Invité chez mes amis Célia et Lio, nous profitons d’un des rares soirs d’été pour refaire le monde autour d’un barbecue et de plusieurs bouteilles : Hermitage Chante-Alouette 2000, Michel Chapoutier ; Château de Léoube 2005, Côtes de Provence ; Château Figeac 1996, Premier Grand Cru Classé de Saint-Emilion ; Maury 2003, La Coume du Roy.
Je quitte le boulot en ce beau vendredi après une semaine bien éprouvante à tous les niveaux. Je me réjouis donc de partir en vacances pour une semaine après plusieurs jours d’une chaleur suffocante et une température de 34°C dans les bureaux. Quoi de plus beau que de fêter ce moment en compagnie de mon couple d’amis Lio et Célia. D’autant qu’en marge du travail, les temps sont bien durs en ce moment. Je rentre vite fait me changer et je remplis ma glacière de plusieurs bouteilles bien conservées au frais lors de la journée…
C’est avec grand plaisir que je retrouve mes amis en chair et en os, après tant d’évènements et de discussions téléphoniques. Nous nous installons sur la terrasse et observons le soleil se coucher peu à peu. Je me permets d’ouvrir la première bouteille après avoir laissé le choix à Lio entre deux bouteilles d’apéritif dont cet Hermitage Chante-Alouette 2000 du célèbre Michel Chapoutier. De couleur jaune pâle aux tons anis, il est tout d’abord plutôt discret au nez, arborant des notes de vanille, de chèvrefeuille, de coing et de poire mûrs, de noix puis de sous-bois et légèrement de truffe blanche. J’admire toujours autant la pureté, la profondeur et la complexité des vins de ce producteur qui, selon moi, permettent de le reconnaître entre mille. En bouche, le vin se démarque par sa générosité et son gras mais tout en gardant une minéralité sous-jacente. Personnellement, je pense qu’il aurait eu besoin d’une préparation préalable, ce qui montre bel et bien que je l’ai sous-estimé. Robert Parker lui accorde 91 points, je pense que ce vin puisse atteindre ce score après un certain passage en carafe. Quoi qu’il en soit, Lio me remercie d’avoir apporté un blanc de la vallée du Rhône car il n’a pas l’habitude d’en boire. Et une fois de plus, la patte Chapoutier a conféré à ce vin 100% Marsanne une complexité et une pureté remarquables. Il offre une belle entrée en matière à toute la gamme d’Ermitage parcellaires exceptionnels du domaine et surtout à cette soirée entre amis. IVV: 89+/100
Nous entamons le BBQ avec une pièce de rumsteak excellente. Lio a coutume de dire qu’il n’aime pas le vin rosé, alors j’ai essayé de mon côté de le faire adhérer à ce Château de Léoube 2005, Côtes de Provence. Et bien que j’ai comme toujours apprécié le rosé issu de ce domaine, je n’y suis pas parvenu. Pourtant ce vin à la robe rosée (forcément !) aux nuances plus orangées qui attestent de ses 4 ans déjà se distingue toujours encore par un croquant remarquable tout en ayant une belle matière de fruits rouges, de cerises blanches et de cassis. Précis, long en bouche et finement minéral en finale, ce vin est un exemple de ce qui se fait de mieux en Provence. Cependant, je pense que la couleur du vin a fortement conditionné le jugement de mes amis. Pour y remédier lors d’une prochaine dégustation, j’ai déjà un plan sans faille… IVV: 87/100.
A la fin du repas, nous rentrons pour la dégustation du Château Figeac 1996, Premier Grand Cru Classé de Saint-Emilion que Lio a le plaisir d’ouvrir en accompagnement d’un plateau de fromages. L’amateur de vins de Bordeaux qu’il est a raison quand il dit que Château Figeac représente un grand nom du village, derrière les deux indéniables Premiers que sont Ausone et Cheval Blanc tout d’abord, et Château Angélus ensuite. Force est de constater qu’après un nez prometteur de vieux Merlot (vanille, caramel, fruits rouges, tabac blond, terre) il ne confirme pas son pedigree en bouche. Le fruit est sensiblement en retrait et le tout se démarque par une acidité certaine qui n’arrive pas à balancer la faiblesse du fruit. La longueur n’est elle pas non plus remarquable ; je pense que l’extraction du fruit est insuffisante par rapport à toutes les qualités intrinsèques d’un très beau millésime comme 1996 à Bordeaux (peut-être plus réussi en Médoc qu’en Libournais il est vrai). Il n’empêche que l’on reste un peu sur sa fin pour un vin d’un tel prix et issu d’un tel terroir. De plus, il difficile de dire qu’un tel vin ne puisse pas assumer une fenêtre de dégustation d’au moins 15 ans. Dommage ! IVV : 84/100.
Pour terminer en beauté, Lio m’ouvre un vin qu’il apprécie particulièrement à savoir un Maury 2003 de la Coume du Roy. Ce domaine m’était inconnu jusqu’alors mais je dois dire que ce vin m’a énormément bluffé. Bien au-dessus de Mas Amiel lors de sa dernière dégustation de Maury et bien meilleur marché (12,50 € les 50cL), Lio m’avait prévenu. Accompagné d’un moelleux au chocolat, ce Grenache noir est royal. De couleur grenat noir impénétrable, le nez se distingue par une maturité sur fond de cerise noire, de mûre, de cassis et d’épices associé à une fraîcheur in-croy-able ! Quel vin séduisant, comme je les aime. En bouche, le tout est croquant, soyeux, mûr, et joue sur la cerise griotte et les arômes du nez. Certes c’est un vin puissant, riche, mais il se caractérise par une finale longue et fraîche. Quel plaisir, la preuve c’est que j’en redemande… Une magnifique découverte, assurément le vin de la soirée. Lors de mes recherches à la suite de la dégustation de ce Maury, j’ai pu constater que plusieurs autres experts sont unanimes quant à la qualité de ce vin exceptionnel (voir commentaire du Guide Hachette 2008 ici). Comme quoi… IVV : 92/100.
Célia et Lio, un grand merci pour cette découverte en or et plus généralement pour cette superbe soirée entre amis. Rien de tel que votre réconfort, votre soutien et votre amitié pour surmonter ces temps difficiles.
In vino veritas