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D’innombrables découvertes à la Closerie

Par 18 février 2011avril 21st, 2013Non classé

Avec Seb nous avons eu la chance d’entrer dans un petit groupe de connaisseurs animé par Marc Deyber, le Directeur de la FCVF (Fédération Culturelle des Vins de France) ce mercredi au Restaurant la Closerie à Illzach. Sur les 8 vins dégustés, j’ai pu lister 6 superbes bouteilles produites (parfois en petite quantité) par une nouvelle vague de vignerons de talent.


Il est 20 heures quand je me rends au Restaurant la Closerie d’Illzach pour une soirée dégustation dont je ne connaissais ni les participants ni les modalités. Je fus donc d’autant plus impatient de les rencontrer quand quelques lecteurs de ce site, qui se reconnaîtrons, me témoignent leur plaisir à chaque renouvelé de lire mes commentaires de dégustation. Le tour de table est fait et c’est d’un ton solennel que Marc Deyber lance la soirée en bon Maître de Cérémonie. Quoi qu’intitulée « Initiation à la Dégustation » cette soirée nous a permis de faire la découverte de nombreuses perles du vignoble français essentiellement, et d’en suivre les dernières tendances. 3 blancs, 4 rouges et 1 vin moelleux nous sont servis tout d’abord à l’aveugle puis en accompagnement de petits encas préparés par la cuisine du Restaurant. En voici les notes et les commentaires. Bonne lecture…

