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Soirée 20 en Côte de Beaune

Par 13 octobre 2016décembre 15th, 2016Non classé

A l’aube de la Rentrée j’ai eu la chance de réviser mes classiques grâce à quelques grandes bouteilles de la Côte de Beaune, en compagnie de quelques amis et de bons petits plats. Voici les candidats : Chardonnay « Castel Giovanelli » 2011, Kaltern, Südtirol, Italie (vin pirate) ; Meursault Les Narvaux 2011, Pierre-Yves Colin-Morey ; Chassagne-Montrachet 1er Cru Champ Gain Vieilles Vignes 2006, Jouard ; Chassagne-Montrachet 1er Cru Les Champs Gains 2009, Pierre-Yves Colin-Morey ; Meursault 1er Cru Les Charmes 2001, Philippe Bouzereau ; Pommard 1er Cru Clos des Epeneaux 2005, Monopole du Comte Armand.

 


cote de Beaune

Cela fait maintenant quelques années que je fais la part belle aux vins blancs de la Côte de Beaune dans mes achats. Il en va souvent de l’investissement sur le long terme plutôt que de la consommation immédiate mais comme chaque bouteille est faite pour être bue, il était temps de rassembler quelques amis pour faire une évaluation : bizarrement les candidats sont toujours rendez-vous pour ce genre de test ! C’est alors que j’organise une session avec une série représentative des grands blancs de la Côte ; et puis comme le Pommard me faisait de l’oeil depuis quelques mois, je me suis dit que l’occasion était trop belle pour le laisser sur l’étagère…

Yannick a comme toujours voulu me challenger sur mon territoire, aussi a-t-il prévu d’ouvrir un vin pirate avec le Chardonnay « Castel Giovanelli » 2011 de la cave de Kaltern dans le Südtirol (Italie). C’était sans compter sur ma détermination de le renvoyer à ses études avec un Meursault Les Narvaux 2011 prometteur du très en vogue Pierre-Yves Colin-Morey. Et comme prévu il n’y a pas eu de match ! Le Chardonnay italien arbore une robe dorée soutenue ainsi que des notes de fleur blanche, de cire et de boîte à pharmacie. Malgré un ensemble plutôt prometteur au nez, il déçoit en bouche à cause d’un excès de richesse et de boisé qui révèle son côté chaleureux, presque alcooleux. Il s’assagit peu à peu mais son style surfait ne satisfera pas l’assemblée. D’autant plus qu’il avait affaire à un client de la première heure. Le Meursault Les Narvaux joue dans un autre style, plus subtil, plus pierreux et légèrement réduit. Sa couleur pâle et claire annonce d’emblée une approche plus nuancée malgré une évolution olfactive sur le beurre salé et la crème pâtissière. La bouche riche, mentholée et pierreuse est marquée par une fraîcheur que lui confère un terroir d’altitude malgré une grande maturité de fruit. Il faut dire que le terroir des Narvaux surplombe l’appellation, presque plus haut que les premiers crus du village. Il procure un caractère longiligne à ce Chardonnay d’une incroyable pureté, à la finale sapide et explosive. Une véritable bombe !

cote-de-beaune-verresNous accompagnerons le saumon écossais en papillote et sa ratatouille de deux Chassagne-Montrachet issus du 1er Cru Les Champ-Gains (ou Champ-Gain), l’un de 2006 produit par les frères François et Vincent Jouard et l’autre de 2009 produit par Pierre-Yves Colin-Morey dont nous avons déjà entendu parler précédemment… Le terroir des Champs-Gains est idealement placé au coeur du village de Chassagne, juste en dessous du célèbre Cailleret ; il est connu pour produire le gras, la rondeur et la volupté archétypales de l’appellation. Le 2006 offre une robe or légèrement évoluée ainsi que des nuances de tisane, de fruits jaunes et de miel d’acacia. Le côté lacté de l’ensemble est assez palpable et confère un supplément de gras en plus des arômes de cire, de fruit jaune confit et d’abricot. Ce beau Chardonnay est pleinement épanoui malgré une finale légèrement amère. Le 2009 est beaucoup plus strict, plus minéral avec des notes d’agrumes et de fruit blanc. Sa bouche est d’une grande précision en attaque, sur la pêche blanche puis le citron confit avant que la puissance du cru ne s’affirme pleinement. La finale minérale, citronnée et saline prend des nuances cendrées pour nous offrir toute la force du terroir. Certes la chaleur du millésime ressort après quelques temps dans le verre mais il s’agit néanmoins d’une belle réussite, dans le style singulier de ce vigneron.

Que serait un bon repas sans un joli plateau de fromages ? Le Morbier, le Saint-Nectaire et le Brillat-Savarin attendent leur tour. Vin blanc ou vin rouge, faites vos jeux ! Nous débutons avec le Meursault 1er Cru Charmes 2001 du Château de Cîteaux (Philippe Bouzereau). J’ai eu la chance de faire la connaissance de ce vigneron il y a une dizaine d’années lorsque je travaillais pour un grand restaurant. Il s’agit de la dernière bouteille qu’il me restait de cette époque. La couleur or du vin est prononcée, son nez déjà oxydé sur le champignon, la noix, la poire et le miel brûlé. Riche mais encore lumineux, il délivre encore toute la puissance de ce terroir exposé de Meursault. Son allonge est caractéristique tout comme sa minéralité qui ne se révèle pleinement qu’après quelques heures. Sa légère amertume boisée est balancée par la sapidité de ce vin de lieu qui aurait brillé sans un élevage un poil poussé. Certes tout le monde n’aime pas les Chardonnay âgés mais personnellement, j’ai tant de souvenirs de ce Meursault Les Luchets 2001 du Domaine Roulot sur une quenelle de brochet…

Bref nous terminons cette soirée avec un vin rouge et non des moindres, le Pommard 1er Cru Clos des Epeneaux 2005 qui est un Monopole du Domaine du Comte Armand. Il s’agit de la première bouteille que j’ouvre de ce cru et malgré ses 10 ans bien tassés, il arbore toujours encore une robe grenat juvénile d’une épaisseur assez unique. Le fruit noir profond est parfaitement mûr si bien qu’il évolue sur le pruneau, la cerise aigre, la mûre et la réglisse. Quel charme, quelle opulence ! En bouche ce Pommard est un roc d’une intensité singulière qui met au jour les petits fruits rouges portés par des tannins juteux, pleins et d’une maturité exceptionnelle. Ce vin impressionne par sa texture mais aussi et surtout par son extrême buvabilité. Déjà au top, on se prend à rêver à un potentiel de garde d’encore plusieurs décennies pour atteindre la perfection. Une référence absolue dans ce millésime mythique ! Impressionant !

 

Vous l’aurez donc compris, le doublé gagnant fut sans aucun doute le Meursault Les Narvaux 2011 de Pierre-Yves Colin-Morey qui a challengé bon nombre de 1ers Crus lors de cette soirée. Quant au Pommard 1er Cru Clos des Epeneaux 2005 il nous confronte tout bonnement à la hiérarchie des vins de Bourgogne car il se place sans aucun doute au niveau d’un Grand Cru, tant par sa présence que son potentiel de garde exceptionnel.

In vino veritas