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Les coups de coeur du Monde du Vin

Par 21 juillet 2008Non classé

Fabrice est si grand connaisseur en Vin qu’il en devient presque insolent pour nous autres grands amateurs. Alors imaginez à quoi peut ressembler une soirée où ce passionné nous sert ses coups de coeur. Pas moins de 15 vins différents, quelques découvertes et bon nombre de grands vins : Champagne Thiénot Brut 2000 ; Pouilly-Fumé Cuvée Majorum 2002, Michel Redde ; Bonnes-Mares Grand Cru 2000, Georges Lignier ; Riesling Vendanges Tardives Frédéric Emile 2001, Domaine Trimbach ; Montlouis-sur-Loire Cuvée Romulus 2003, Domaine de la Taille aux Loups… et une exceptionnelle surprise !


Il y a des soirées où il ne faut pas être en retard. La soirée des amis du Monde du Vin en est une. Et cette première, qui en appelle peut-être d’autres (!), a commencé à 19h30 avec un apéro dans la Cour du magasin. Alors que je retrouve des personnes que j’avais déjà rencontré au cours de diverses soirées, nous débutons avec une série de trois vins en accompagnement d’une thoïonade du Château d’Estoublon et un pâté végétal de courgettes.

Je n’ai malheureusement pas pris de notes des premiers vins, mais déjà le premier étonne de par son originalité. Le Crémant d’Alsace Brut zéro 2000 de Julien Meyer est vraiment déroutant. On aime ou on aime pas : alors même si je reste dubitatif quant à ce Crémant au caractère oxydatif, légèrement âpre, il n’en pas moins frais et équilibré. Il n’a techniquement pas de défaut, mais il laisse néanmoins perplexe. Il faut le goûter pour le croire…

Viognier, Château de Ricardelle, Les Dames de Ricardelle,vin de Pays d'OcPar contre, je garde un excellent souvenir du vin de Pays d’Oc – Viognier « Les Dames de Ricardelle » 2007 du Château de Ricardelle. Un caractère grillé, citronné et végétal (chèvrefeuille) au nez qui annonce un vin gras, élégant et rafraîchissant. En plus c’est une affaire incroyable, alors n’hésitez pas ! Bravo. Le Muscat Tradition 2006 de Bernard Schoffit est quant à lui un modèle de fringance et d’expression. Ce grand vigneron pose sa patte sur un cépage difficile à travailler, mais qui dévoile un croquant, un équilibre et une très belle complexité. Je vous ai déjà fait part de mon intérêt pour les « petits vins » de Bernard Schoffit (notamment le Chasselas Vieilles Vignes 2003), celui-ci ne fait que confirmer mon opinion de la gamme de ce vigneron, qui malgré des prix relativement élevés, exploite magnifiquement chaque raisin qu’il vinifie. Ces deux premiers vins sont si plaisants qu’il ne me tarde de sortir mon bloc notes pour commenter le vin suivant. Le Champagne Thiénot Brut 2000 est plutôt sur le Chardonnay, malgré une proportion égale de Pinot Noir. Fruits mûrs, yaourt, pomme granny et notes briochées (croissant aux amandes) se mêlent au nez. La bouche est ample, grasse, compotée (pomme). La trame acide confère équilibre et longueur, même si le tout est très structuré en bouche. On sent que ce vin accompagnerait divinement une viande blanche.

Calvi Clos Colombu Ribbe Rosse blanc, Clos Culombu, Clos Colombu, Ribbe Rosse, Calvi, vin de Corse, vin de l'ïle de BeautéLa série suivante accompagne une terrine de poissons nobles. Il s’agit de trois vins corses. J’avoue que ma science des vins de l’île de Beauté est assez limitée, mais force est de constater que cette région offre de grands vins. Par exemple, le Calvi Clos Culombu Ribbe Rosse blanc 2004 : minéral, sur les agrumes, mais avec une note boisée, il nous fait partir sur un Chardonnay à cause de ses notes charpentées de barrique. Franc, doux, sec, il est très gourmand en bouche puis devient plus brioché et plus épicé. Et même si sa longueur est moyenne, la finale est complexe et friande sur l’amande, le bonbon et la rose. Un très joli vin qui en a étonné plus d’un. Superbe ! Le vin suivant me satisfait moins. Le Vin de Table de France blanc 2005 du Domaine Arena a un caractère plus oxydatif, en témoignent ses notes de poire et de pomme mûres. On pourrait presque croire que ce vin est encore en fermentation. Alors certes, il s’agit de l’entrée de gamme de ce célèbre domaine de Corse, mais je n’adhère pas vraiment. Enfin, le Patrimonio blanc 2007 du Domaine Gentile est un excellent compromis. D’un beau brillant, il s’ouvre sur les fruits blancs, les épices douces, le citron vert et des notes végétales et florales. Très beau au nez tout comme en bouche, avec une attaque droite, fraîche et une fine touche anisée. Belle acidité et grande longueur. Excellent !