  • Sancerre blanc 2009, Domaine Gérard Boulay (17€): d’un visuel jaune vert limpide et brillant, il laisse augurer des larmes grasses. Un nez ouvert, intense et frais dégage des notes précises de pamplemousse rose, de citron avec une évolution sur de légères notes d’anis et d’herbe fraîche. L’attaque est grasse, aguichante avec une fraîcheur remarquable. Une belle trame acide porte l’ensemble avec des notes d’agrumes et une fine touche fumée sous-jacente. La finale est quant à elle chaleureuse, riche et longue avec beaucoup de matière et une fine touche saline. A la fois exhubérant, plein d’intensité, il laisse augurer une garde moyenne qui mettra en avant son terroir et sa complexité naissante. Pour moi un succès ! IVV : 86/100.
  • Auxey-Duresses blanc 2007, Domaine Michel Prunier (18.50€) : robe or brillante et disque épais. Plus discret au nez que le vin précédent, il dévoile des notes caractéristiques de Chardonnay (beurre, fumée), avec des notes d’élevage (vanille, lait de coco, évolution sur la pina colada) qui témoigne selon Marc d’une utilisation de fût de chêne américain. La bouche est très consensuelle, grasse avec une légère pointe oxydative. Discret, il offre un palais fruité et moyennement intense, sa finale est beurrée et vanillée. Dans l’ensemble rond et élégant, c’est un vin de gastronomie sans prétention. IVV : 83/100.
  • Riesling Grand Cru Pfersigberg 1989, Bruno Schueller (38€): alors là attention, Grand Vin à garder pour les plus grandes occasions ! Avec sa belle robe or brillant aux multiples nuances vertes et fluo, il explose au nez avec une large palette intense d’arômes tertiaires que seul un grand Riesling peut offrir (poussière, hydrocarbure, humus, puis second nez plus fruité sur le citron confit et l’abricot sec avec une pointe florale de lys). Après une attaque plutôt discrète, la bouche s’emplit de ce vin harmonieux, profond et puissant. Sa très belle matière et son grand équilibre le portent jusque dans une finale subtile, fumée et minérale (pointe saline). A la fois subtil et élégant, ce grand Riesling se distingue par son harmonie et sa plénitude et offrira encore de grands moments de dégustation pour les chanceux qui possèdent au moins une des 1700 bouteilles produites dans ce grand millésime. Bravo ! IVV : 93-94/100.La série de blancs se termine en trombe avec ce sublime Riesling qui a fait tourner les têtes (surtout la mienne !) Tous les vins sont regoûtés sur un accompagnement de poissons et de tapenades. Mes notes restent consistantes entre ce Sancerre jeune et fougueux, cet Auxey-Duresses peu en verve mais somme toute élégant et cet Alsace Grand Cru noble et complexe. Passons aux rouges…
  • Le Seuil de Mazeyres 2007, Pomerol (18.80€) : ce deuxième vin du Château Mazeyres se présente avec une belle et profonde couleur oeil de perdrix et un disque légèrement orangé. Le premier nez est très porté sur les fruits rouges et noirs (cerise, mûre) avec une évolution sur le poivron vert et le sous-bois. Ce vin manque de caractère et se montre peu séduisant dans un premier temps. Nous y avons accordé que peu de crédit mais je me souviens d’un vin plus velouté et plus soyeux dans un deuxième temps, en somme plus représentatif d’un Pomerol, ce qui montre que ce jeune vin doit encore s’ouvrir. A regoûter.
  • Saint-Chinian « L’Engoulevent » 2008, Yannick Pelletier (14.40€) : on entre à nouveau dans le domaine de l’excellence avec ce Saint-Chinian qui en a fait rêver plus d’un. Robe profonde aux reflets violacés. Le nez explose de framboise, de mûre, de cassis, de groseille, de cerise au kirsch, avec une pointe épicée (poivre, clou de girofle) et florale (bonbon à la violette). La bouche est d’une matière et d’un volume explosifs, le fruit explose littéralement. Le terroir de schistes apporte une vivacité remarquable à cet assemblage 45% Grenache, 35% Carignan, 15% Syrah et 5% Cinsault issu de rendements minuscules (15hL/ha). Yannick Pelletier n’a produit que 7000 bouteilles de ce vin en 2008 sur lequel il ne doit gagner beaucoup d’argent ! Quoi qu’il en soit ce vin de plaisir qui fait le buzz dans la presse spécialisée depuis quelques millésimes est impressionnant. Pas sûr qu’il y en ait pour tout le monde… IVV : 91/100.
  • Saint-Joseph « Cuvée du Papy » 2008, Domaine du Monteillet (24.50€) : d’un grenat profond, cette Syrah pure (faibles rendements : 28 hL/ha) exprime toute l’élégance des terroirs du Rhône Nord. Très subtil, profond et complexe, le nez s’ouvre sur des notes intenses de cassis, de fraise écrasée avec une évolution vers la violette, la lavande et la garrigue, le tout avec une fraîcheur remarquable. La bouche est éclatante de pureté, avec une trame acide parfaitement intégrée qui permet de mettre en valeur tous les arômes du nez. La finale est très persistante, fraîche et longue avec une rétro-olfaction sur les épices et la violette. Toute la pureté et la finesse d’une grande Syrah qui a le potentiel d’égaler ses cousins d’appellations plus renommées comme Hermitage ou Côte-Rôtie. Le tout à moins de 25€… Fort ! IVV : 93/100.
  • Barbera d’Alba « Butti » 2008, Azienda Agricola Reverdito (14.50€) : nous finissons cette superbe série de rouges avec un superbe Barbera d’Alba (Piémont). Lui aussi issu de faibles rendements, il joue dans le registre de l’harmonie et de la complexité. Tantôt floral, tantôt fruité (framboise, mûre), il évolue incroyablement vers des notes de réglisse, de cacao, de cannelle ou de miel. En bouche l’équilibre est magistral : après une attaque juteuse typique de certains vins italiens, ce vin glisse sur le palais avec un velouté et une gourmandise hors classe. Des tannins fondus mettent en valeur des arômes de chocolat, de café et d’épices. Enfin la finale reste dans le registre de l’harmonie avec une grande fraicheur. A ce prix là, il m’est difficile de penser à un ensemble aussi harmonieux et aussi gourmand. Et quand on me dit que ce vin sera toujours au top dans 10 ans, je reste sans voix. IVV : 90-92/100.
  • Jurançon Moelleux « Costat Darrèr » 2009, Domaine Camin Larredya (15.30€) : vous cherchez un vin pour accompagner une dessert à l’ananas ? Et bien voici mon conseil. Ne serait-ce que la couleur de vin moelleux est surprenante : or pâle aux reflets vert et jaune fluo. Tout d’abord fermé, il s’ouvre sur les agrumes confits (citron, orange) puis dévoile avec précision des arômes d’ananas, d’anis et de caramel. Mais c’est en bouche qu’il surprend car il offre non seulement une belle densité mais une tension et une fraîcheur uniques. Les fruits exotiques et en particulier l’ananas frais se déclinent sous toutes leurs formes (frais puis glacé). L’équilibre de ce moelleux est surprenant et en fera un vin de grande gastronomie, non seulement sur un feuilleté à l’ananas frais, mais aussi sur des toasts au roquefort par exemple. Quelle fraîcheur ! IVV : 88/100. 

Après une dernière descente avec Marc, Jean-Michel et Seb dans la grande cave du Restaurant, certainement une des plus fournies de la région en vins de prestige, je ne pouvais que remercier le Maître des lieux de nous avoir accueillis dans son Domaine et de nous avoir offerts de si belles bouteilles. Personnellement, je n’ai encore jamais découvert autant de values (comme disent les anglophones) lors d’une seule et même dégustation : sur les 8 vins dégustés, je vous en conseille vivement 6, voire plus… Et Marc m’a dit qu’il y en a tellement d’autres à goûter !

In vino veritas
Thomas