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Salon des Vins Henner 2010

Par 3 novembre 2010avril 21st, 2013Non classé

Quelques grands producteurs et autant de grandes bouteilles ont pris part à la dernière édition du Salon des Vins organisé par la Maison du Vin Henner au Parc des Expositions de Mulhouse. Ainsi les Champagnes Mailly, le Domaine Albert Mann, Stéphane Tissot, les vignobles Brunier ou encore les vignobles Parcé (la Rectorie, la Préceptorie) ont côtoyé d’autres petits et talentueux vignerons venus spécialement pour l’occasion…


Cela fait presque deux semaines que ce rendez-vous annuel a eu lieu, il n’empêche que ma mémoire garde comme toujours de très bons souvenirs de cette dégustation annuelle organisée par le marchand de vin Henner à Sausheim. Pour le coup l’organisateur a décidé de louer une salle du Parc des Expositions de Mulhouse pour y faire venir quelques grands vignerons comme ceux listés dans le trailer de ce commentaire. Nous décidons donc sans hésitation de nous rendre avec Sébastien à notre rendez-vous annuel avec les vins vendus par ce commerçant célèbre à Mulhouse, en Alsace et au-delà.

Nous commençons, enfin je commence par une dégustation de Champagne offerte par les Champagnes Mailly et il faut dire que je fus bien plus conquis par ses vins que par ceux de la maison Larmandier-Bernier invitée l’année précédente. Pour preuve ce Champagne Mailly Grand Cru Brut Réserve composé à 75% de Pinot noir et pour le reste de Chardonnay sur dix millésimes différents à la fois mûr, vif voire fougueux et chaleureux. La finale est mûre, puissante sur de légères notes fruités fraîches. Le Champagne Mailly Grand Cru Blanc de Noirs sublime quant à lui le terroir de Mailly très célèbre pour son Pinot Noir. Le résultat est complexe et subtil au nez puis extrêmement élégant, soyeux et crémeux en bouche. Sa netteté et sa droiture en finale sont remarquables. Enfin la cuvée de prestige L’Intemporelle 2005 produite à seulement 20.000 flacons séduit de par sa robe jaune dorée. Il se distingue au nez avec des notes d’agrumes, de brioche avec une évolution sur le caramel au beurre salé. Son terroir crayeux est révélé par ses notes salines et iodées qui soulignent une grande élégance au palais. A la fois charmeur et plein de caractère, ce Champagne élégant porte très bien son nom. Très bien.

Le Domaine Albert Mann est représenté tous les ans à ce salon et c’est toujours avec autant de plaisir que nous ne rendons chez un des plus célèbres vignerons de la région. Rien que son Pinot Blanc Auxerrois 2009 est un modèle d’équilibre, avec un vin qui glisse sur le palais avec des notes citronnées rafraîchissantes. A 7,20€, autant ne pas se priver. Pour les Grands Crus le domaine utilise toujours encore le bouchon en liège par opposition aux cuvées plus classiques comme ce Pinot Blanc. Pourtant la capsule a le vent en poupe au domaine puisque plusieurs tests comparatifs ne révèlent aucune différence de goût entre les deux modes de conditionnement, avec pour seul risque le goût de bouchon. Encore très jeune le Riesling Grand Cru Schlossberg 2009 joue dans un registre plutôt exotique avec une bouche très droite. Le Pinot Gris Grand Cru Hengst 2007 a stoppé sa fermentation à 27g/L de sucre résiduel et se distingue comme toujours par son fruit jaune éclatant de maturité avec une évolution sur le caramel et le champignon. Toujours aussi chaleureux et fougueux, il doit néanmoins encore se faire et perdre son côté pétillant et juvénile. Le Gewürztraminer Grand Cru Steingrübler 2007 manque quelque peu d’expression de fruit en bouche malgré un côté épicé, exotique et fleuri typique au nez. La finale reste toutefois élégante et longue. Le dernier blanc est en fait un vin moelleux bu en toute fin de dégustation : le Pinot Gris Altenbourg Vendanges Tardives 2008 est d’une belle maturité avec un excellent botrytis exotique avec une pointe de fruit rouge. Malgré sa puissance et son niveau de sucre, il est incroyablement équilibré et long grâce à un excellent niveau d’acidité.
Enfin n’oublions pas les grands vins rouges produits par le domaine dont ce magnifique Pinot Noir « Clos de la Faille » 2008. Sensé être l’entrée de gamme en Pinot Noir de terroir avant les « Grands Crus » Grand P et Grand H (et une nouvelle cuvée de prestige issue de vignes dans les coteaux de Sigolsheim à venir…), il est toujours aussi top avec une couleur rouge sombre, un nez complexe (fruits rouges – fraise, prune, cerise mêlés aux épices), une texture soyeuse et enrobée avec un sacré volume en bouche. C’est franchement très bon ! D’ailleurs le Domaine Albert Mann figure pour moi dans le Top 3 des meilleurs producteurs de Pinot Noir en Alsace.

