In Vino Veritas

Domaine Cosse-Maisonneuve, la perle de Cahors

C’est l’heure de la reprise pour les Avinturiers pour la prochaine saison qui s’annonce des plus palpitantes. Nous commençons cette nouvelle année avec la découverte de la gamme de la perle de Cahors, le Domaine Cosse-Maisonneuve. Lors de cette séance 8 vins seront présentés parmi lesquels des vins de pays du Quercy étonnants, faits à partir de cépages inédits pour la région (comme le Gamay ou le Cabernet Franc par exemple) puis en finissant par une superbe série de Cahors qui se terminera par le Cahors La Marguerite 2011, produit à 600 cols seulement…

 

La fin de l’été a beau déprimer tous les adeptes du bronzage, il a l’avantage d’offrir des meilleures conditions à la dégustation de vin ! Rien de mieux pour motiver tous les membres des Avinturiers, cette association de dégustateurs indépendants créée par quelques amis il y a un an maintenant. Depuis la première soirée à la Grange de Marie-Jo, dont vous retrouverez le commentaire ici, nous avons eu le privilège de recevoir quelques grands vignerons (entre autres Christian Beyer pour le Domaine Emile Beyer, Raymond Paccot pour le Domaine la Colombe, Jean-Marc de Crozals pour le Domaine des Homs) pour partager au mieux notre passion du vin.

C’est avec enthousiasme que nous entamons cette nouvelle saison avec quatre nouveaux membres et des idées plein la tête. Nous partons cette fois-ci à la découverte d’un vignoble du Sud-Ouest, autour de la belle ville de Cahors. Le Domaine Cosse-Maisonneuve y est implanté depuis 1999 et a produit ses vins dès ses débuts en suivant les principes strictes d’une culture respectueuse de la nature. Matthieu Cosse et Catherine Maisonneuve sont à la tête de 18ha de vignes, dont 12ha sur l’appellation Cahors. Le reste de la production est vendu sous l’appellation Vin de Table de France (quelle bêtise !) car il ne se soumet pas aux règles des AOC qui suggèrent la présence du cépage roi de la région, le Malbec.

J’avais déjà eu la chance de rapidement goûter quelques vins de la gamme du Domaine Cosse-Maisonneuve lors de la dernière dégustation exceptionnelle du groupe de vignerons Les Gobeloteurs en Suisse (voir par ailleurs). Même en toute fin de journée j’avais été enchanté par la justesse et la fraîcheur de ces vins. Qu’adviendra-t-il de cette série ?

Nous débutons cette soirée au Restaurant Au Canon d’Or, notre Quartier General, par trois Vins de Table de France (excusez mon vocabulaire barbare pour qualifier ces très belles interprétations de cépages). « Sans Chichi » 2010, Vin de Table de France lance la soirée. Cet assemblage de Malbec et de Merlot (60%-40%) issu d’un terroir calcaire a passé 12 mois en cuve ciment et se montre actuellement sous son meilleur jour. D’une robe grenat foncé il propose un nez profond avec un fruit noir relevé de végétal, de métal et une note sauvage. En bouche il porte parfaitement son nom : la matière est là, les tannins aussi mais l’ensemble se distingue surtout par sa superbe fraîcheur. Sans chichi, sans défaut et surtout bien fait, il se termine chaleureusement en se parant de réglisse. Miam !
« Abstèmes s’abstenir » 2010, Vin de Table de France crée la sensation car il est issu de Gamay à 100%. Imaginez vous le travail draconien dans les vignes et en cave pour contenir ce cépage nordique et en extraire la substantifique moëlle dans une région où les températures grimpent bien plus vite qu’en Beaujolais… Issu de rendements de 20hL/ha et élevé en barriques, il se montre assez animal pour commencer avec des notes de cuir, de prune et de chien mouillé. Je retrouve des notes métalliques à l’aération. La bouche quant à elle a réussi le pari d’offrir un vin frais, aux tannins sapides qui colle parfaitement au cépage. Elégant, souple, sa finale profonde, longue et finement crayeuse nous démontre toute l’importance de ce terroir du Quercy pour conférer fraîcheur et élégance à ce vin étonnant.

Nous faisons un petit intermède aux vins du Quercy pour goûter à la première expression de Cahors et de son cépage roi, le Malbec – parfois aussi appelé le Côt, avec le Cahors « Le Combal » 2008. L’entrée de gamme du domaine si je peux m’exprimer ainsi, car avec 6 ans d’âge ce superbe vin à développé une superbe complexité, faite de mûre et de poivre blanc au nez, mêlée à une profondeur et une élégance singulières. La bouche est une fois de plus d’une grande fraîcheur, elle supporte une juste maturité des tannins et une matière élégante qui se pare de notes florales, de fruit noir et de plantes médicinales. La finale regagne en puissance et se veut longue, avec une touche cacaotée gourmande. Un exemple de Cahors à tout juste 10€ à la propriété. A coup sûr l’affaire de la soirée…

