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Pour les Rois du Vin 2008 (vins rouges)

Par 2 novembre 2008Non classé

Coop Weinmesse, Foire aux vins Coop, Château Lafite-Rothschild, Premier Grand Cru Classé, 1er Grand Cru Classé, PauillacMalgré la chaleur qui a fortement perturbé les conditions de dégustation de cette foire aux vins Coop 2008, j’ai pu découvrir quelques belles expressions de vins rouges français et étrangers. Avec en tête d’affiche : Château Montrose 2005, 2è Cru Classé de Saint-Estèphe ; Château Pontet-Canet 2004, 5è Cru Classé de Pauillac ; Ribeca Firriato 2005, Sicilia ; Le Altanza Reserva Seleccion Especcial 2001, Rioja ; Le Altanza Reserva Artistas Españoles Miro 2001, Rioja ; Bodega Mustiguillo « Quincha Corral » 2003, Vino de la Tierra el Terreanza.


Vous avez pu vous mettre l’eau à la bouche avec les vins blancs de ma sélection issue de cette belle foire aux vins Coop, je vous propose de faire un point sur les vins rouges avec une sélection rigoureuse et assez éclectique. Je me permets aussi de vous prévenir que la dégustation des vins rouges fut difficile cette année en raison de la chaleur. Sous les combles de cette magnifique bâtisse qu’est le Schützenhaus en plein coeur de Bâle, les vins rouges se dégustaient malheureusement à bien plus de 20°C ce qui rendait bien souvent leur appréciation assez difficile, surtout pour des blockbusters étrangers très riches et alcoolisés.

Néanmoins, j’ai pu peaufiner ma connaissance de quelques vignobles européens avec quelques uns de leur plus brillants représentants. Voici ma sélection de vins rouges classés par région d’origine, tout d’abord l’Italie, ou plutôt la Sicile ; ensuite l’Espagne avec un parallèle de deux Rioja de la Bodega Altanza et un magnifique Quincha Corral 2003 ; et pour boucler la boucle notre belle France avec des déceptions en Bourgogne et des raretés à Bordeaux.

    Vins italiens

Au programme (seulement) deux vins de Sicile avec pour débuter une très belle découverte avec le Primitivo di Manduria 2006 de la Cantina Giordano. Le nez est très typé, frais et profond sur la mûre et les raisins secs. En bouche, on reste tout d’abord sur cette finesse avec cette note très distinguée de bourgeon de cassis. L’ensemble gagne ensuite en puissance en milieu de bouche, sur des tannins enrobés et des arômes de fruits noirs (baies) acidulés. C’est complet et long en finale. Un très beau vin issu d’une appellation méconnue à un prix très doux pour une telle qualité (15 CHF). IVV : 90/100.
Le Ribeca Firriato 2005 est tout aussi abouti. De couleur grenat pur aux reflets violacés, il se distingue par un jambage gras et coloré. Composé à 60% de Nero d’Avola et 40% de Perricone, il dévoile un nez intense de fruit noir et d’épices. La bouche est tendue, avec tous les arômes du nez ; équilibre parfait et grande élégance malgré un potentiel alcoolique élevé. Le top de la Sicile pour 29 CHF. IVV : 90+/100.

    Vins espagnols

Après deux vins typiques de la région de Rioja plutôt faciles à boire (Rioja 2003, Campo Viejo et Rioja Reserva 2004, Mayor de Ondarre), je me mets en selle avec Le Altanza Reserva Seleccion Especcial 2001. Un pas est franchi en matière de puissance et de potentiel par rapport aux deux vins précédents. L’on rentre là vraiment dans les vins de gastronomie qui auront besoin de plusieurs années par dévoiler tous leurs talents. Celui-ci a maturé 2 ans en fûts de chêne français. Sa robe est profonde et de couleur rubis foncé. Le nez est puissant, gras, sur le pruneau, et des notes beurrées et torréfiées. L’attaque est franche, avec une trame très solide mais avec un velouté très charmeur (boisé, vanille, notes torréfiées) et une grande intensité. Cependant, il offre une persistance moyenne ainsi qu’une finale un peu trop chaleureuse à mon goût. 5 ans de garde lui seront nécessaires. IVV : 88/100.
Le Altanza Reserva Artistas Españoles Miro 2001 brille de par son étiquette fabuleuse aux couleurs de trois différentes oeuvres du célèbre Miro. Des bouteilles magnifiques, un tirage limité à 40.000 bouteilles et un contenu tout aussi talentueux. D’un rubis foncé aux reflets grenats, il se distingue par un nez déjà très accessible, sur le pruneau, le café, la compote et le caramel, avec en filigrane une belle trame minérale. L’attaque est admirablement discrète, avant que ce taureau ne s’enflamme et livre toute sa fougue avec un velouté renversant. Quel charme, avec des tannins gras et ronds. La finale est gouleyante à souhait et longue. Que c’est bon… mais qu’est ce que c’est puissant ! Pas étonnant que notre ami Robert Parker soit aux anges et lui accorde un formidable 95/100. Pour ma part, je lui donne partiellement raison car il est rare et de pouvoir concilier une telle puissance avec un tel équilibre. IVV : 92+/100.

