant laquelle, j’en suis sûr, nous allons à nouveau toucher à de grandes bouteilles et à des rapports qualité-prix défiant toute concurrence. Une fois encore en ce qui concerne les prix de ces vins, il sont bien sûr trop élevés par rapport au plaisir qu’ils nous ont procuré ce soir (le premier vin à 41€, le deuxième à 25€ et le dernier à 31€). Enfin, si la Bourgogne était devenue bon marché, ça se saurait depuis bien longtemps !

In vino veritas