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Champagne !

Par 31 décembre 2006Non classé

Le mois de novembre fut très alsacien, mais en décembre, j’ai eu la chance de me confronter à quelques magnifiques Champagnes : Bollinger, Piper-Heidsieck, Charles Heidsieck, Pol Roger et bien d’autres…


Les fêtes de fin d’année, quoi de plus propice pour parler de Champagne. C’est vrai, c’est pas très original – à cette période tous les magazines de vin nous font part de leur classement hyper-exclusif – mais qu’importe, ce mois de décembre m’a permis de goûter à des périodes très rapprochées de beaux, voire très beaux Champagnes.

Comme vous savez peut-être en ayant lu mes commentaires précédents, j’ai eu la chance de passer 3 mois fabuleux à Reims pour le compte de mes études. Entre deux cours, j’ai pu aussi manger au Millénaire, restaurant une étoile au Michelin, une fois avec ma dulcinée et une fois avec mes parents. A chaque fois, et comme il et de coutume à Reims, un verre de Champagne s’impose. Le Champagne Pol Roger Brut Réserve est un de mes préférés : plutôt clair à l’oeil avec une bulle très fine, il s’ouvre sur des notes minérales, voire iodées au nez, puis se prolonge sur les fleurs blanches et une fine note toastée. Une grande finesse que l’on retrouve en bouche avec un équilibre divin. Je trouve ce Champagne superbe. IVV : 91-92/100.

Le Champagne Charles Heidsieck Brut (Mis en Cave en 2001) est aussi un très beau Champagne dans un style un peu différent : plus mûr au nez, avec des arômes d’agrumes et de fruits jaunes (pêche), il est plus brioché. En bouche, on sent une plus grande concentration, une belle maturité et une acidité chaleureuse qui confère à ce vin un potentiel de garde. Il me semble que avons pu goûter le Mis en Cave 2001 mais je n’ai malheureusement pas demandé. Peu importe, ce Champagne déjà très flatteur le sera encore plus dans quelques années. IVV : 91+/100.

Ma plus belle dégustation du mois a eu lieu à Strasbourg, où j’ai rejoint ma moitié pour son anniversaire. En passant devant le caviste le plus connu de la ville, j’aperçois : « Dégustation Bollinger ». Je prends ma copine par la main, de toute façon elle n’avait pas le choix, nous devions y aller ! En entrant, je commence à discuter avec l’organisateur de la dégustation, très sympathique d’ailleurs. Il s’empresse de nous servir un verre de Champagne Bollinger Special Cuvee, entre nous mon Brut préféré. C’est jaune or, avec très peu de bulles. Le nez est semblable à celui du Charles Heidsieck, avec une évolution nette sur le brioché toasté et quelques notes d’amande douce. En bouche, l’attaque est douce, avant de révéler une belle vinosité qui n’éclipse pas pour autant une effervescence rafraîchissante. La finale est longue et équilibrée. Génial ! IVV : 93/100.

Nous continuons la discussion avec le représentant, avant de nous trouver plusieurs affinités. De fil en aiguille, je m’aperçois que nous nous connaissons. C’était Christian PION, un grand Monsieur du vin. Cependant, notre discussion à propos d’autres sujets que le Chamapgne semblait quelque peu incongrue dans ce cadre-là, c’est pourquoi nous continuons tout simplement la dégustation. D’ailleurs, il a eu l’extrême gentillesse et la sympathie de me servir une rareté : Champagne Bollinger Grande Année Rosé 1999. N’essayez même pas de mettre la main sur quelques flacons, M. Pion m’a confié que l’allocation pour l’Alsace était d’une douzaine de bouteilles seulement. A la dégustation, c’est le plus beau Champagne Rosé qu’il m’ait été servi ! Il est vrai que ce vin aurait été encore plus mis en valeur en ayant été carafé. Car le nez apparaît assez discret : d’abord sur des notes mentholées, il évolue sur les fruits rouges (cerise, fraise et baies rouges acidulées), tout en gardant cette trame de toasté et de grillé. L’attaque est fine avant d’exploser sur la cerise griotte. Puis le tout murît en bouche, la cerise évoluant vers le Ratafia, la crème de griotte ; l’acidité des baies rouges évolue vers une fine note alcooleuse (le Schnaps comme on dit chez nous, avec des notes d’alisier). La concentration et la vinosité de ce Champagne rappelle que c’est avant tout un vin, l’effervescence s’exprimant très peu en bouche, avant de réapparaître dans une finale très longue et rafraîchissante. Ces petites bulles de bonheur frémissaient encore plusieurs minutes après la dégustation, avec des arômes de menthe verte et d’eucalyptus. Du grand art ! Du grand Champagne ! IVV : 96+/100.

