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Les beaux flacons de l’été

Par 13 octobre 2016novembre 7th, 2016Non classé

Voici une sélection des meilleures découvertes de l’été, dont la majorité a été bue avec Stéphane, un ami tout aussi passionné par les bonnes choses, au cours de 2 soirées amicales. Faites votre choix entre les vins suivants : Corton-Charlemagne Grand Cru 2005, Rapet ; Cornas Reynard 2007, Thierry Allemand ; Riesling Grand Cru Rangen de Thann 2012, Schoffit ; Saint-Joseph blanc 2012, Domaine du Monteillet ; Le Coudoulet de Beaucastel 2013, Côtes du Rhône ; Cuvée Spéciale Tibouren du Clos Cibonne 2015, Cru Classé de Provence ; Châteauneuf-du-Pape « Secrets de Pignan » 2009, La Bastide Saint-Dominique ; Montlouis-sur-Loire « Rémus » 2014, Domaine de la Taille aux Loups.

 


rapet - cornas-  clos cibonne

De retour d’une semaine festive à Ibiza, j’ai l’occasion d’ouvrir deux belles bouteilles avec mon ami Stéphane au cours d’une soirée estivale en ville. Comme d’habitude il ne nous faudra quelques amuses-bouches, d’une baguette de pain et d’autres petites bricoles pour être comblés, du moment que les grandes bouteilles nous livrent tous leurs secrets ! Ce fut le cas avec le Corton-Charlemagne Grand Cru 2005 du Domaine Rapet, une propriété célèbre de Pernand-Vergelesses au pied de la colline de Corton. J’avais eu la chance d’acheter quelques bouteilles de ce vin lors d’un rachat de cave chez un particulier, et cette fois-ci encore, ce vin m’a grandement convaincu (voir ici le compte-rendu d’une autre bouteille de ce vin goûtée en 2014). Sa robe or profonde, soutenue et brillante souligne la majesté du cru tout comme la grande présence aromatique du nez. A la fois pimpant de fruit jaune mûr (pêche, abricot) et chaleureux (foin, miel, cire) il propose un ensemble complexe et séduisant. La bouche concentrée nous envoûte grâce à sa texture veloutée et sa puissance aromatique sur le fruit jaune mûr. Sa longue finale confirme son pedigree. Je ne me lasse pas de ce vin de classe même passé une certaine oxydation après 2 jours d’ouverture (pomme au four, caramel) car il est doté d’un grand fond et d’un toucher de bouche huileux qui se poursuit fraîchement dans une finale sapide, longue et aux beaux amers. Au top !

Il est suivi par encore meilleur que lui, si tant que les deux vins puissent être jugées en parallèle. Le Cornas Reynard 2007 de Thierry Allemand porte une robe sombre presque impénétrable, d’ailleurs ce vin ne se livre pas non plus d’emblée au nez malgré une aération préalable d’une heure. Mais une fois dans le verre, c’est un véritable parfum qui embaume nos narines ! Un fruit pur (cerise noire) et brut à la fois mêlé de fines notes végétales (herbes aromatiques, herbes de Provence), symbiose parfaite d’une vinification en vendange entière parfaitement maîtrisée. La fleur (rose, lys) prend le relais : c’est somptueux… puis le cuir, les épices : c’est grand ! Que dire de la bouche, aux tannins d’un soyeux et d’une finesse uniques ! Ce Cornas a un style inimitable, c’est une ode à la majesté de la Syrah et du terroir des Reynards, un coteau granitique au sommet de l’appellation. Ce vin a la profondeur d’un Chambertin alliée à un sentiment de plaisir simple. Sa finale saline, très longue et finement levurée relance à plusieurs reprises avec une pureté infinie. Un délice suprême ! Oh mon Dieu quel vin !

 

Quelques jours plus tard nous nous retrouvons chez Stéphane pour poursuivre la saga de l’été des grands vins sur sa terrasse, en compagnie de quelques amis et d’un barbecue au soleil couchant. L’apéro ne manque pas de caractère avec un Riesling Grand Cru Rangen de Thann 2012 du Domaine Schoffit, sont on soupçonne l’origine dès le premier nez ! Le fond minéral du terroir apparaît mais sans être transcendée par la beauté de l’âge si bien qu’il apparaît un brin technologique pour le moment. La bouche grasse, encore légèrement perlante, procure des sensations fruitées (citron, fruit de la passion) ainsi qu’une certaine rondeur. Un fond acide doit encore s’intégrer à l’ensemble pour que ce vin procure plus de vibration.

