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Belle soirée luxovienne

Par 5 août 2008Non classé

Pour cette dégustation, j’ai dû m’exiler de mon Alsace natale pour rendre visite à mon ami Arnaud à Luxeuil-les-Bains. Pour fêter nos retrouvailles, Christine et lui ont concocté un excellent repas réhaussé d’une très sélection de vins. Dans l’ordre de service : Vouvray « Tendre » 2005, Vincent Carême ; Jurançon du Clos Uroulat 2005 ; Château Laville Haut-Brion 1987, Grand Cru Classé de Graves ; Côtes du Roussillon Villages Vieilles Vignes 2004, Domaine du Clos des Fées ; Gewürztraminer Grand Cru Furstentum Cuvée Laurence 1999, Domaine Weinbach.


C’est vers 17h30 que je quitte mon pays natal pour rejoindre mon couple d’amis Christine & Arnaud qui avait organisé une soirée dégustation made in Luxeuil the Bath promise de longue date. A l’arrivée d’un trajet sans embûches contrairement aux pauvres automobilistes coincés pendant des heures dans les immenses bouchons de l’Autoroute du Soleil, je prends mes quartiers dans la paisible ville thermale. Juste à l’heure pour poser mes valises (c’est-à-dire ma bouteille et un cadeau pour la maîtraisse de maison !) et prendre ce qu’Arnaud appelle un pré-apéro.

Les invités sont à l’heure ; j’ai le plaisir de revoir Mélanie, malheureusement délaissée par son ami barman Pierre dont c’est le soir d’astreinte, ainsi que mes amis corses Romain et Aurélien. Chaque invité avait pour mission de rapporter une bouteille en accord avec un plat donné. C’est donc sans attendre que nous commençons le véritable apéro avec un vin d’un jeune vigneron prometteur, à savoir le Vouvray « Tendre » 2005 de Vincent Carême. Le nez s’ouvre clairement sur le fruit blanc (poire, pêche), les arômes briochés couplés à une certaine maturité (pomme). Ce nez me rappelle curieusement celui de certains Champagnes. En bouche, le tout est très séduisant de par son velouté et cette sensation de fruits blancs croquants. La finale est relevée par une acidité et une légère effervescence, avec des arômes de pêche blanche, de vanille et d’épices. Très joli vin d’apéritif qui accompagne très bien les toasts de thon au poivre vert et supporte le foie gras.

Il faut dire que le vin suivant procurait un accord bien plus divin avec le foie gras. Le Jurançon 2005 du Clos Uroulat, d’une couleur dorée claire limpide est d’une remarquable fraîcheur au nez. Avec des notes mûres de fruits confits, de miel, de cannelle, et un magnifique botrytis, il se montre déjà très ouvert et complexe. L’entrée en bouche est fraîche avant tout avec une belle liqueur complexe mais surtout lègère et avec tous les arômes du nez. Une touche minérale attire toute mon attention car elle confie une fraîcheur remarquable à l’ensemble, avant que la finale ne s’éternise avec une sensation sapide. Quelle entrée en matière !

Alors que je m’attends à ce qu’Arnaud me débouche une de ses bouteilles de prestige, je l’avertis du risque qu’il y a de placer un blanc sec à la suite de deux vins moelleux, dont le dernier accompagnait d’ailleurs divinement une Verrine chaude de foie gras aux dés de pêche. Je sens que la tension monte sur son visage, lui qui acquit cette bouteille aux enchères dans un lot qui ne lui a pas toujours procuré de grandes émotions (Château Cos d’Estournel 1987 notamment).

Château Laville Haut-Brion 1987, Laville Haut-Brion 1987, Laville Haut-Brion, Haut-Brion, Haut Brion, Grand Cru Classé de Graves, Cru Classé de Graves, Clarence DillonMais n’ayez crainte, ce Château Laville Haut-Brion 1987, Grand Cru Classé de Graves fut tout à fait au sommet. A la fois net d’aspect et d’une couleur doré brillant très originale, il laisse transparaître de fines larmes sur le bord du verre. Le nez est un éventail de fraîcheur et d’arômes : d’abord tilleul, citron, minéral (métal), il évolue sur la noix, le cuir et l’encaustique. L’attaque est discrète et montre que ce colosse du Bordelais est devenu fragile avec l’âge (touche amère). En bouche, il sait se faire discret, mais des notes de tilleul, de clou de girofle, de menthol révèlent une profondeur et une intensité rares. La finale est longue, très persistente, sur la vanille et laisse après quelques secondes une touche de crême brûlée irrésistisble. C’est assurément un Grand Blanc dans un des millésimes les plus difficiles de ces 20 dernières années. En témoigne sa légèreté, sa finesse et sa distinction. Il se marie parfaitement avec un Filet de rouget à la purée d’artichaut très bien préparé. Ce vin restera un excellent souvenir…