Après celà, difficile de faire mieux. D’ailleurs pour ceux qui ont eu le courage de lire jusque là, je leur dis tout de suite : je n’ai pas encore goûté mieux. Je continue cependant mon compte-rendu par la découverte d’une cave à vin de classe mondiale ! Nous sommes allés le soir même dans un bar lounge, Grand Rue à Strasbourg : le R. Il faut dire que j’ai pu découvrir un haut-lieu de rencontre chicos bo-bo de la ville, avec une déco de tout premier ordre. Mais ce qui m’a cloué sur place, c’est la cave du propriétaire : Chambertin de Bernard Dugat-Py dans plusieurs millésimes (sachant qu’environ 150 à 200 bouteilles sont produites par an pour le monde !) plus bien sûr tous les autres crûs de la gamme, Montrachet du Domaine Leflaive, millésimes anciens du Domaine de la Romanée-Conti (avec La Tâche et Echezeaux des années 1950-1960), Latour, Mouton-Rothschild dans les plus grands millésimes, ainsi que toutes les raretés des autres régions et des autres pays, c’était à se pavaner… A voir absolument !

Nous aurions dû manger là-bas le soir même, malheureusement un problème technique en a décidé autrement. Nous avons quand même eu affaire au Champagne Billecart-Salmon Brut Réserve. Un Champagne plus vif dès l’examen visuel. Assez clair, avec une effervescence plus affirmée. Au nez, c’est iodé puis minéral, avec des notes de fruits blancs. L’attaque est vive, effervescente, avec une acidité plus présente. Personnellement, ce n’est mon style favori et je n’ai pas vraiment accroché, mais ce Champagne est bien fait, équilibré. IVV : 88/100.

Enfin, finissons cette belle balade champenoise par une visite des caves Piper-Heidsieck, que j’ai faite avec mes parents pour mon dernier jour à Reims. Après mes adieux avec quelques super-potes de promo irlandais et allemands, il fallait bien ça pour se remonter le moral. Nous n’allons pas nous attarder sur cette visite des galeries en petit train, qui fait très Disneyland, dans des caves redécorées par des pseudo-sculptures en plâtre… Mais il convient quand même de louer les efforts de ces personnes qui, à l’époque, ont creusé à la seule force de leurs bras 16 km de galeries sur 4 étages, ainsi que les remueurs qui étaient capables de tourner les bouteilles de Champagne d’un quart de tour (de telle sorte que le moût rejoigne le col de la bouteille juste avant le dégorgement) au rythme de 6000 bouteilles à l’heure ! C’est grâce à leur efforts et à leur passion que le Champagne a gagné ses lettres de noblesse.

A la fin de la visite, une petite dégustation de trois Champagnes a été organisée dans les salons cosy de la maison Piper, le tout accompagné de quelques mignardises sucrées. Concentrons-nous tout de suite sur le deuxième Champagne de cette dégustation : Champagne Piper-Heidsieck Brut. A l’oeil, il est très attractif, de couleur jaune clair avec un cordon persistant d’une belle finesse. Il augure un nez aux accents minéraux tout d’abord puis évoluant sur des notes de fruits blancs (poire) et de fleurs. En bouche, c’est très rafraîchissant avec une bulle active et une acidité persistante, on retrouve ces notes fruitées subtiles. Le tout est accompagné par un gâteau meringué à la poire qui accentue le côté aérien de l’ensemble. C’est très bien. IVV : 89-90/100.

Enfin, nous terminons par le Champagne Piper Heidsieck Rosé Sauvage. L’ensemble est accompagné par le traditionnel biscuit rose de Reims. Il apparaît avec une robe rose sombre et un cordon de bulles moyennement persistant. On aperçoit tout de suite un aspect plus vineux de l’ensemble à l’oeil, le tout étant plus concentré. Au nez, on commence avec des notes de fleurs (bourgeon de rose) et de fruits rouges (cerise burlat, confiture de fraise), on sent aussi l’orange sanguine. En bouche, c’est très mûr, moins de finesse que le Bollinger. On retrouve cette note d’agrumes qui vient agrémenter une acidité vive, avant de terminer sur des arômes de pomme (pelure de pomme). Très bien, quoique très loin du grand Rosé que j’ai bu une semaine auparavant. IVV : 90-91/100. La visite se termine dans les couloirs de la maison, avant de passer par une boutique bien fournie mais très chère aussi.

Pour conclure, nous avions programmé une dégustation dans les caves de maison Ruinart. Malheureusement, c’est tombé à l’eau, mais il est certain que ce n’est que partie remise, car au vu de plusieurs photos des galeries souterraines et de la renomée de la maison, nous aurions pu toucher à l’exceptionnel. Enfin, avant de refermer ce long billet, je vous conseille vivement la visite de la Champagne et de la ville de Reims. La cathédrale, même si elle est victime de l’âge, reste un haut-lieu de l’art gothique, et le château du Domaine Pommery, ainsi que le très connu Château des Crayères (deux étoiles au Michelin) sont autant d’endroits à découvrir.

A la lecture de ce commentaire, je me dis comme vous que la vie d’étudiant est vraiment difficile… Bonnes fêtes à toutes et à tous et güeta Rutsch comme on dit chez nous.

In vino veritas
Thomas