Les deux vins suivants sont dégustés en exclusivité car extraits de la vitrine des vins de prestige. Le Clavis Viñedo Pico Garbanzo 2002, La Mancha est un vin castillan vieilli lui aussi en chêne français pendant 18 mois. Tout d’abord végétal (orties, fougère), il s’ouvre peu à peu sur le fruit avec une belle fraîcheur. Mais il n’en est pas moins un peu timide. L’attaque est franche, tannique, soutenue par une acidité bienvenue. Toujours végétal, fermé, sapide, mais avec une belle expression aromatique en fin de bouche (cassis, végétal). La finale est longue, fraîche avec une touche acidulée qui donne une belle persistance en fin de bouche. Très agréable, pur, frais, il offre une alternative de choix aux nombreux vins espagnols puissants et entêtants. Enfin, vous me direz que ce n’est pas vraiment une alternative à plus de 70 CHF… IVV : 90/100.
Pour moi, le Bodega Mustiguillo « Quincha Corral » 2003, Vino de la Tierra el Terreanza est le vin de la soirée ! Issu de la région de Valence, il est d’une couleur grenat très foncé presque impénétrable. Les arômes de prune, de mûre, de quetsche sont très pénétrants, puis évoluent sur le cassis, le pruneau et le minéral à l’aération. L’attaque est franche avec de la mâche et toujours ce magnifique fruit (bourgeon de cassis) porté par une superbe minéralité. Grand équilibre malgré une certaine puissance. Le tout se termine avec une finale moyennement longue sur les fruits cuits. Superbe de fraîcheur et de complexité ! IVV : 93/100.

Et au vu du programme suivant présentant les vins français, je n’aurais jamais cru que ce surprenant Quincha Corral 2003 allait me laisser un tel souvenir…

    Vins français

Je ne garderais pas un souvenir mémorable des vins de Bourgogne présentés lors de cette foire aux vins car à mon avis, ces Pinots Noirs furent les premiers à souffrir d’une telle chaleur. Résultat, je n’ai pas reconnu le Chambolle-Musigny « Les Gammaires » 2004 du Domaine Lignier-Michelot ni le Volnay 1er Cru Les Caillerets 2004 de Bouchard Père & Fils que j’apprécie tant habituellement, tous deux ne procurant vraiment pas ce que l’attendait d’eux. A regoûter.
A la limite, je pourrais retenir le Monthélie 1er Cru Clos Les Champs Fulliot 2005 de Bouchard Père & Fils plus structuré, plus tannique car issu d’un millésime plus complet. Un style moderne de Pinot Noir, étonnamment frais, sur le fruit noir (cassis, mûre) et les ronces. L’on retrouve ces arômes en bouche suite à une attaque classique, ronde, avec des tannins structurés mais chaleureux. Par contre la finale est courte et sans relief particulier.

Ma sélection de Bordeaux est certes moins complète que l’année dernière, car il s’est malheureusement passé ce que j’avais prédit il y a un an (voir ma sélection Bordeaux 2007). La montée en gamme et la demande mondiale ont considérablement appauvri l’offre de Grands Crus de Bordeaux à cette foire aux vins 2008. Outre Les Carruades de Lafite 2005, 2è Vin du Château Lafite-Rothschild que les premiers clients se sont arrachés, j’ai pu entre autres faire une comparaison entre Château Pontet-Canet 2004, 5è Cru Classé de Pauillac et Château Pichon-Longueville Baron 2004, 2è Cru Classé de Pauillac. Même millésime, même appellation pour ces deux Seigneurs de Bordeaux. Pontet-Canet offre un nez typique et intense, avec du fruit noir (cassis, cerise noire) entremêlé de notes végétales et de bois. La bouche offre des notes de fruit rouge et des arômes secondaires d’encre. Peu complexe à ce stade, il reste suave, chaleureux et bien équilibré. Il offrira beaucoup de plaisir une fois pleinement épanoui, c’est à dire dans les 5-8 ans. IVV : 90-92/100. Pichon-Longueville est quand à lui plus accessible avec un fruit plus mûr et mieux intégré. Grande fraîcheur et grande profondeur en finale. C’est assurément une grande réussite à Pauillac dans ce millésime. IVV : 92/100.

Terminons ce commentaire par la dégustation privilégiée de Château Montrose 2005, 2è Cru Classé de Saint-Estèphe. Je n’aurais pas espéré pouvoir goûter un Seigneur de Bordeaux dans ce millésime aussi grandiose que 2005. Gracieusement, Jean-Claude me tire les ficelles pour accéder à ce trésor. Que quelques gouttes de cette pièce de luxe à la bordelaise et je peux d’ores et déjà constater la couleur si particulière, presque noire de ce Saint-Estèphe. Les larmes sont nombreuses et fines. Belle couleur, très originale. Le nez est tout aussi impénétrable mais charmeur sur la mûre, avec une note de terre et de goudron. Un accent végétal rappelle une proportion majoritaire de Cabernet Sauvignon. L’attaque est franche, mais se distingue par sa fraîcheur extrême. Beaucoup de mâche et des tannins juteux. Le fruit noir se mêle au minéral. La finale est longue, tendue, profonde. En somme, un vin au potentiel énorme très fermé aujourd’hui, mais qui se distingue par une fraîcheur remarquable, ce qui témoigne du talent du vigneron qui aura su tirer profit de ce millésime très mûr. A boire vers 2013 et ce jusque 2030. Enfin tout dépnd du nombre de bouteilles que vous aurez pu vous payer… IVV : 93+/100.

In vino veritas
Thomas