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Soirée 20 du Sud

Par 25 mai 2013Non classé

Nouveau rendez-vous entre amis, cette fois chez Sébastien, pour participer à une Soirée 20 du Sud. Ce qui est bien avec ce thème, c’est qu’il laisse beaucoup de liberté quant au choix des bouteilles, puisque finalement chaque appellation est au Sud de quelque chose… Jugez plutôt : Bourgogne Hautes Côtes de Beaune 2009, Domaine Naudin-Ferrand ; Vin de Pays des Côtes Catalanes « Fleur de Cailloux » 2010, Jean-Philippe Padié ; Bellet 1991, Jean Bagnis et Fils ; Vacqueyras « Carmin Brillant » 2010, Clos de Caveau.

 

Ce printemps pourri à au moins l’avantage de nous donner des conditions idéales à la dégustation de vin ! D’autant plus dans la maison alsacienne de mon ami Sébastien, chez qui le climat est pour le moins tempéré… Après un dimanche de travaux pour refaire sa salle de bains, Audrey et moi l’aidons à préparer les quelques tapas originaux qui accompagneront les vins du Sud présentés ce soir. Les autres invités arrivent tous ensemble avec un Lionel à la mine déjà légèrement éreintée par ses exploits du dimanche midi. Nous y reviendrons.

Soirée 20 du Sud

En attendant de débuter avec les vrais vins du Sud, notre hôte nous propose de regoûter un vin que nous avions découvert en février dernier lors d’un thème de la FCVF (voir par ailleurs), à savoir le Bourgogne Hautes Côtes de Beaune 2009 du Domaine Naudin-Ferrand. Sa robe dorée légère précède un nez fruité et ouvert sur la groseille à maquereau, la pomme golden et la poire. L’évolution est légèrement fumée avec des accents citronnés discrets. En bouche il est plutôt souple à l’attaque et reprend les fruits blancs déjà décelés au nez avec une certaine expressivité. L’acidité en bouche est bien établie et annonce une finale profonde aux accents de poire. Le tout se termine sur une belle touche sapide. 80% de Chardonnay et 20% de Pinot blanc composent ce bon vin d’apéritif qui se négocie vers 10€ la bouteille. Néanmoins je trouve qu’il lui manque un « je ne sais quoi » pour le rendre très bon.

Place au vrai thème maintenant ! Le repas expérimental se compose d’une belle tortilla faite par mes soins et d’amuse-bouches en tout genre. Nous débutons par un de mes vins préférés du moment : le Vin de Pays des Côtes Catalanes « Fleur de Cailloux » 2010 de Jean-Philippe Padié est un vin de plaisir absolu. Je vous en avais déjà parlé après l’avoir dégusté l’année dernière en présence du vigneron (voir ici), depuis beaucoup de bouteilles de ce type ont été englouties ! Ce vin bio a un nez de vin bio : ceux qui en goûtent régulièrement savent de quoi je veux parler… Il exprime son terroir marno-calcaire très accidenté et nous fait voyager avec des arômes d’herbes fraîches, de cendre et de pomme verte. L’entrée de bouche est vive puis le tout se développe au palais avec des accents minéraux et citronnés pour enfin révéler la Granny Smith. Cet assemblage de Grenache blanc, gris et Maccabeu développe une belle expression aromatique (pomme, estragon) mais c’est surtout cette dimension de terroir qui le caractérise : la finale est riche, chaleureuse mais aussi saline, ce qui accentue sa longueur et sa fraîcheur. Très bien. Si vous êtes à la recherche du blanc de votre été, le voici ! Il se boira tout seul mais aussi sur tous types de fruits de mer.

Place aux vins rouges avec ce Bellet 1991 de Jean Bagnis et Fils. Quelle surprise de goûter un vin si rare, d’autant plus quand nous découvrons l’histoire qui a amené cette bouteille sur notre table ce soir. En effet Lionel n’a remarqué que très tard dans la journée que la Soirée 20 avait pour thème les vins du Sud. Etant coincé au Restaurant il n’a pas trouvé d’autre possibilité que d’exposer son dilemme à un patron amoureux de vins et espérer qu’il veuille bien lui vendre une bouteille. Problème : cet amateur qu’est le patron de l’Auberge de Phaffans n’avait rien de spécial à lui proposer pour ce thème. C’est alors qu’il disparaît dans sa cave personnelle pour lui ramener cette bouteille venue d’un autre temps, au format digne des plus belles quilles du Cellier des Dauphins et qui plus est d’une appellation inconnue ! Je ne vous explique pas la tête étonnée de son propriétaire éphémère quand il découvre sa couleur rouge rubis plutôt trouble et claire. Nous sommes nous aussi surpris par son nez encore marqué par le fruit mûr, le bois et le cuir qui le rapproche d’un Pinot Noir. Seulement des accents mentholés sèment le doute quant à sa provenance. Ce vin issu d’un très petite appellation (650ha dont 50ha cultivés à ce jour), intégralement située sur la commune de Nice, est composé de Folle Noire, de Grenache et de Cinsault. Il est certes évolué au palais mais a encore une belle matière, les tannins sont fondus et la cerise se mêle aux fruits mûrs. La puissance est compensée par l’élégance de l’âge : il est relativement court en fin de bouche, ainsi que marqué par un léger caractère asséchant. Quoi qu’il en soit il est encore plutôt vivace, nous a procuré beaucoup de plaisir et a raconté une histoire cocasse. Merci Lio !

Pour finir nous avons affaire à un jeune fougueux avec le Vacqueyras « Carmin Brillant » 2010 du Clos de Caveau. Carafé 3h à l’avance par notre ami Yannick il exhibe avec fierté sa couleur grenat profonde et opaque ainsi que ses biscotos sur les parois du verre. Le nez est riche, sur la cerise noire, la mûre puis des évolutions balsamiques, de violette et de tabac. Certains le trouvent alcooleux, je pense qu’il lui faut encore du temps dans le verre pour se faire. Très puissant en bouche il mêle les fruits noirs à la cerise au kirsch. L’alcool est un peu trop présent au départ mais ce vin se prolonge longuement. Il semble un peu surfait, à la Robert Parker, cependant la finale est plutôt profonde et typée. Après 1h dans le verre le tout s’assagit et met au grand jour toutes ses qualités et une finale de caractère. Malgré un carafage précoce il est encore bien trop jeune à ce stade. Mais je veux bien parier sur un très beau vin d’ici 4 à 5 ans.

Nous terminons cette belle soirée entre amis avec un excellent Whisky Old Putteney Flotilla 2000 qui exhibe toute sa jeunesse. Il est élégant au nez, sur la noix de coco, l’amande douce et l’orange. La bouche est pleine de finesse, avec toute la complexité du nez. La fin de bouche tendue tire le tout dans une finale profonde et toujours très élégante.

Merci à tous pour cette belle soirée, et vivement le mois prochain !

In vino veritas