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Deux vins en duel

Par 21 mars 2012avril 21st, 2013Non classé

Comme chaque mois, nous faisons une petite « Soirée 20 » entre amis. Seb a sorti le grand jeu pour nous recevoir et nous avons tout simplement répondu avec deux très beaux vins : Muscat Grand Cru Goldert 2003, Ernest Burn ; Volnay 1er Cru Clos des Ducs « Monopole » 2000, Marquis d’Angerville.

Nous croyions le printemps de retour, et bien dimanche dernier fut de nouveau une journée froide et humide idéale pour s’attabler et siffler du bon vin autour d’un plateau d’amuse-bouches. Plusieurs grosses cylindrées sont garées sur la place du village quand j’arrive chez Seb, preuve en est que tous les invités sont déjà là… Je m’empresse d’entrer avec ma bouteille mystère sous le manteau et de saluer mes amis. Notre hôte a mis les petits plats dans les grands, de façon très artistique et simple comme il sait le faire. Et c’est sans attendre que je disparais dans une pièce voisine pour ouvrir ma bouteille de vin blanc.

Au moment de la sélection de la bouteille, j’avais pour objectif de fêter le retour des beaux jours avec ce Muscat Grand Cru Goldert 2003 du Clos Saint-Imer, propriété de la maison Ernest Burn. Ce domaine est un des meilleurs producteurs de Muscat d’Alsace. Ce cépage se comporte très bien sur les pentes calcaires raides du Clos Saint-Imer qui se trouve au sommet de l’appellation. De couleur or limpide aux reflets plus marqués, il dévoile un disque gras et des larmes nombreuses. Son nez frais et aromatique met au jour le litchi, l’ananas frais rehaussé de minéral, puis de tilleul, de fleurs fraîches, de miel de fleurs et d’amande douce. La bouche est encore sur le fruit, avec un toucher velouté marqué par une note rafraîchissante d’eucalyptus et de menthol. Extrêmement agréable à boire, même après 9 ans de bouteille, il se termine dans une finale sapide et fraîche, même si l’on espère un peu plus de longueur. Néanmoins ce vin offre un plaisir déconcertant que chacun d’entre nous s’imagine prendre à l’apéritif, sur un dessert léger ou pour lui-même. Après 1 heure dans le verre, il se montre plus floral et lacté, avec une superbe harmonie sur l’ananas. Un bonbon !

Nous avons déjà englouti presque tous les amuses-bouche. Il est donc temps de passer au fromage avec un vin que Yannick voulait ouvrir depuis longtemps. Avant ce soir, il avait déjà annoncé (comme d’habitude) qu’il apporterait « du lourd »… Et bien lui en a pris avec ce Volnay 1er Cru Clos des Ducs « Monopole » 2000 du Marquis d’Angerville. A titre d’anecdote, je me souviens avoir sonné à la porte de ce domaine prestigieux de Volnay lors d’un passage dans la région il y a quelques années. A part avoir entendu le bruit de l’aspirateur que la femme de ménage passait dans la belle demeure du domaine, je n’ai entendu personne d’assez intéressé par ma visite pour venir m’ouvrir la porte… Le Clos des Ducs est en quelque sorte dans le jardin de ce noble domaine, c’est un monopole de 2,15 ha enceint de murs que vous pouvez apercevoir en montant sur les hauteurs du village pittoresque de Volnay. Il en résulte un vin à la robe pourpre limpide, plutôt légère mais intense et profonde. La rose fanée du premier nez vous emporte d’emblée dans le registre des grands rouges de Bourgogne. Elle est enrobée dans un boisé léger et élégant avec un brin de fraîcheur. Son nez envoûtant et séduisant compense peut-être son manque d’intensité. L’attaque en bouche est discrète et légèrement piquante. L’on croque dans une belle et grosse grappe de fruit frais avec une touche subtile de menthe et de ronce. L’équilibre matière-alcool est un peu décalé mais nous prenons tout de même beaucoup de plaisir. Après 30 minutes dans le verre, on reprend les petits fruits rouges acidulés (framboise, groseille), l’orange amère et les sous-bois. La noblesse de ce vin est certaine. Ne montrant aucun signe de fatigue, il se prolonge dans une finale sapide, longue et minérale, signe de grand terroir calcaire. Quelle race ! Merci Yannick !

Les hésitations vont bon train quand Lio souhaite ouvrir sa bouteille : il n’y a plus rien à manger et la peur du gendarme se fait sentir (enfin… chez les autres). Bref nous remettrons tout ça à la prochaine « Soirée 20 » chez Benoit, au mois d’avril. D’ici là, restez connectés !

In vino veritas