Nous changeons de région et nous rendons au stand d’un des plus grands producteurs de vin du Jura, Stéphane Tissot. Comme d’habitude cette grande maison propose des vins de grande qualité à des prix certes assez élevés mais plutôt justifiés à ce niveau de qualité. Les 4 vins dégustés à ce stand très visité nous ont permis de constater une fois de plus toute l’étendue de la qualité de vinificateur de Stéphane. Comme déjà dégusté lors d’un précédent Salon des Vins chez Henner (voir par ailleurs) l’Arbois Chardonnay « Les Graviers » 2008, Domaine Tissot exhibe des notes typiques de bergamote, d’épine de sapin et de bonbon La Vosgienne. Un vin de structure, avec du volume et une finale grasse sur la noisette. L’Arbois Chardonnay « La Mailloche » 2008, Domaine Tissot est quant à lui plus fin au nez, avec une belle acidité qui vient souligner tout le caractère de ce vin toute en tension avec une belle finale acide. Le dernier vin sec de la série est une découverte de prestige puisque l’Arbois Chardonnay « Le Clos de la Tour de Curon » 2007, Domaine Tissot est une nouvelle cuvée, proposée tout de même à presque 60€ la bouteille ! Issu d’une parcelle plantée à un rendement de 12000 pieds/ha et de rendements minuscules de l’ordre de 12-15hL/ha pour 1.600 bouteilles par an, ce Chardonnay a un nez très complexe et profond. Dans la grande hâte qui nous entoure, je ne peux que déceler de superbes notes florales et épicées avec une pointe d’agrumes confits. En bouche, ce nectar brille grâce à son équilibre génial, sa droiture et sa grande minéralité. Les notes fumées et beurrées sont fidèles au cépage et la finale est citronnée, profonde et longue. Certes ce vin est un poil plus chaleureux qu’une grande Côte de Beaune mais je m’essaierai bien volontiers à la comparaison avec un grand blanc de Bourgogne après quelques années de garde. Un vin superbe !
Pour finir cette série nous goûtons Spirale 2007, un vin passerillé riche en fruits compotés (coing, mirabelle, abricot) avec une évolution sur les fruits rouges et la noix. Pulpeux et compoté en bouche, il sait rester frais malgré son niveau de sucre très élevé. Le miel, le beurre, le caramel et le sucre roux complètent cette grande palette aromatique avec une belle harmonie. Top !

Cap sur la Vallée du Rhône avec comme chaque année les vins de la famille Brunier (Vieux Télégraphe, La Roquète, Les Pallières) présentés par la belle Corinne Estadieu. Le seul blanc de la série est le Châteauneuf-du-Pape blanc 2009 du Domaine La Roquète. Vieilli à 50% en fût de chêne neuf, cet assemblage de Grenache blanc et de Clairette principalement est floral, fumé de riche en fruits blancs. Certes encore très puissant, enrobé et dominé par un joli boisé vanillé, il demande du temps avant d’être à son optimum. Viennent ensuite les deux compères de Gigondas à savoir « Les Racines » 2008, Domaine Les Pallières et « Les Terrasses du Diable » 2008, Domaine Les Pallières. Le premier est issu de vieilles vignes et il le fait savoir avec son nez ouvert et complexe plein de fraîcheur, de croquant et riche en fruit rouge. Des notes végétales et épicées (herbes de Provence) complètent un ensemble olfactif très intéressant. En bouche, il est toujours aussi frais et sanguin, presque sauvage avec des notes toastées et une belle structure minérale. Très profond, il contraste avec son accolyte qui est lui plus gourmand et plus rond grâce à des notes de pâte d’amande et de vanille. « Les Terrasses du Diable » demandent peut-être un peu plus d’aération pour se donner. Une comparaison intéressante.
Pour finir, les deux ténors de la famille Brunier s’affrontent : de prime abord, le Châteauneuf-du-Pape 2008 du Domaine de La Roquète est complexe au nez avec des notes typiques de cassis, de mûre et d’herbes de Provence. Ce jeune vin brille de par sa fraîcheur en bouche et sa belle acidité. Il est jeune et doit encore se faire mais il laisse une belle trace en finale attestant d’un beau potentiel de garde. Son grand frère, le Châteauneuf-du-Pape 2008 du Domaine du Vieux-Télégraphe s’ouvre sur une touche minérale encore plus marquée ainsi qu’une puissance d’athlète ! Il offre des arômes supplémentaires de poivre blanc et une superbe fraîcheur. Il demandera encore plus de temps de garde avant de donner toute la mesure de son talent.

