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Pour les Rois du Vin 2008 (vins blancs)

Par 29 octobre 2008Non classé

Coop Weinmesse, Foire aux vins Coop, Château Lafite-Rothschild, Premier Grand Cru Classé, 1er Grand Cru Classé, PauillacVous vous souvenez certainement de mes nombreux commentaires sur la foire aux vins Coop 2007… Et bien je remets le couvert en cette année 2008, avec une description certes un peu moins complète mais riche en enseignements. Aujourd’hui, les vins blancs avec entre autres plusieurs réussites : Aigle Les Murailles 2007, Henri Badoux ; Humagne blanche 2007, Bibbachus ; Heida 2007, Bibbachus ; Amigne de Vétroz 2006, J.R. Germanier ; Mendoza 2007, Tematico ; Château Rayne-Vigneau 2005, 1er Grand Cru Classé de Sauternes ; Château Coutet 2005, 1er Grand Cru Classé de Barsac


C’est avec grand plaisir que je retrouve comme tous les ans mon ami Jean-Claude Ruestch, coordinateur de cette foire aux vins organisée avec brio dans le cadre magnifique du Restaurant Schützenhaus à Bâle. Beaucoup d’amateurs de tous bords se retrouvent aux confins de la Suisse, de l’Allemagne et de la France pour découvrir et déguster (avec modération) tous les vins proposés au catalogue.

Cette année, pas besoin de prise de connaissance des lieux, je maîtrise très vite la situation ! Ce commentaire sera découpé comme suit : tout d’abord les vins blancs secs puis les moelleux et liquoreux, avec à chaque fois une critique aussi détaillée que possible et une note aussi objective soit elle.

    Vins blancs secs et doux

Dans cette catégorie, la priorité est donnée aux vins suisses, avec un assortiment bien sûr majoritaire et riche en découvertes. Voici ma sélection : je commence par un habitué, un préféré de mon père, à savoir l’Aigle Les Murailles 2007 de Henri Badoux déjà comment l’année dernière. La robe est pâle; claire, brillante. Le nez est fumé, s’ouvre peu à peu sur les agrumes, les herbes. Le tout est très frais à l’attaque, cristallin, supporté par une trame acide avec un léger gras en fin de bouche. Droit, chaleureux, moyennement long, il offre une belle alternative à un Chablis même si son prix n’est pas donné (17,00 CHF). IVV : 86-88/100. Dans le même registre, le Saint-Saphorin 2007 de J&M Dizerens a un nez fumé, citronné. Un peu acide à l’attaque, il dévoile un beau velouté, du volume et s’ouvre sur les agrumes. Idéal pour les asperges de l’année prochaine…
L’Yvorne 2007 de l’Association Viticole d’Yvorne a un nez profond et gourmand sur le biscuit, le fruit blanc et les fleurs blanches. L’attaque est franche, avec une légère amertume, sur la vanille et les arômes du nez. Droit, doté d’une finale longue, c’est un bon choix pour 12,50 CHF. IVV : 82/100.

Le Chardonnay de Genève « Trésor » 2007 de la Cave de Genève dévoile un nez subtil sur les agrumes et les herbes. A l’aération, il s’ouvre sur le bonbon et gagne en générosité. L’attaque en bouche est légère puis le tout se prolonge sur des notes typiques du cépage (fumé, beurré). Bel équilibre, structuré et avec une belle trame acide qui procure une belle longueur. Sans défaut, un vin de cépage, même un peu plus abouti. Belle découverte. IVV : 85/100.

Trois vins valaisans dans un registre plus doux, fruité viennent compléter cette sélection. En prélude, je souhaiterais revenir sur une de mes découvertes de l’an dernier, L’Amigne de Vétroz 2006 de J.R. Germanier. Dégusté à plusieurs reprises dans l’année en cours, il m’a toujours procuré beaucoup de plaisir. Accompagné de tagliatelles aux cèpes chez mon ami Arnaud, le vin se donnait parfaitement après un carafage d’une demie-heure. Fruits jaunes et blancs, avec un velouté en bouche associé à une magnifique fraîcheur, ce vin est une friandise liquide. Cette fois-ci, il offre des notes de pêche jaune, de pâte d’amande. En bouche, le tout est un peu marqué par l’acidité. Il n’en pas moins friand, avec une longue finale. Pas trop à son aise lors de cette foire aux vins, mais tout de même un coup de coeur.
Deux autres vins valaisans doux sont très bien faits. L’Humagne blanche 2007 de Bibbachus et l’Heida 2007 de Bibbachus sont d’une couleur or pâle brillante. Au nez, fruits blancs et jaunes (raisin frais, pêche, coing) et fleurs blanches annoncent un ensemble très charmeur. Les deux vins se caractérisent par leur fraîcheur, leur accessibilité (fruité épanoui, acidité faible). L’Heida (qui est le nom valaisan du cépage Savagnin blanc) dévoile une note plus complexe de chlorophylle alors que l’Humagne reste sur le fruit blanc et les fleurs. Deux découvertes à la finale grasse, profonde, qui offre beaucoup de plaisir pour eux-mêmes. L’Heida est peut-être plus abouti que l’Humagne, mais les deux sont à découvrir. IVV : 87-88/100.

