Passée une petite pause après la première revue des vins blancs de Bourgogne 2012 chez l’importateur Martel à Saint-Gall, nous attaquons les vins rouges la fleur au fusil ! Comme dit en introduction tous les vins n’ont pas été au meileur de leur forme, logique à ce stade précoce de leur évolution, c’est pourquoi je ne ferais ici que le commentaire de nos coups de coeur.
Nous remontons la Côte de Beaune pour déguster une très belle série au Domaine Tollot-Beaut à Chorey-lès-Beaune. Depuis 1880 cette famille n’a cessé de développer une culture de la qualité ; son style très singulier se concentre sur la production de vins purs, fidèles à leur terroir et taillés pour la garde. Aujourd’hui Nathalie Tollot poursuit cette mission. D’ailleurs nous ne pouvons que confirmer ce superbe exercice de style avec la dégustation de la gamme sur l’année 2012.
Autant les vins blancs de Lucien Le Moine nous ont procurés du plaisir (voir par ailleurs), autant les vins rouges montraient trop de richesse et d’extraction à mon goût. Les élevages longs pratiqués par Mounir Saouma en sont certainement pour quelque chose… Dommage car que ce soit le Volnay 1er Cru Caillerets 2012, le Pommard 1er Cru La Chanière 2012 ou encore le Chambolle-Musigny 1er Cru Les Groseilles 2012 ont beaucoup de fond et des finales d’une belle subtilité, autant ils sont un peu trop remplis et trop riches en bouche.
Près de 6 mois après les Grands Jours de Bourgogne il était temps de reprendre rendez-vous avec les 2012 du Domaine Confuron-Cotétidot (voir ici le compte-rendu initial de cette première dégustation). Stars montantes de la Côte de Nuits les frères Confuron ont fait leurs gammes dans quelques grands domaine de la région (Domaine de Courcel à Pommard pour l’un, Château de la Tour à Vougeot pour l’autre) et sont aujourd’hui sollicitées de toutes parts par la presse et les amateurs. Cependant comme vous avez pu le lire je n’avais pas été transporté par les vins proposés issus du millésime 2012. Cette fois-ci le Chambolle-Musigny 2012 impose sa matière, sa concentration et sa maturité sur un fond végétal et racinaire. Fougueux et encore dur dans l’expression en raison de tannins serrés, il devra attendre même si le tout affirme sa belle fraîcheur en fin de bouche. Le Vosne-Romanée 2012 se pare de petits fruits noirs (myrtille, mûre) avec des touches végétales. La bouche n’atteint pas la maturité souhaitée à mon goût à moins que les tannins, encore rugueux à ce stade, ne doivent encore s’arrondir… Encore une fois, sans conviction ! Nous passons à un niveau plus élevé avec le Vosne-Romanée 1er Cru Les Suchots 2012 issu de plusieurs parcelles de vieilles vignes dans ce climat très réputé du village car pris en sandwich entre la Romanée-Saint-Vivant et les Grands Echezeaux. Son nez prometteur annonce les fleurs fanées, la cerise confite et la rafle mûre, témoin de la vendange entière qui fait la particularité de ce domaine. La fraîcheur de la bouche est remarquable et joue sur les fruits noirs. Les tannins sont encore serrés, presque décapants mais voici un beau candidat pour la garde. Son équilibre se fera de la plus belle des manières. Enfin l’Echezeaux Grand Cru 2012 annonce un nez pulpeux, juteux et mûr de fruit noir avec une élégance toute particulière. L’attaque en bouche est serrée, tannique et est encore dominée par l’élevage. Il s’est vraiment refermé depuis ma dernière dégustation et est difficile à comprendre à ce stade. Le tout doit évidemment se fondre même si la finale annonce de belles promesses (menthol, réglisse). Je pense qu’il sera digne de son statut à long terme. Alors soyez patients !
La dernière table de cette dégustation met aux prises quatre styles emblématiques de la Côte de Nuits, quatre grands vignerons mondialement réputés : Christophe Roumier et son Chambolle-Musigny 2012 et dans l’ordre Laurent Ponsot, Christophe Perrot-Minot et Jean-Louis Trapet avec trois interprétations du Gevrey-Chambertin 2012.
Tout d’abord nous nous mesurons au Chambolle-Musigny 2012 du Domaine Georges Roumier. Ses tons de cacao, de réglisse et de fruits noirs sont d’une grande pureté, son style d’élevage se veut plutôt raffiné et bien habillé telle l’égérie d’un défilé de mode. Ce superbe Chambolle plein et mûr se révèle déjà bien au palais. Sa profondeur et sa pureté de fruit sont exemplaires : la framboise, la cerise noire et le cacao s’expriment et rendent le tout déjà approchable à ce stade. En fin de bouche se conclut tout en fraîcheur et en minéralité.
Les trois Gevrey-Chambertin 2012 présentés ici sont tous des exercices de style : pour commencer le Gevrey-Chambertin « Cuvée de l’Abeille » 2012 du Domaine Ponsot exibe une robe rubis claire ainsi qu’un nez pur, fringuant et gorgé de groseille, de frmaboise et de fraise. Le style de ce vin est singulier et se poursuit en bouche avec complexité et netteté : l’orange sanguine, les petits fruits rouges sont infusés avec une pureté et une légèreté envoutantes. Flatteur et surprenant, unique ! Face à cette Cuvée de l’Abeille le Domaine Trapet offre un Gevrey-Chambertin 2012 floral, profond et tout en dentelle. Sa bouche fruitée, pure et distinguée joue dans un registre plus mûr mais sans excès. Il est doté d’une grande précision d’orfèvre et présente une qualité incroyable pour un vin d’entrée de gamme. Au passage nous avons eu la chance de goûter le Gevrey-Chambertin 1er Cru 2012 du Domaine Trapet déjà plus animal et plus concentré que son acolyte. La bouche pulpeuse et portée par une matière digne d’un 1er Cru n’est qu’équilibre et noblesse. Il se gardera sans doute très bien et s’impose d’ores et déjà comme un digne représentant de la grande Bourgogne que tout le monde réclame ! En un mot, la classe ! (Et pour vous donner l’eau à la bouche, vous pourrez lire ici le commentaire d’un vin inoubliable que nous avons goûté il y a quelques mois, le Chambertin Grand Cru 2012 du Domaine Trapet. Un des plus grands, tout simplement !)
Nous arrivons au terme de cet après-midi de plaisir avec le Gevrey-Chambertin 2012 du Domaine Perrot-Minot qui fut pour tout le monde un des coups de coeur de cette journée. Son fruit noir, empreint de concentration et de fraîcheur se déguste déjà très bien à ce stade. Son équilibre est remarquable, son côté digeste et sa longueur sont impressionnants. Et ce n’est que l’entrée de gamme ! Malheureusement nous n’aurons pas la chance de pouvoir poursuivre cette série qui présentait d’autres joyaux de la gamme comme le Nuits-Saint-Georges 1er Cru La Richemone, quelques superbes crus de Morey-Saint-Denis ou encore le Charmes-Chambertin Grand Cru 2012 du domaine : notre train était déjà en gare !
In vino veritas