Fabrice nous présente les deux carafes qui seront servies avec le Foie Gras d’Oie Entier Artzner. Le premier vin est une découverte pour moi, dans une de mes régions préférées (!) Malgré une belle ressemblance, le premier vin n’est pas bourgignon. Il s’agit du Pouilly-Fumé Cuvée Majorum 2002 de Michel Redde. Ce vin d’un jaune or exceptionnel allie distinction et caractère au nez, avec de fines notes fumées, vanillées et minérales (silex). En bouche, sa puissance et sa concentration laissent présager une garde de plusieurs années encore. L’acidité et la structure l’y aideront. La finale est longue, sur la pomme et le bonbon au caramel salé. Déjà magnifique maintenant, il n’aura plus besoin de 5 heures de carafe une fois à pleine maturité. Un grand Loire ! A contrario, le Meursault Premier Cru Charmes 2000 du Domaine Bitouzet-Prieur joue dans le registre de la fraîcheur et de la finesse. Et à Meursault, seuls Les Perrières et Charmes peuvent offrir une telle minéralité cristalline. Tout aussi doré d’aspect, il joue au nez sur les agrumes et les herbes. La bouche est droite, longue, avec un bel équilibre. Les notes végétales apportent une belle fraîcheur à ce Bourgogne issu d’un grand terroir.

Après une série impressionnante de 9 vins blancs, trois vins rouges accompagnent le magret de canard rosé à coeur cuit par le maître Olivier. Le premier vin est vraiment trompeur. Au nez, je dis « Pinot Noir », mais force est de constater que Fabrice avait vraiment idée de nous piéger sur tous les vins de ce soir ! Le Lirac « Héritage » 2003 du Château d’Aquéria est d’un grenat intense, mais les arômes du nez révèlent la fraise écrasée et le pruneau. L’attaque est douce, veloutée, puis les tannins prennent le dessus. Je pense que ce vin est proche de sa maturité même si l’acidité est encore présente. Il présente vraiment toutes les caractéristiques d’un Bourgogne : les arômes, une belle acidité et une certaine élégance. Un Rhône très charmeur d’autant plus dans un millésime aussi caniculaire ! Le vin suivant est vraiment bluffant : Le Château des Estubiers 2005, Côteaux du Tricastin par Michel Chapoutier me fait penser à une Côte-Rôtie ! Dans le verre se mêlent des arômes intenses de mûre, cassis, lavande, herbes de Provence avec de la minéralité. Le nez est superbe, puis l’attaque est douce, pure, épicée, puis plus tendue et tannique. Quel potentiel et du caractère, d’autant que la finale est fraîche, longue et gourmande. Un vin incroyable pour son pedigree. Il peut-être le meilleur de la série, même si le Nuits-Saint-Georges 1er Cru Les Perrières 2003 de Jean Chauvenet est terrible. Après un vin aussi parfumé et puissant que le Château des Estubiers, il nous enchante par sa complexité et son caractère. Outre sa belle robe grenat, il dévoile tour à tour fraise, violette, mûre, cassis, encre. L’attaque est sur le fraise mûre, la bouche est très structurée, encore tannique, même si le tout garde un équilibre remarquable pour un 2003. Fabrice, qui recherche avant tout la pureté et l’équilibre nous avoue que c’est un des rares Bourgogne 2003 qui l’a comblé. Très beau !

