In Vino Veritas

Des dimanches comme on les aime

A l’issue de ce repas si convivial en ce dimanche paisible, j’ai eu l’envie de vous relater une émotion si particulière et tout aussi paisible suite à la dégustation de deux très bons vins : Riesling Grand Cru Wiebelsberg 2001, Emile Boeckel ; Chénas 2003, Pascal Granger. Deux coups de cÅ“ur.


Alors que je viens à peine de rentrer, je croise mon petit frère frais comme un gardon avant de partir à l’assaut des terrains de foot. Je salue mes parents et me dis qu’avec un sandre sur choucroute et un filet mignon de porc en croûte, je me devais d’ouvrir deux vins qui collent avec cet instant impromptu, intime et convivial. Je fonce dans la cave et remonte instantanément deux vins dédiés de par leur composition à ce moment de plaisir partagé.

Le sandre est doux, avec quelques arêtes (vous savez celles que vous attrapez quand vous tombez sur le mauvais morceau) mais elle se marie parfaitement avec la douceur et la verve de la choucroute. Je retrouve cette verve dans le Riesling Grand Cru Wiebelsberg 2001 du Domaine Boeckel. Alors que je ressors d’une dégustation sympathique de plusieurs vins du domaine menée par Thomas Boeckel lors de la Journée des Grands Crus d’Alsace à Kientzheim (voir par ailleurs), j’ai une attente particulière de ce vin issu d’un terroir que j’adore. L’ensemble est d’une robe or déjà bien évoluée. Le nez est distingué avec des notes minérales et d’agrumes qui s’expriment avec une grande plénitude. La bouche est ample, avec une acidité encore bien présente : je m’attends à un peu plus de légèreté et de pureté. C’est la fin de bouche qui est magnifique, avec un toucher plus velouté, sur des notes de pamplemousse et de litchi et une finale profonde et longue. Je sens que ce vin est encore en pleine évolution ; et même si le conditionnement de cette demi-bouteille accélère le vieillissement de l’ensemble, je pense que ce vin à toutes les armes pour braver le temps. Ce millésime 2001 en Alsace est décidément un de mes préférés ! IVV : 89+/100.

Le filet mignon de porc en croûte appelle un vin alliant finesse et caractère. Cette belle pièce qui nous fièrement présentée par la maîtresse de maison est servie sans sauce. Le Chénas 2003 de Pascal Granger est un de ces vins juteux, généreux et distingué qui est le compagnon idéal de ces plats. Mon ami Vincent me dit souvent que si « tu manges du cochon, tu bois du Beaujolais ». Et c’est vrai que les deux font la paire. Dans de grands verres Riedel sortis pour l’occasion, ce Pinot Noir n’a rien à envier à ses grands frères de Bourgogne. Issu d’un millésime 2003 extrême, il se caractérise par des notes mûres de prune, pruneau, cerise et de terre. La bouche reprend ses arômes, et l’ensemble s’exprime avec une fraîcheur, une texture et une pureté digne d’un beau Bourgogne. Pour preuve, il reprend un peu les très belles promesses du Chambolle-Musigny Combe d’Orveau 2005 du Domaine Haegelen-Jayer bu hier soir. En somme un exemple de Gamay, avec une acidité fine, des arômes mûrs (fraise, prune), un toucher de bouche velouté et une finale longue, pulpeuse sur les petits fruits rouges. Ce vin gouleyant, généreux (süffig comme l’on dit en alsacien) est tout simplement superbe et est un exemple de vin qu’il convient d’ouvrir dans ces moments de complicité et d’amitié. IVV : 91/100.

Comme quoi il ne faut parfois pas de Pétrus ou de Romanée-Conti pour s’éclater, prendre du plaisir et associer le tout à la gastronomie. Dans un monde du vin en perte de repères qui néglige trop souvent ces vins de terroir qui offrent un réel plaisir, ces deux exemples à 10€ et 7€ sont idéaux pour nous donner un réel baume au cÅ“ur.

In vino veritas
Thomas

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