In Vino Veritas

Vendredi midi au Monde du Vin

Voici des repas d’affaires qui sont à renouveler ! Petit aperçu d’un déjeuner entre amis au Monde du Vin avec un Condrieu « Invitare » 2005 de Chapoutier, un Irancy Côte du Moutier 2002 du Domaine Colinot, et un Côtes du Ventoux « Quintessence » 2001 du Château Pesquié.


Après un mois de décembre extrêmement chargé en raison des fêtes de fin d’année, nous avons décidé de nous retrouver dès le début du mois de janvier avec mes camarades du Monde du Vin à Saint-Louis que j’apprécie tant. Pour l’occasion, Fabrice et Vincent ont préparé un repas simple et goûtu autour de trois bouteilles.

Rendez-vous à 12h30 pour un apéritif fait de tranches de saumon fumé au poivre et accompagné d’un magnifique Condrieu « Invitare » 2005 de la maison Chapoutier. D’emblée sa très belle robe or et ses jambes longues et fines nous font tourner la tête ! Le nez s’ouvre sur des notes de fleurs blanches, de tilleul et d’anis, avant que l’amande, les fruits blancs (poire blanche, pêche) puis la pâte d’amande et la crème pâtissière ne viennent accentuer le côté délicieux de l’ensemble. Un nez intense, profond et complexe laisse augurer une attaque franche avant que le tout ne gagne en volume et en volupté, sur les amandes, l’anis, la vanille. Difficile de déceler le cépage Viognier sur un ensemble aussi aguicheur, mûr et volumineux, sauf qu’il s’agit du millésime 2005, tout de même… L’arrière-bouche est plus fidèle au cépage, plus vive avec une acidité superbement intégrée qui donne de l’allonge et confère une certaine élégance en finale, sur le minéral et les fruits blancs. Complexe, riche, mais doté d’un grand équilibre, ce grand Condrieu supportera sans mal 2 années supplémentaires de garde. Un grand Bravo ! IVV : 93/100.
Je pense que ce Condrieu aura fait l’unanimité et aura mis toute l’assemblée dans le bain. Offert par Fabrice qui nous a bien sûr fait deviner sa noble origine, cet « Invitare » porte bien nom et nous ravit. Je pense que c’est assurément le meilleur Condrieu qu’il m’ait été donné. En tous cas, c’est celui qui a obtenu la meilleure note ! Michel Chapoutier a le don d’offrir des vins alliant richesse, équilibre et qui restituent le meilleur de leur terroir. Il fait sans aucun doute parti des grands vinificateurs de son époque.

Alors que la pièce de rumsteak frétille dans la poêle, je sers le vin que j’ai apporté. L’Irancy Côte du Moutier 2002 du Domaine Colinot dévoile une robe rubis clair avec quelques légers signes d’évolution. Le nez est classique, sur les fruits rouges mûrs (cerise, fraise), les baies rouges, puis les épices et quelques notes de sous-bois. En bouche, il joue dans le registre de l’élégance. L’acidité parfaitement dosée vient supporter les tannins fins de l’ensemble et lui confère un superbe équilibre. Un Bourgogne dans tout son clacissisme, dans un millésime typique pour la région. J’ai toujours autant de plaisir à goûter les Bourgognes 2002, surtout en ce moment : tout est à sa place, sans modération mais sans excès, avec un charme digne d’un grand millésime de Pinot Noir. Cet Irancy ne déroge pas à la règle : très accessible, élégant, il offre énormément de plaisir. Par ailleurs, il montre ces qualités d’accord sur une viande de boeuf sans rougir. IVV : 89/100.
Fabrice est sous le charme ! En plus, il aura profité de mes débuts d’Alzheimer pour trouver la région, le village et le millésime. En effet, je lui avais offert la même bouteille l’année dernière, qu’il a bue au courant du mois de décembre ; sa mémoire gustative a fait le reste !

Afin de pas rester sur un échec, je décide de déboucher ma deuxième bouteille. Ce vin fut rapporté par mes parents lors d’une virée dans le Lubéron. Le Château Pesquié brille par la beauté de ses installations au coeur d’un site dépaysant, par la qualité des produits vendus (que ce soit les vins ou les délicieuses huiles d’olive) et par l’accueil fait aux visiteurs par les époux Chaudière. Le Côtes du Ventoux « Quintessence » 2001 du Château Pesquié se montre d’emblée de manière beaucoup plus osée que le vin précédent ! D’une couleur grenat sombre aux reflets pourpres, il libère des arômes puissants de fruits noirs (pruneau, cassis), avec une évolution sur les herbes de Provence, la garrigue, les épices (poivre, cacao), et la truffe (?). Franc, puissant dès l’attaque, il reprend tous les arômes du nez en mettant l’accent en arrière-bouche sur la réglisse, le poivre, le goudron. Crémeux, chaleureux au palais, avec des tannins qui s’assouplissent, il offre un très belle fraîcheur en fin de bouche malgré une légère astringeance. Son potentiel de garde est impressionnant, d’ailleurs personne n’aurait opté pour un 2001. L’équilibre entre la fraîcheur, la vivacité de la Syrah (80%) et la complexité, la typicité apportées par de vieilles vignes de Grenache (20%) en font une cuvée de tout premier ordre dans l’appellation. Potentiel de garde jusqu’en 2012, voire plus. IVV : 90/100.

Nous prenons beaucoup de plaisir avec tous les vins proposés et mettons au point nos prochaines dégustations. Heureusement que j’ai eu la bonne idée de prendre une après-midi de congés car mine de rien, nous quittons la table vers 16h non sans avoir goûté au Rivesaltes grenat « Dim » de Dom Brial. Léger, digeste, avec des fines notes de prune, de fruits rouges et de chocolat, il se distingue par un corps léger mais un charme particulier. Idéal pour terminer un repas en apothéose.
Merci les amis de votre accueil si chaleureux ! Sans vouloir paraître imposant, j’ai hâte de remettre le couvert au Monde du Vin très prochainement…

In vino veritas
Thomas

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