In Vino Veritas

Belle journée d’hiver

Après un déjeuner plein d’émotions chez l’étoilé Il Cortile à Mulhouse avec quelques belles compositions aux mille accents italiens, nous sommes invités le soir chez mes amis Lio et Célia pour une soirée fromages agrémentée de plusieurs grands classiques : Champagne Brut L.P., Laurent Perrier ; Château Gruaud-Larose 1990, 2ème Cru Classé de Saint-Julien ; Gewürztraminer Grand Cru Zinnkoepfle Vendanges Tardives 2005, José Ebelmann.


Il y a des jours comme celui-ci où chaque seconde est haletante. A peine réveillé de mon Afterping tardive du vendredi qui avait prise des tournures abracadabrantesques que je rejoins mon rendez-vous du samedi midi. Nous prenons la route avec une vieille connaissance pour une destination inconnue. Après moult détours, j’ai le plaisir d’être convié à la table de l’étoilé mulhousien Il Cortile. C’est la troisième fois que nous allons dans ce restaurant. L’on dit généralement qu’une personne puisse se faire un avis légitime quant à la qualité d’un restaurant au bout de trois visites. Après un immense plaisir lors de ma 1ère visite suivie d’une relative déception lors de mon deuxième repas, celui-ci s’avère comme étant le rendez vous décisif ! Et force est de constater que le repas fut très satisfaisant, que ce soit les cuissons, l’originalité des plats ou encore le service. Je suis en fait assez content que les restaurants étoilés en France n’offrent pas tous de la gastronomie française, ce qui démontre que nous nous détachons peut-être un peu de notre tendance chauviniste si réductrice. D’ailleurs je crois que cette tendance est aussi suivie par le Guide Michelin comme par exemple en Alsace (Unami à Strasbourg ou encore Il Cortile à Mulhouse). Car ce dernier mérite son étoile sur ce que j’ai vu, senti et goûté en ce jour.

Le cours de l’après-midi nous emmène au 1er Salon Vin et Tourisme de Mulhouse. L’association peut paraître biscornue, il fallait certainement combiner deux thèmes (qui n’allaient pas du tout ensemble) pour remplir le Parc des Expositions ! Toujours est-il que j’ai pu y faire de belles rencontres. Tout d’abord revoir une de mes idoles de la cuisine à savoir le grand Emile Jung pour qui j’ai eu la chance de travailler à l’époque du grand Crocodile à Strasbourg, mais aussi rencontrer la famille du Domaine Paul Buecher et en particulier le jovial Jean-Marc. Depuis la mort du patriarche en novembre dernier, le domaine continue sur sa lancée et sa dynamique croissante. J’ai souvent fait l’éloge de cette famille soudée qui produit des vins de grande qualité à des prix modestes (voir ici le commentaire du superbe Riesling Grand Cru Brand 2000 – 10€). Aujourd’hui encore la gamme de ce domaine se situe entre 5€ et 13€ pour les Grands Crus avec des niveaux de qualité sans cesse croissants qui, selon la presse spécialisée, sont à mettre au crédit de Jérôme le petit dernier. Et tout est bon : le Crémant, le Pinot blanc, bien sûr les grands crus avec en particulier un Gewürztraminer Grand Cru Hengst 2007 à se pâmer, et enfin le tout nouveau Pinot Gris Gottesthal 2009. Ce petit vignoble historique, le plus au Sud d’Alsace mêle à la fois un fruité exotique et une fraîcheur rafraichissante qui en font un compagnon idéal pour un accord gastronomique ou pour lui-même. Je vous recommande vivement de vous arrêter au domaine lors de votre prochain passage à Wettolsheim.

Nous rentrons ensuite dans le Sundgau et après s’être dit au revoir avec ma chère Jess, j’ai le plaisir de rejoindre mes amis Lio et Célia pour une soirée trépidante. Tout d’abord pour leur présenter avec joie ma belle Audrey et aussi pour qu’il me fasse le privilège de me nommer parrain de leur prochain petit garçon. Il fallait donc fêter tout cela ! Quoi de mieux qu’un copieux apéro aux accents italiens (décidément !) avec en accompagnement l’incontournable Champagne Brut L.P. de la maison Laurent Perrier, toujours un de mes Champagnes de grande marque favori et ensuite un plateau de fromage de Maître Antony qu’Audrey a dévoré du regard… D’abord le Château Gruaud-Larose 1990, 2ème Cru Classé de Saint-Julien a tenu son rang. Son nez de champignon, d’humus, de tabac et de café, aux accents de prune et de bois noble a su rester frais grâce à cette touche de menthol délicate. Son entrée en bouche soyeuse contraste rapidement avec une dimension et une puissance amère d’un grand Bordeaux. C’est assurément un vin d’homme (60% de Cabernet Sauvignon) ! Ses tannins sont malgré tout résolus et dévoilent des notes boisées légères qui supportent un fruité mûr (fraise, cerise) et en font un vin noble caractéristique de Saint-Julien (Yannick aurait adoré…). Sa longueur chaleureuse et sa persistance prolongent le plaisir que procure ce vin dans la fleur de l’âge. La signature d’un grand Château sur un terroir noble dans un millésime historique. Bien vu ! IVV : 92/100.
En prolongement de cette superbe bouteille, un autre grand vin classique, d’Alsace cette fois, vient compléter cette soirée conviviale et riche en émotions. Il s’agit d’un Gewürztraminer Grand Cru Zinnkoepfle Vendanges Tardives 2005 de José Ebelmann, un ami de la famille établi au pied du célèbre Zinnkoepfle à Soultzmatt. Quel plaisir sur les fromages à pâte persillée comme ce Stilton ! Il ne vous suffit que de laisser fondre un peu de ce fromage sur le palais pour que ce moelleux d’Alsace embaume le tout et vous transporte dans la dimension des accords de rêve. Ce Gewurztraminer fruité aux accents de mirabelle, de coing, de fruits exotiques, d’agrumes avec une évolution subtile sur le miel et la fleur de rose se montre velouté en bouche. L’évolution est fraîche et légèrement amère, avec un fruité soyeux. La finale se prolonge de manière ensoleillée avec une trame minérale qui atteste du grand terroir duquel cette VT est issue. Comme d’habitude les VT et SGN du Zinnkoepfle produites par José touchent à l’excellence. IVV : 88/100.

Et c’est avec ces deux bouteilles que nous terminons la soirée. Lio c’est promis, nous ouvrirons la troisième bouteille la prochaine fois pour baptiser ton petit Gauthier tout en espérant qu’il suivra la passion partagée de son père et de son parrain.
Ce 28 janvier restera pour moi une journée aux multiples émotions…

In vino veritas
Thomas

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