Côtes du Roussillon Villages Vieilles Vignes 2004, Domaine du Clos des Fées, Clos des Fées Vieilles Vignes, Clos des Fées VV, Clos des Fées, Côtes du Roussillon, Côtes du Roussillon Villages, Hervé Bizeul, Vingrau, Les Sorcières du Clos des Fées, La Petite SibérieLe Côtes du Roussillon Villages Vieilles Vignes 2004 du Domaine du Clos des Fées a eu pour mission délicate de suivre ce sublime Laville Haut-Brion. Alors que son malheureux acquéreur se rendit compte après coup qu’il ne s’agissait pas vraiment du Clos des Fées, nous nous devions de carafer cette bombe de 15% d’alcool avant de la servir. Accompagnant un magret de canard et gratin de pommes de terre au foie gras, il n’a jamais vraiment eu la chance de s’exprimer. D’une robe grenat foncé aux reflets noirs, il nous montre tout d’abord tout son potentiel alcoolique sur les parois du verre. Ensuite, les fruits noirs (mûre, cerise noire), ainsi que les arômes de garrigue (bois de myrthe) et de charbon ne sont à mon avis qu’aperçu de tout son potentiel aromatique. L’attaque est puissante, tannique sur les fruits noirs et le charbon. C’est un foudre de guerre, avec beaucoup de potentiel, qui aurait vraisemblablement bénéficé d’un passage beaucoup plus long en carafe (au moins 5 heures). Ici, il semble qu’il ait été mal préparé, car le tout demande à se fondre. Du potentiel, c’est sûr, mais il reste difficile à évaluer à ce stade. Dommage.

Gewürztraminer Grand Cru Furstentum, Cuvée Laurence, Domaine Weinbach, Gewurztraminer, Grand Cru Furstentum, Furstentum, Colette Faller, Laurence Faller, Catherine Faller, Faller, WeinbachPour finir, j’ouvre personnellement la bouteille que j’ai apportée, de peur que cette dernière bouteille soit bouchonnée comme elle l’était la dernière fois. Et cette fois-ci, malgré quelques craintes à l’ouverture, le Gewürztraminer Grand Cru Furstentum Cuvée Laurence 1999 du Domaine Weinbach a véritablement tenu son rang de Grand Cru d’Alsace. Et c’est un alsacien exigeant qui vous le dit ! A vrai dire, ce blanc doré clair, aux reflets légèrement rosés, est fantastique de volupté. Je vous passerais les commentaires de quelques poètes prétendant que le vin arbore des agréables notes « d’urine de vierge suédoise » (sic), car rien qu’au nez, il libère des arômes beaucoup plus nets de coing, de fleurs blanches (sureau), de muguet, de yaourt. La bouche est sublime de pureté et de volupté, avec un grand raffinement. La finesse du fruit (raisin, fruits blancs) caractérise ce nectar, avec une rétro-olfaction sur la pêche et le yaourt à l’abricot. La finale rappelle que c’est un Gewürz car elle est finement épicée. Un superbe vin pour lequel l’élégance du vigneron est facilement remarquable. Normal, car il s’agit d’une femme…

La soirée se prolonge autour d’un puissant et original Rhum blanc de Martinique avant que nous ne prenions date pour la prochaine soirée ou encore la crémaillière de Christine & Arnaud. Je peux vous l’assurer, de belles réjouissances sont à prévoir…
En attendant, je souhaiterais vivement remercier mes hôtes, Christine & Arnaud, pour ce superbe repas, ainsi que tous mes amis de Luxeuil qui ont contribué de par leurs belles bouteilles au bon déroulement de cette première soirée dégustation en Franche-Comté.

J’espère vivement vous revoir très bientôt pour de nouvelles aventures !

In vino veritas
Thomas