Partons maintenant dans d’autres régions, à commencer par la France, avec deux vins présentés. Le Chablis Vieilles Vignes 2006 du Domaine Lamblin est fermé, poussiéreux avant qu’il ne s’ouvre sur la vanille, la pêche, les agrumes et le yaourt. L’attaque est légère, veloutée, pas vraiment dans le style minéral typique de Chablis. Velouté, avec toujours ce toucher original de yaourt, il se caractérise par une acidité moyenne et toujours une finale veloutée. Original pour un Chablis, quoique pas vraiment ce qu’on attend d’un Chablis.
Le Châteauneuf-du-Pape blanc 2007 du Domaine Mont-Redon ne tient pas vraiment son rang. Certes le nez est aguicheur, sur les agrumes, l’amande, le fruit blanc ; l’on ressent un certain gras, même si l’attaque est banale. Peu de volume en bouche, une persistance moyenne tout comme la finale. A revoir.

Enfin, j’ai aussi retenu deux vins d’Amérique, même si j’ai toujours autant de mal à trouver chaussure à mon pied en matière de vin blanc. Surtout en ce qui concerne les vins des USA, pour qui je n’ai jamais eu d’émotion particulière. Le Gewürztraminer 2006 de Fetzer est très original au nez, sur le bonbon à la fraise et les fleurs, mais une fois de plus, la bouche est surfaite, artificielle, aucun travail de finesse et une prise de bois importante. La finale est courte et alcooleuse. Le Mendoza blanc 2007 de la maison Tematico est issu du cépage Torrontes. J’ai pu déguster ce vin plusieurs fois au cours de la foire aux vins et j’en ressort avec des sentiments mitigés mais encourageants. Tout d’abord, je me souviens d’un nez herbacé, floral, friand et original. On dirait un assemblage Sauvignon blanc – Gewürztraminer ! La bouche est tantôt exquise, tantôt acide, alcooleuse car le bébé fait quand même 14% ! Mais quoi qu’il en soit, ce vin doit être goûté pour se faire une idée de ces nouvelles sensations que peuvent procurer les vins blancs d’Outre-Mer, malheureusement encore avec une certaine irrégularité.

    Vins blancs liquoreux

C’est une première pour moi à cette présentation des vins liquoreux, car l’année dernière je n’ai pas eu le temps d’y arriver ! On y trouve de très belles interprétations de vins liquoreux, de France mais aussi d’Europe. Il faut dire que j’ai pris le temps de me rendre à ce stand car par cette chaleur, il était presque impossible de goûter des vins rouges parfois très riches…

La première dégustation compare deux vins issus du même domaine allemand. L’Eiswein Gutedel Auggen Schäf 2005 (vin de glace) est d’une couleur or clair brillant. Le nez nous emmène sur des notes facilement identifiables de compote de pommes, de coing et de pêche. L’attaque est douce avec un velouté doux et frais. Très orienté sur la pomme, le raisin blanc, il évolue ensuite sur le caramel. Moyennement long et peu complexe, il n’en demeure pas moins très sexy. Le Chardonnay Beerenauslese Gutedel Auggen Schäf 2006 (grains nobles) offre plus de structure, plus de caractère ; côté végétal (chèvrefeuille) mêlé aux fruits jaunes. En bouche on ressent toujours cette structure, mais le tout est peu expressif. Toutes ces critques trouvent peut-être leur source dans l’essence du cépage Chardonnay, dont la pourriture noble est rarement travaillée.
Le Riesling Beerenauslese 2006 du Dr Loosen a attiré mon attention de prime abord, car ce domaine figure parmi les têtes d’affiche en Allemagne. Mais curieusement, la couleur est elle-même plus pâle et plus cristalline que prévu ! La finesse au nez est typique du Riesling, sur le fruit blanc, l’ananas et le minéral. Frais et minéral en bouche, il est presque impossible de dire que ce vin est issu d’une sélection de grains nobles ! L’acidité ciselée confère une très belle longueur. Quelle surprise pour un Beerenauslese ! Presque déroutant.

Pour finir, voici deux Seigneurs du Sauternais dans un superbe millésime. Preuve en est avec le Château Rayne-Vigneau 2005, 1er Grand Cru Classé de Sauternes qui arbore une robe or pâle brillante et un jambage très prometteur. Au nez, le botrytis est parfait avec du raisin frais, des fruits blancs et rouges, un peu de rôti et surtout une très belle finesse. L’attaque est franche, légèrement amère, avec des arômes de pomme et de miel. L’acidité qui promet un bel avenir à ce vin qui se prolonge longuement dans une finale chaleureuse. IVV : 92/100.
Le Château Coutet 2005, 1er Grand Cru Classé de Barsac annonce d’emblée plus de corps avec un nez persistant sur la compote de pommes, le miel et une pointe minérale. L’attaque en bouche est elle aussi plus structurée, le palais est gouleyant de fruit mais l’acidité est magnifique et une confère un très bel équilibre à l’ensemble. On retrouve un vin plus masculin en finale, avec une longueur annonciatrice d’un grand potentiel de garde. IVV : 92+/100. Cette confrontation permet de différencier les styles Sauternes et Barsac mais montre avant tout que 2005 est un millésime complet pour les liquoreux. Longueur, richesse, acidité, autant d’ingrédients essentiels à un grand millésime.

Voici pour ma sélection de blancs. Rendez-vous très bientôt pour ma sélection de vins rouges, avec en point d’orgue quelques bijoux de France et d’ailleurs.

In vino veritas
Thomas