In Vino Veritas

Victoire et défaite

Compte-rendu d’un samedi où se seront enchaînées une victoire fracassante contre l’équipe de ping de Bergheim, et une défaite frustrante, celle de l’équipe de France en demi-finale de la Coupe du Monde de rugby. Le tout entrecoupé par une belle escale avec les compagnes de joueurs à d’Brendelstub à Riquewihr, avec EZ 2005 du célèbre domaine Weinbach et le Coteaux du Languedoc « Solen » 2004 du domaine Les Aurelles.


Voici le premier compte-rendu officiel d’Afterping de cette saison 2007-2008, alors que nous avons déjà joué notre troisième match… L’explication est simple : il s’agit là seulement de notre première victoire. Une victoire amplement méritée et sans bavures, même si certains joueurs, qui se reconnaîtront, n’ont plus leur talent d’antan ! Sur le papier, le déplacement s’annonçait alléchant : un match à jouer un samedi après-midi, par un temps magnifique et dans le très beau village de Bergheim. De plus, en cette période de l’année où les feuilles du Grand Cru de l’Altenberg de Bergheim commencent à jaunir, il eût fallu sortir les tables de la salle pour profiter de ce cadre grandiose. Signalons aussi le soutien essentiel des femmes de joueurs, qui nous ont fait le plaisir de se déplacer pour venir admirer nos déhanchements et nos attaques fulgurantes. C’est toujours un plaisir de les voir parmi nous !

La victoire fut nette, 16-4, avec le point du bonus en prime. La journée avait donc commencé sous les meilleurs hospices. D’autant qu’à la fin de la rencontre, la sympathique équipe de Bergheim nous a accueilli dans son petit local pour nous servir un verre de pinot gris des plus rafraîchissants. Alors que le soleil se couche lentement derrière les ballons des Vosges, nous prenons la Route du Vin pour nous rendre à Riquewihr. L’itinéraire que nous empruntons entre ces deux villages nous fait passer au cÅ“ur du génie des vins d’Alsace : en partant du domaine Marcel Deiss, nous passons tour à tour près des domaines Kientzler et Trimbach. En distinguant au loin le petit village de Hunawihr, il me vient à l’esprit les vignobles du Clos Saint-Hune et du Clos Windsbuhl. Enfin, sur la route de Riquewihr, je ne peux m’empêcher de me remémorer les très bons repas que nous avons eus chez Maximillien à Zellenberg ou à la Table du Gourmet.

Alors que tout le monde s’emploie à trouver une place de parking autour de Riquewihr, nous nous retrouvons au restaurant d’Brendelstub. Justement, cette « winstub » des plus modernes a été créée par Jean-Luc Brendel, le chef étoilé de la Table du Gourmet, à proximité de son restaurant gastronomique, afin de faire partager au plus grand nombre ses talents de cuisinier moderne et ouvert sur le monde. Nous nous installons à la table que j’avais réservé devant le mur sur lequel sera diffusé la demi-finale de la Coupe du Monde de rugby France – Angleterre. Après un apéro mérité, nous décidons presque à l’unanimité de prendre le Menu Voyage. Au programme : Bortsch des Balkans ; Crevettes sautées Tandoori, Souskaï de mangue et soja – Saint-Jacques snackée, poppodums et houmous d’igname ; Viandes marinées et grillées baba ghanouge, roquette, sauce menthe et tortillas ; Tatin de pommes tiède, glace Carambar.

Le repas est très intéressant au niveau gustatif et fait le plaisir de tous les convives. En tentant de trouver un accompagnement à ce Tour du Monde des papilles, je m’empresse de prendre en main une carte des vins riche à la fois en surprises et en vins rares. Qui aurait pensé pouvoir dénicher dans une winstub des vins de chez Egon Müller, un Château Sociando-Mallet 1990 et des flacons rares du vignoble alsacien ? Afin de répondre à notre budget d’étudiants boursiers (!), je me tourne vers un EZ 2005 du domaine Weinbach, non sans avoir demandé à notre aimable serveuse la signification de ce sigle bizarroïde. Evidemment, il s’agit d’un Edelzwicker, avec une étiquette dans un style Weinbach un peu plus moderne. Je ne connaissais pas cette cuvée, mais il faut dire les filles Faller m’ont une fois de plus charmé. De couleur jaune or clair aux reflets brillants, il exhale au nez des arômes typiques de Muscat, de fruits blancs et de raisin croquant, de fleurs et d’épices. Le tout annonce une belle maturité. Le palais confirme cette sensation, l’ensemble est finement équilibré, frais et soyeux. L’acidité est mesurée et annonce une finale longue, quoiqu’un peu âpre. Ce vin d’entrée de gamme mérite un coup de chapeau, d’autant qu’à l’annonce d’un Edelzwicker, plusieurs membres de la table étaient méfiants. L’accompagnement avec les fruits de mer et la salade sucrée-salée se fait naturellement. IVV : 89/100.

Pour la viande, nous devions trouver un vin allant avec notre plat mais aussi avec le Poussin d’Alsace « Mechtkrazerle » aux herbes aromatiques de Yannick I et le Tournedos du gaveur au foie gras sur navets et sauce Porto de Yannick II. Après moult réflexions, ce sera un Coteaux du Languedoc « Solen » 2004 du domaine Les Aurelles. Le vin a été préalablement carafé dans une carafe magnifique en forme de cygne et servi dans de très beaux verres Schott Zwiesel. Je vois que dans ce restaurant, on ne lésine pas sur le vin. Très bonne chose du reste, puisque ce vin du Languedoc est très agréable à boire et a profité d’une petite heure d’aération. D’un rubis foncé aux reflets violets et noirs, il se montre épanoui au nez, avec des notes typiques de fruits noirs et de réglisse, avec une petite pointe de poivre blanc. Egalement soyeux au palais, il se montre très facile à boire même s’il manque quelque peu d’originalité. La finale est moyennement longue et sur le fruit noir. Un vin bien fait mais sans surprises. IVV : 86/100.

La surprise aura lieu lors du match diffusé sur la façade intérieure du restaurant. Alors que nous sommes en peine dégustation du plat de résistance, les Anglais n’ont même pas la politesse d’attendre la fin du repas pour nous marquer un essai des plus réalistes. Typiquement British ! La suite ne sera qu’un enchaînement de coups de pied dans lequel le XV de la Rose a eu visiblement plus de métier que la XV de France. Au final, la déception est grande, heureusement que nous avons pu nous remonter le moral en goûtant à cette excellente Tarte Tatin rehaussée d’un Glace Carambar des plus réussies.

Alors que Yannick II est parti prématurément, Catherine et Michel nous quittent à leur tour avec leur petit bambin encore tout effrayé par la torpeur qui entoure ce match très stressant. Dès le coup de sifflet final, les mines déconfites, nous quittons ce lieu en n’oubliant pas de nous rappeler de son charme et son originalité. Le Menu Voyage fut très bon, avec un rapport qualité/prix plus qu’intéressant, et un service des plus corrects. Je vous le conseille vivement.

Au cours de nos retrouvailles dans ce cadre moderne et raffiné, nous en avons bien sûr profité pour mettre au point nos prochaines dégustations, avec en point d’orgue la Saint-Nicolas, le repas de Noël et enfin le repas de la promotion de Yannick II. Quel programme ! Mon petit doigt me dit que vous en entendrez parler très très vite…

A bientôt sur in-vino-veritas.fr
Thomas

Quitter la version mobile