Chablis Grand Cru Valmur 1991, Chablis Grand Cru Valmur, Chablis Valmur, Raveneau, Jean-Marie Raveneau, François Raveneau, Chablis Grand Cru, Chablis, vin de BourgogneJe vous avais parlé d’une exceptionnelle surprise en début de commentaire, et je dois dire que je fus subjugué par ce vin exceptionnel que j’ai eu le bonheur de faire découvrir à Fabrice et ses invités avec le plateau de fromages de la fromagerie La Saveur des Lys à Saint-Louis. Le Chablis Grand Cru Valmur 1991 du Domaine Jean-Marie Raveneau est un des meilleurs (Bourgognes) blancs que je n’ai jamais bu. Ce rêve de pouvoir boire un jour un vin de Raveneau s’estompait de jour en jour à la mesure de la hausse inarrêtable des prix de ses vins sur le marché. C’est sûr, cette part de rêve et de prestige joue dans mon appréciation, mais je dois vous dire que ce vin fut tout simplement exceptionnel. D’un pâle brillant, il piège tous ceux qui pensent que 1991 est un petit millésime. Quelle jeunesse ! Au nez, les notes minérales sont enrobées d’un fruité fin, sur la pêche, l’ananas, les fruits blancs et le coing. Le thé au tilleul, la camomille, le beurre et les agrumes s’ajoutent et révèlent une incroyable complexité. En bouche, cette finesse de fruit avec tous les arômes du nez, cet équilibre et cette fine rondeur sont autant de caractéristiques de la perfection de ce Grand Vin. D’autant plus que le fruit est encore bien présent et est tenu par une acidité qui préfigure une garde de 10 années supplémentaires ! Au moins… La finale est d’une longueur et d’une profondeur remarquables, sur les agrumes et le minéral. Elle rappelle que ce chef d’oeuvre est issu d’un terroir extraordianaire. Magnifique de jeunesse et de perfection !
Le Bonnes-Mares Grand Cru 2000 du Domaine Georges Lignier vient compléter cette série de Grands Crus de Bourgogne en accompagnement des fromages. Celui-ci convient à merveille au Morbier. Ce vin est un exemple de finesse. Ce nez où se mêlent des notes de fruits rouges mûrs, de sous-bois, de notes tertiaires et cette note typique de sang séché me font pencher sur Morey-Saint-Denis ou Chambolle-Musigny. La bouche reprend des notes d’humus, de sous-bois, de cuir et de fruits rouges (fraise, mûre) et se montre complexe et équilibrée. On ressent un millésime peu exhubérant, sur la finesse du fruit, grâce une belle fraîcheur au palais et en finale. Un modèle de Grand Cru de la Côte de Nuits.

Viennent enfin les vins de dessert, en accompagnement du gâteau au flan. Pour l’occasion, Fabrice nous a offert deux raretés, deux chefs d’oeuvre. J’ai pris tant de plaisir à goûter ces deux grands blancs que mes notes ne resteront très brèves. Mais sachez que les deux vins suivants sont des must. Le Riesling Vendanges Tardives Frédéric Emile 2001, Domaine Trimbach est un vin typique de la célèbre maison de Ribeauvillé. Un Riesling pur, typique, discret, légèrement pétrolé. D’après mes lectures, jamais une Vendange Tardive n’avait atteint autant de sucre résiduel chez Trimbach (50 grammes) avec un taux d’alcool de 13%. Il n’empêche que ce modèle d’élégance, ample au palais et étonnamment riche, garde une trame minérale d’une grande pureté, avant de finir avec une longueur rafraîchissante. Un modèle de vin sucré made by Trimbach. Exceptionnel !

Montlouis-sur-Loire Cuvée Romulus 2003, Montlouis-sur-Loire Romulus, Domaine de la Taille aux Loups, Jacky Blot, Montlouis sur Loire, Vouvray, vin de LoirePour finir, nous avons la chance de goûter un autre vin rare : le Montlouis-sur-Loire Cuvée Romulus 2003 du Domaine de la Taille aux Loups (Jacky Blot) est un chef d’oeuvre. Je suis parti d’emblée sur une SGN alsacienne, partant du principe qu’un liquoreux d’une telle fraîcheur et d’une telle intensité ne pouvait provenir d’une autre région. Avec 150g/L résiduels, il garde une grande minéralité et offre une palette d’arômes très étendue : fruits jaunes mûrs (pêche, coing, mangue, abricot), miel, et des fruits rouges (framboise) synonymes d’un grand liquoreux. En bouche, quelle émotion : une liqueur associée à une belle acidité donne cette sensation aérienne et de plénitude. La finale est profonde et minérale. Wow !

En somme cette soirée a été menée de main de maître par Fabrice qui, en plus d’être un expert en matière de vin, sait recevoir ses amis. C’est le moins que l’on puisse dire ! Car avec une sélection d’une telle homogénéité et à tous les niveaux de prix (de 5 à 100 €), il nous a permis de faire le Tour de France des Grands Vins (hormis Bordeaux, mais est-ce fait exprès?) Comme vous avez pu vous en apercevoir, je n’ai pas donné de notes aux vins dégustés car toute la sélection mérite une note presque parfaite. Malheureusement, la rapidité du service n’a pas permis de pouvoir disséquer tous ces vins comme je l’aurais souhaité. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle, j’ai même dû laisser quelques vins de côté. Mais après tout, il est bien normal que le service aille aussi vite quand les vins sont aussi bons, car en effet, les verres sont vides beaucoup plus vite… Et après tout qu’importe la notation des vins, le plaisir pris au cours de cette soirée mémorable vaut bien plus que quelques lignes supplémentaires sur ce commentaire !

Un grand grand Merci à mon ami Fabrice et à toute son équipe !
In vino veritas
Thomas