Le Saint-Joseph blanc 2012 du Domaine du Monteillet est l’oeuvre de Stéphane Montez, un vigneron attachant que j’ai eu la chance de rencontrer chez lui, dans son joli caveau qui surplombe le Rhône. Il a produit cet assemblage de Marsanne (58%) et de Roussanne (42%) des plus plaisants, au nez lacté, minéral et pulpeux d’abricot et de poire. Des notes de poivre blanc et de citron confit complètent le tableau dont le fond est marqué par la présence du terroir granitique. A la fois minéral et suave en bouche, il déploie toute sa force mais sans excès car il est doté d’un superbe équilibre. Finale café et finement caramélisée. Très bien !

Nous passons aux vins rouges avec une spécialité du Clos Cibonne, Cru Classé de Provence issue d’un cépage endémique, le Tibouren. Sur le millésime 2015 nous sommes en présence d’une véritable bombe de fruit, sur la framboise et la mûre. Son côté croquant est souligné par une belle définition et des tannins farineux mais tout en fraîcheur. Ce vin rouge se veut digeste, aromatique et d’une belle fraîcheur jusque dans un final aux nuances de tabac. Excellent, une superbe découverte.

La série suivante nous permet de comparer un « Châteauneuf en culotte courte » à une cuvée de prestige, ce qui en fait une évolution assez intéressante. Le Coudoulet de Beaucastel 2013 blanc, Côtes du Rhône provient de jeunes vignes adjacentes au vignoble de Beaucastel, juste séparées par l’autoroute A7 ! Cet assemblage de Viognier, Marsanne, Bourboulenc et Clairette offre un nez aux nuances multiples, à la fois sur la menthe, l’anis, le fumé avec des côtés légèrement tourbés et racinaires : on est bien loin de l’expression bodybuildée de certains de ses confrères… On retrouve en bouche une certaine minéralité, une vivacité citronnée et ce côté végétal racinaire. Une trace malo-lactique confère une certaine rondeur mais aussi un caractère légèrement asséchant en finale mais ne serait-ce pas plutôt un extrait sec marqué de jolis amers ? Très bien, et dans un style singulier pour l’appellation. Face à lui une référence en rouge : le Châteauneuf-du-Pape rouge « Secrets de Pignan » 2009 de la Bastide Saint-Dominique fait figure d’épouvantail. Son nez très Grenache dévoile des arômes subtils de fruit noir, d’épices et de cacao. Très élégant en bouche et doté de tannins frais, il joue encore dans un registre fruité primaire mais ce qui impressionne, c’est cette fraîcheur qui le mènera loin. Vin sombre, profond et doté d’un grand potentiel, il s’agit d’un modèle pour l’appellation avec un rapport qualité/prix de tout premier ordre.

Nous terminons sur une note fraîche avec un vin blanc certes encore bien trop jeune, mais que notre hôte voulait absolument nous faire découvrir. Le Montlouis-sur-Loire « Rémus » 2014 du Domaine de la Taille aux Loups est l’oeuvre d’un des maîtres du Chenin, Jacky Blot. Il occupe le haut du pavé de cette superbe appellation en compagnie de François Chidaine. La cuvée « Rémus » est le résultat d’une sélection parcellaire sur des vieilles vignes de Chenin qui ont entre 50 et 80 ans avec des rendements très faibles (20hL/ha). Il en résulte un vin au nez encore discret, filant et minéral, finement végétal, salin et ciré. En revanche la bouche est étonnamment riche, concentrée mais dotée d’un équilibre démentiel entre la maturité du fruit et la fraîcheur du minéral. Evolution sur la pomme verte, le thé blanc et la pêche laisse entrevoir toutes les promesses de ce vin à la maturité incroyable et la vivacité presque électrique. Quel futur !

 

Avec tous ces plaisirs viniques, il est dur de se projeter vers la Rentrée. Mais heureusement nous savons tous que les mois d’automne promettent bien de nouvelles aventures viniques. Merci à toi Stéphane d’avoir accompagner mes agapes estivales.

In vino veritas