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Vendredi midi (de prestige) au Monde du Vin

Par 25 février 2011avril 21st, 2013Non classé

Dans la lignée des très belles dégustations que nous faisons avec mes amis Fabrice, Jean-Paul et mon oncle Christian au Monde du Vin, voici certainement un des plus beaux alignements de vins de prestige. Le tout, un vendredi midi : Champagne « Comtes de Champagne » 1996, Taittinger ; Champagne 1988, Krug ; Pinot Noir « Les Neveux » 2003, Hugel ; Châteauneuf-du-Pape « Cuvée Chantemerle » 1995, Bosquet des Papes ; Ermitage « Le Pavillon » 1999, Michel Chapoutier ; Clos de la Coulée de Serrant 2007, Savennières.

Comme chaque année à la fin de l’hiver, nous nous retrouvons avec mes 3 accolytes pour une dégustation de choix autour d’une belle pièce de gibier offerte par mon oncle Christian. Cette fois-ci la date de notre rencontre fut chaotique à définir mais Dieu que ce fut une grande dégustation ! Jugez plutôt…

Vendredi prestige au Monde du Vin à Saint Louis - 03-2011

Jean-Paul, en fin amateur de Champagne Taittinger nous gratifie de la cuvée haut de gamme pour une entrée en matière digne des repas de fête. C’est mon premier Champagne « Comtes de Champagne » 1996, Taittinger et dès l’entame, nous nous ruons à la recherche de ce vin à la bulle active et à la couleur or pâle plutôt discrète. De légères notes de réduction montrent que ce Champagne est encore au tout début de sa longue vie mais peu à peu se sont des accents minéraux et aériens qui se développent. Plutôt réservée, cette cuvée issue exclusivement de Chardonnay étonne de par sa grande droiture et sa grande dimension minérale. Les fruits confits et les agrumes viennent compléter une palette aromatique axée sur la fraîcheur et le minéral, avec en toile de fond une acidité sapide. Un grand vin de terroir, en témoigne sa finale minérale et saline, qui sera capable de défier les ans sans aucune difficulté. Pour moi, ce grand vin n’est pas encore à maturité mais il me surprend de par sa profondeur magistrale et sa fidélité au terroir champenois. Superbe ! IVV : 94+/100.

Et que dire du vin suivant, qui vient accompagner la fameuse terrine de poissons dont Fabrice a le secret ! A peine le verre vide, mon oncle Christian nous verse un autre immense Champagne de sa maison favorite, à savoir le Champagne 1988 de la maison Krug. D’emblée plus évolué, en témoigne sa belle robe dorée et sa bulle toujours juvénile, il s’ouvre sur un nez légèrement oxydé (pomme cuite, touche de noix). Dans son style caractéristique, ce grand vin brille de par sa grande complexité (toast, caramel, évolution sur les agrumes, l’orange sanguine, la poire et le raisin sec). L’attaque est ample et le tout se montre peu à peu plus vineux et noble. Droit, aux accents de bois noble, de cigare et de noisette entremêlés d’agrumes, il excelle de par une complexité et une fraîcheur exceptionnelles. La finale est profonde, torréfiée et chaleureuse, le tout avec une grande fraîcheur sous-jacente. Un Champagne exceptionnel avec une évolution aromatique permanente et un grand équilibre. Quelle entrée en matière ! IVV : 96/100.

Après des débuts en trombe avec une belle opposition de style entre ces deux cuvées de prestige, il est temps de passer aux vins rouges (non sans avoir laissé un peu de Krug dans mon verre pour en sentir l’évolution…) Le Pinot Noir « Les Neveux » 2003 de la maison Hugel en impose, déjà quabd il s’agit de porter sa bouteille massive. Cuvée confidentielle produite uniquement en 1990 et justement dans ce millésime 2003, ce Pinot Noir est issu du lieu-dit Pfolstig avec des rendements de l’ordre de 30hL/ha et des degrés élevés. Sa couleur est d’un rubis sombre avec un disque légèrement violacé. Le nez s’ouvre clairement sur le fruit et en particulier la griotte kirschée, avec une pointe végétale (pomme de terre ?), de vanille et de cuir. L’attaque est massive, tannique mais fondue avec des arômes tertiaires (épices, cuir). Son caractère massif et gourmand ne nous donne aucune indication quant à son pedigree. Et pourtant c’est bien un Alsace ! La finale est elle aussi gourmande, puissante avec une belle pointe animale. D’ailleurs je ne sais plus ce que nous avons spéculé mais je peux vous dire que ce Pinot Noir en surpendra plus d’un. D’ailleurs il est à maturité donc profitez-en. IVV : 89/100.