« Carmenet » 2010, Vin de Table de France nous replonge au coeur des vins de cépage. Une fois de plus issu d’un cépage original pour le Sud-Ouest, ce 100% Cabernet Franc provient d’un sol argilo-calcaire et de rendements minuscules de 20hL/ha… Vinifié en cuve inox puis passé en barriques il en résulte un ensemble complexe au nez avec avant tout une grande maturité de fruit rehaussée de fines touches végétales (menthol, herbes). L’attaque en bouche est sanguine et gourmande. Elle met au jour un jus encore jeune mais rempli de promesses car doté d’une excellente maturité, d’un superbe équilibre et d’une matière pulpeuse (cerise noire). Le tout finit avec classe et vous séduira avec certitude d’ici 1 à 3 ans…

Le Cahors « La Fage » 2010 nous fait entrer dans la dernière ligne droite de cette découverte des vignobles de Cahors. Comme vous pouvez le voir ci-dessus cette vue aérienne d’une partie du vignoble met en avant les différentes terrasses sur lesquelles grandissent ces Malbecs. La Fage est issu d’un sol argilo-graveleux de 3è terrasse c’est-à-dire des hautes terres plus en altitude. Elevé en barriques pendant 14 mois il porte encore la trace de son élevage au nez à ce stade, le tout est cependant bien enrobé autour de notes d’amande, de café torréfié et d’encre. La bouche s’exprime magnifiquement sur le fruit noir et l’équilibre de l’ensemble est tout juste magnifique. L’élevage confère à ce vin toutes ses caractéristiques veloutées et se fond très bien au palais. Mais n’oublions pas cette acidité tranchante qui allonge le tout et le rend extrêmement digeste.

Nous montons encore en gamme avec le grandiose Cahors « Les Laquets » 2011. Sur un terroir d’argiles rouges sur le plateau de Cahors, ce Malbec est récolté à environ 30hL/ha et vinifié en vendange entière. S’en suivent 18 à 22 mois d’élevage en barriques neuves et d’un vin. Le fruit noir prédomine au nez et est subtilement enrobé par l’élevage pour procurer un ensemble olfactif d’une finesse et d’une élégance incomparables. Et que dire de ce nectar absolument sublime en bouche ? La myrtille, la mûre, la cerise et des fines notes cendrées persistent, la justesse de l’élevage et des tannins fondants traduisent un vin d’une élégance superbe. La finale est profonde, longue et fraîche. Pour moi c’est un must, d’ailleurs il a longtemps été le fleuron de la gamme de ses deux vignerons avant la Marguerite !
Alors comment ce dernier vin se compare-t-il par rapport à la star de cette soirée, le Cahors « La Marguerite » 2011 qui est un sélection parcellaire faite par Matthieu Cosse et Catherine Maisonneuve ? La puissance de ce vin est sans équivoque : le nez se montre extrêmement concentré avec un fruit intense qui reprend la mûre, la cerise pulpeuse avec des notes minérales et cendrées. L’attaque en bouche est soyeuse mais dissimule une boule de puissance encore plus concentrée que les Laquets ! Le tout est cependant associé à la vitalité des vins du domaine qui est apportée par la pureté du fruit (sur la mûre rehaussée de café et de zan) et l’équilibre des tannins encore présents. Il sera au top de l’appellation dans 5 à 7 ans, quand cette boule de nerfs se sera assagie, et libèrera tout le potentiel et la minéralité de ces grands terroirs du Sud-Ouest ! Cependant à ce stade il se montre déjà bien plus élégant et moins tape-à-l’oeil que le Cahors « Le Cèdre » 2005 du Château du Cèdre que Jean-Michel a osé placer en concurrent. Un modèle du genre que nous avons dégusté bien trop tôt ! Et dire qu’il en reste au maximum 599…

La Marguerite, à l’image de toute la gamme de Matthieu Cosse et Catherine Maisonneuve, est donc l’incarnation parfaite des vins de ce domaine phare du Sud-Ouest. L’énergie, la pureté du fruit ainsi que l’équilibre frais et digeste de tous les vins du domaine est des plus abouties ! La culture biologique et biodynamique sur la majorité du vignoble depuis la création de la propriété en 1999 en est certainement pour quelque chose… En effet tous les vins dégustés semblent extraire la quintessence de leurs terroirs distinctifs, c’est pourquoi ils se placent plus haut que bien d’autres Cahors que j’ai pu goûter jusqu’alors, à quelques exceptions près. Il est donc incontestable que ces deux oenologues de formation soient à féliciter car ils ont su insuffler une âme toute particulière à leurs vins et ce, pour le plus grand plaisir de tous ! Bravo Catherine, bravo Matthieu, et merci à notre maître de cérémonie, Jean-Michel, pour l’organisation et l’animation de cette soirée de reprise… Vivement la prochaine !

Domaine Cosse-Maisonneuve, « Les Beraudies », F-46700 Lacapelle Cabanac
Tél. +33 (0)6.78.79.57.10, cossemaisonneuve@orange.fr

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