Avant de finir avec le Languedoc-Roussillon, laissez moi vous présenter une surprise de taille avec le Côtes du Lubéron « l’Infante » 2009 du Domaine Ruffinatto. Ce vin et son vigneron méritent une mention toute particulière puisqu’ils sont issus de régions moins cotées mais ont brillé grâce à leur travail et leur passion de la terre. Christian Ruffinatto est un travailleur hors pair, en témoigne ces mains toutes ridées et enflées mais il nous a présenté en brut de cuve ce vin au nez complexe et intense et mûre, de cassis et de romarin. La bouche monte crescendo avec une belle ampleur et une grande persistance en fin de bouche, avec une évolution sur le fruit noir et des notes animales. Sachez tout de même que pour le prix d’un Vieux Télégraphe, vous pouvez acheter 3 bouteilles de ce superbe vin.

Il en va de même pour le Domaine Borie La Vitarèle et ses Saint-Chinian de classe. Pour moi le Saint-Chinian « Les Terres Blanches » 2009 mérite une fois de plus un coup de coeur pour sa gourmandise, sa rondeur et son fruité mûr. Facile à boire car ses tannins sont d’ores et déja bien intégrés, il fera votre bonheur pour tous les jours pour environ 8€. Les autres vins de la gamme sont aussi à découvrir mais personnellement, c’est cette cuvée qui colle le plus à la région et au vigneron. Alors certes le Saint-Chinian « Midi Rouge » 2008 laisse une belle trace. Vieilli en barrique, cet assemblage 50% Syrah complété de Mourvèdre et de Carignan est puissant et sanguin, avec des notes de cannelle et de fruits cuits. En bouche il étonne de par sa rondeur avant de dévoiler toute sa puissance dans un ensemble poivré et une finale longue et pleine de caractère. Mais franchement à presque 38€, c’est un peu cher non ?

Pour finir nous nous faisons plaisir avec les vins du Roussillon proposés par Marc Parcé. Déja le Collioure blanc « L’Argile » 2008 du Domaine de la Rectorie nous rafraîchit avec son beau fruit blanc, ses épices et sa rondeur toute rafraîchissante. Plein de finesse, ce vin se termine avec une belle trace acide. Ce sont les 2 vins suivants qui ont retenu toute mon attention. Tout d’abord le Banyuls Cuvée Léon Parcé 2007 du Domaine de la Rectorie s’ouvre sur la griotte cuite et le pruneau. Malgré un titre alcoolique élevé, il se caractérise par son équilibre « de fou » (sic) grâce à sa grande fraîcheur. En résulte un vin moelleux d’une grande élégance avec toujours ce fruité enrobé d’une belle note de pâte d’amande. Enfin le Maury Cuvée Amélie 2008 du Domaine de la Préceptorie reprend les mêmes caractéristiques que son accolyte dans un registre plus puissant et plus poivré que l’on retrouve dans les Corbières. Toujours une grande fraîcheur et une trace minérale malgré un haut degré. Cet équilibre est rare à trouver parmi tous les vins rouges moelleux que j’ai goûtés jusqu’à présent. Superbe série !

Une fois de plus je sors ravi de cette dégustation. Merci au Marchand de Vin Henner d’avoir pu aligner une telle brochette de grands vignerons français. Et preuve en est de toute la qualité de nos régions viticoles, je n’ai même pas goûté un seul vin des deux célèbres vignobles français à savoir le Bordelais et la Bourgogne. Comme quoi on peut boire des grands vins partout dans notre pays, et sans se ruiner !

In vino veritas