Nous avons depuis longtemps commencé à déguster le gibier apporté par Christian et préparé de main de maître par le père de Fabrice, aux fourneaux pour l’occasion. Il est donc tout naturel d’y associer le vin idéal pour en faire un accord parfait. Ce vin vient forcément des Côtes du Rhône et il s’agit du Châteauneuf-du-Pape « Cuvée Chantemerle » 1995, Bosquet des Papes. Personne ne connaissait cette maison mais force est de constater que ce vin produit par Nicolas Boiron nous a beaucoup plu. Cette « Cuvée Chantemerle » est issue de vieilles vignes de Grenache âgées de 90 ans en moyenne. Pourtant sa couleur rubis fait penser à un vieux Pinot Noir. Aussi au nez il impressionne grâce à sa fraîcheur énorme, son harmonie et ses arômes tertiaires de boîte à cigares. L’attaque est elle aussi d’une grande fraîcheur, sur la griotte, le cuir avec une grande minéralité sous-jacente. D’ailleurs cette fraîcheur est remarquable pour un Châteauneuf-du-Pape et nous a bien fait déjouer au moment de deviner… Il s’empêche que ce vin aux tannins modérés mais au corps imposant fut un compagnon de choix avec cette pièce de gibier en sauce. Une superbe découverte, un grand Châteuneuf à maturité. IVV : 92/100.

Prochaine bouteille de prestige, l’Ermitage « Le Pavillon » 1999 de Michel Chapoutier nous a enchanté de par sa jeunesse et sa fougue. Sa robe est opaque aux accents grenat foncé et aux reflets rouges. La Syrah chante sur le cassis, la mûre et la fraise écrasée. Son côté légèrement lacté et sanguin montre qu’il est encore tout jeune même s’il fut carafé deux heures auparavant. Son équilibre, sa minéralité sont décelables au nez avec une évolution olfactive légère sur le tabac et des notes animales. Son grand volume en bouche ne dissimule en rien sa grande acidité et sa grande fraîcheur. Son fruit est pulpeux et frais sur la fraise, le cassis, la mûre avec une évolution végétale, l’amande douce et la cendre. L’équilibre est parfait, le tout est fruité à souhait avec des arômes d’herbes de Provence qui viennent titiller la fin de bouche et font glisser cet ensemble frais et minéral dans une finale profonde. Remarquable ! IVV : 93+/100.

Devant toutes ces bouteilles prestigieuses et de grande qualité, Fabrice ne peut que surenchérir pense-t-on. C’est alors qu’il disparaît dans les rayons du magasin pour nous servir (en carafe) le dernier vin de la journée. Suspense ! Et force est de constater qu’il ne s’est une fois de plus pas raté avec ce Clos de la Coulée de Serrant 2007, Savennières. Cet ensemble or brillant et limpide suggère un vin d’une grande pureté. Au nez, c’est exceptionnel de complexité déja à ce stade : citron confit, caramel, vanille, fumée, miel et bien d’autres arômes se bousculent. Puis à l’aération le minéral, le caramel, les agrumes (citron, pamplemousse) surgissent, avec une évolution presque épicée sur le bonbon Arlequin. L’attaque est fraîche et discrète avec une belle structure équilibrée. La bouche est complexe, sur l’agrume confit et évolue avec une intensité incroyable. On ressent une fin de bouche minérale, saline et sapide. La finale est intense, profonde et minérale avec des accents de carotte et d’orange. Wow, c’est fabuleux ! Cette intensité retranscrit un terroir exceptionnel dont Nicolas Joly a su tirer la quintessence ; ce grand vin pourra bien sûr vieillir des décennies. Grandiose. IVV : 96+/100.

Cette finale en queue de paon nous émeut tous. Au delà de toutes nos considérations futiles sur notre passé et notre avenir, les grands vins servis aujourd’hui nous permettent de jouir de ce moment présent. Pour finir en trombe quoi de mieux qu’un Ron Zacapa Centenario « Etiqueta Negra » 23 ans intense et riche (amande, café, caramel) d’une grande finesse. Ce Rhum rare, exhubérant mais subtil vient couronner notre rencontre du jour et nous oblige presque à prendre rendez-vous pour les prochaines échéances. Les miennes sont beacoup moins réjouissantes puisqu’à l’heure où j’écris, je m’apprête à m’envoler pour une destination toute aussi exotique que le nez de ce grand Savennières… l’Inde me tend les bras !

Un grand grand merci à Fabrice, Jean-Paul et Christian et à bientôt pour de nouvelles dégustations.

In vino veritas