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Soirée 20 d’hiver

Par 12 mars 2013avril 18th, 2013Non classé

L’hiver se prolonge dans nos contrées nordiques. Pendant que certains sont convalescence ou en vacances de sport d’hiver, nous profitons pour nous retrouver avec Seb et Yannick et entretenir notre santé préservée autour de trois beaux vins : Hermitage « La Petite Chapelle » 2002, Jaboulet ; Vosne-Romanée 2005, Domaine François Gerbet ; Riesling « Wehlener Sonnenuhr » Auslese 2006, Joh. Jos. Prüm. En d’autres termes un joli programme…

Hermitage - la petite Chappelle & Vosne RomanéeCette Soirée 20 est la première de l’an 2013 qui, je dois l’avouer, m’a déjà réservé pas mal de surprises… J’arrive donc chez Yannick avec Seb, mon chauffeur attitré. Lionel n’a pas pu faire le court déplacement en raison d’une grippe qui le guettait déjà la veille. Nous retrouvons chez Yannick un invité surprise en la personne de Carsten, son collègue allemand en instance de départ pour de nouvelles aventures professionnelles dans son pays d’origine.

Nous sommes prêts à attaquer un plateau de fromages concocté par notre hôte avec l’aide précieuse d’un fromager célèbre nommé Bernard Antony à Vieux-Ferrette ; les connaisseurs apprécieront. Il est toujours difficile de débuter une soirée à l’aveugle quand aucun des participants ne peut placer son propre vin dans une série qu’il ne connait pas… Nous choisissons de donner la priorité à Sébastien qui, sous ses airs discrets, ne manque pas une occasion de nous faire partager ses coups de coeur. Celui-ci en est un, pour ne pas dire une des raisons qui nous a forcé à créer ce blog en 2006. Bref nous débutons avec l’Hermitage « La Petite Chapelle » 2002 de Paul Jaboulet Aîné qui présente une robe rouge grenat avec un disque épais, des jambes grasses et pas mal de particules en suspension. Son premier nez de baies rouges, d’herbes aromatiques, de cerise et de fraise écrasée me fait pencher pour la Bourgogne et plus précisément la Côte de Nuits. Profond et frais à la fois il dévoile déjà beaucoup de complexité. L’aération nous propose tour à tour des notes de clou de girofle, de poudre de cacao et de truffe chocolat-framboise. L’attaque en bouche est franche avec beaucoup de concentration et une belle matière. Les fruits rouges se mêlent aux épices (cannelle) avec une pointe d’encre. Un bel accent minéral donne un élan de fraîcheur jusque dans une finale longue et profonde, où épices et herbes aromatiques se mêlent (fenouil, clou de girofle, romarin). Ce superbe vin issu d’un millésime difficile en Rhône est maintenant à pleine maturité et révèle toute la noblesse de son grand terroir.

Le Vosne-Romanée 2005 de François Gerbet sera-t-il la Côte de Nuits qui challengera ce très bel Hermitage ? Avec sa robe rouge brillante et ses larmes grasses, il s’ouvre sur des notes marquées de fraise et de cerise. Doté d’une certaine profondeur au nez, il propose au fur et à mesure des touches d’orange, de cannelle puis une évolution sur le cuir et un côté animal. Le nez est d’une belle harmonie avec un côté flatteur propre au millésime. L’attaque en bouche est légèrement douce, le palais se révèle moyennement intense avec une certaine fraîcheur en fin de bouche. La matière est là, toutefois l’équilibre n’est pas aussi précis et noble que le vin ne laisse présager au nez. La fin de bouche est sur des amers fins et se montre moyennement longue. En somme il s’agit d’un bon vin mais qui se deséquilibre avec le temps dans le verre à cause d’un léger excès d’alcool. Il n’aura pas fait le poids face à son prédecesseur.

Nous terminons avec le clin d’oeil de la soirée : en sachant que Carsten nous rejoindrait pour passer encore une soirée en notre compagnie avant son départ, je me suis dit qu’il fallait apporter un vin allemand. Mais je ne pensais pas du tout que le néophyte qu’il déclare être trouverait immédiatement qu’il s’agit d’un vin de Mosel-Saar-Ruwer ! Ils me blufferont toujours ces allemands… comme ce Riesling « Wehlener Sonnenuhr » Auslese 2006 du fameux Domaine Joh. Jos. Prüm. Ce vin prétendu moelleux nous dévoile une robe jaune pâle limpide aux reflets verts. De légères bulles annoncent presque un côté effervescent. Son nez est très discret et très minéral, sur des notes subtiles et raffinées de citron, de pierre chaude et de cendre. Alors que tout laisse penser à un vin à caractère sec, la bouche est d’un contraste saisissant ! La première gorgée apparaît comme très sucrée mais passé cet étonnement, je retrouve en filigrane tout la classe d’un grand terroir. Le palais regorge de fruit, avec des notes fumées (d’ailleurs je retrouve cet excellent goût du fumet de la gelée de Yannick) ! La fin de bouche joue sur l’abricot et les fruits exotiques. On retrouve toujours cette minéralité pétillante jusqu’en finale, ce qui fait que le vin ne laisse aucune sensation de lourdeur, bien au contraire. Je ne pense pas que mes accolytes aient accroché, mais ayant eu la chance de pouvoir finir la bouteille le lendemain avec ma chère et tendre, je peux vous assurer que ce vin nous fera chavirer dans 15 ans ! Il suffira qu’il absorbe encore ses sucres résiduels pour mettre au grand jour le citron confit et toute la noblesse de ce grand terroir du Sonnenuhr. Patience…

 

Au final nous avons eu droit à une belle confrontation de rouges et un surprenant vin d’outre-Rhin au cours de cette soirée très conviviale. L’excellent plateau de fromages a été un partenaire idéal pour ces trois vins que nous auront certainement l’occasion de regoûter dans les prochains temps. Stay tuned…

In vino veritas