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Soirée 20 amicale dans un nouveau Pavillon

Par 14 avril 2014Non classé

Notre Soirée 20 mensuelle vient d’inaugurer la nouvelle maison de notre ami Lio de la plus belle des manières : Saint-Véran « En Crèches » 2010, Domaine Barraud ; Riesling Grand Cru Eichberg 2009, Pierre-Henri Ginglinger ; Meursault 2009, Benjamin Leroux ; Pavillon Rouge du Château Margaux 2005, Margaux ; Pavillon Rouge du Château Margaux 2000, Margaux ; Châteauneuf-du-Pape 2007, Domaine de la Roquète. Retour sur ce moment de partage et d’amitié…

 

Ce mois-ci la Soirée 20, synonyme de retrouvailles entre amis autour de bouteilles mystères, a le privilège d’inaugurer la nouvelle maison de Lio. Après une journée de printemps magnifique passée à braver les cols vosgiens, nous nous retrouvons chez notre ami pour célébrer notre amour des bonnes bouteilles autour d’un baeckeofe alsacien.

Saint Véran BarraudAlors que les uns se pomponnent encore dans la salle de bains, d’autres ne tardent pas à passer aux choses sérieuses. Il faut dire que par un temps pareil, digne des plus beaux soirs d’été, l’heure est plus que jamais à l’apéro. Comme toujours lors de nos soirées, il est difficile de s’accorder sur l’ordre des bouteilles. Mais bizarrement, nous ne faisons que rarement des erreurs. C’est ce qu’il convient d’appeler la chance, tout simplement… La chance, Seb ne l’a pas eue car sa bouteille de Saint-Véran « En Crèches » 2010 du Domaine Barraud est marquée par un goût déviant. Sa couleur est dorée et le nez laisse apparaître sans hésitation un goût de liège qui domine malheureusement des notes beurées, d’agrumes confits, de fruits jaunes avec une évolution métallique. Ce vin aurait été idéal pour commencer mais encore au palais il ne peut effacer le bouchon. Les épices, le pain frais et des touches levurées ont bien tenté de rehausser l’ensemble, l’équilibre chaleureux de l’ensemble termine de façon amère et déviante. A regoûter, car ce vin tient de belles promesses.

Le baeckeofe se fait sentir de plus en plus et appelle les troupes à table ! Yannick avait prévu le coup pour accompagner ce plat de manière classique mais ô combien réussie avec un Riesling Grand Cru Eichberg 2009 de Pierre-Henri Ginglinger. Nous avions déjà goûté quelques vins de ce producteur lors de soirées précédentes, en particulier un excellent Gewurztraminer SGN 1997, dont vous pourrez lire les commentaires par ailleursLà encore ce vin brille par son élégance et sa classe. Le nez laisse transparaître des tons minéraux, d’orange fine, de citron confit mûr (presque sirop de citron), d’anis avec une évolution pétrolée très légère. Pas de doute, nous avons affaire à un Riesling alsacien : l’attaque en bouche est encore quelque peu réduite puis le tout évolue magnifiquement sur les agrumes et le minéral dans un style mûr, ample et chaleureux. Pas de doute, nous sommes bien dans une année chaude, mais sans excès. Le toucher de bouche velouté est d’une grande élégance, l’accord avec le plat est superbe ! Très bon choix !

Meursault Benjamin LerouxLe Meursault 2009 de Benjamin Leroux lui emboîte le pas. Son nez évoque la banane, le pain grillé, le beurre et la boite à épices. L’élevage est encore présent mais évolue dans une bouche juteuse, chaleureuse et puissante qui révèle toute la complexité de ce vin : les épices, le miel, le beurre, le tabac blond. Le Meursault s’affirme peu à peu, même s’il est encore un peu compacté. Une véritable boule d’énergie, puissante, mais qui s’avère être une vraie boule de nerfs grâce à une acidité tranchante, citronnée qui traduit une fraîcheur étonnante pour finir longuement sur une note de yaourt au citron. Ce vin, encore au début de sa carrière, se révèlera pleinement après un passage d’une heure en carafe. Superbe style, superbe vin, et ce n’est qu’un Meursault village ! Assurément, Benjamin Leroux a beaucoup de talent, non seulement en tant que vinificateur du plus grand vin de Pommard, le Clos des Epeneaux, mais aussi à travers son activité de négoce que je vous recommande vivement !

 

Pavillon Rouge du Château Margaux 2000-2005Nous terminons le plat avec les premières gouttes de Pavillon Rouge du Château Margaux 2005, Margaux, dont nous avions acheté quelques bouteilles lors d’une foire aux vins des plus intrépides avec Lio ! Le premier nez dévoile des notes de prune, de figue et de cerise noire avec un caramel sous-jacent. L’évolution se fait sur des notes de graphite et de métal. Cette complexité se retrouve après une attaque en bouche veloutée, plutôt souple, avant de lâcher toute la puissance. Les tannins sont fins, les arômes jonglent entre l’encre, le cuir et le charbon. Ce vin est en pleine verve et procure beaucoup de plaisir en ce moment même si son potentiel de garde est certain. J’ai eu la chance de le goûter sur plusieurs jours, il évolue peu à peu sur une phase secondaire (cuir, café, pruneau) ; sa maturité et sa puissance sont marquants, le tout se montre très chaleureux, trop chaleureux ? En revanche sa finale est profonde, persistante et révèle la cerise noire : quelle longueur !
Le Pavillon Rouge du Château Margaux 2000, Margaux, est quant à lui beaucoup plus posé, plus majestueux que son cadet. Le nez fleure bon le Cabernet Sauvignon à parfaite maturité, fait de cerise, de végétal, de cuir et de tabac blond. Sa profondeur et sa complexité sont révélées par la terre, la noix de muscade et le noyau de cerise. Son classicisme est saisissant : en bouche son velouté apaise, sa complexité rassure, un ange passe ! Les petits fruits, la prune, la figue et tant d’autres choses se mêlent à une note vive de réglisse. La finale est profonde, chaleureuse sans être chaude, celle d’un Grand Vin à maturité. Elle traduit un ensemble d’un grand équilibre et d’une certaine pureté : la balance est juste, le résultat final est frais. Moins extrême que 2005, plus réussi en somme. Le Saint-Nectaire l’adore. Je me demande bien comment Château Margaux 2000 peut être meilleur que ce Pavillon, peut-être ont-ils interchangé les bouteilles… Superbe, en tous points !

Nous achevons cette soirée par le vin du maître de maison : le Châteauneuf-du-Pape 2007 du Domaine La Roquète a été carafé plus de quatre heures avant le repas. Il est issu d’un assemblage de Grenache (70%) complété de Syrah et de Mourvèdre, sur les terroirs de Piedlong, Roquète et Pignan. 2010 a été le dernier millésime produit de ce vin avant que la famille Brunier ne décide de se concentrer sur la production d’un vin plus ancré dans le terroir de Piedlong et de ses vieux Grenache (vous pourrez lire ici le commentaire de Piedlong 2011, un coup de coeur…). Bref, revenons-en à ce vin qui est gorgé de fruit confit, à la fois de mûre, de pruneau, de framboise. Encore légèrement réduit, il s’ouvre intensément sur ces fruits noirs et évolue sur le yaourt à la mûre, l’églantine et le sureau. La bouche est elle aussi très séduisante. Son attaque est douce, ses tannins sont veloutés, presque sucrés, sa finale est réglissée. C’est un vin facile, à maturité qui est peut-être un peu trop gourmand à mon goût pour un vin de cette appellation. Toutefois l’accord avec le chocolat révèle la réglisse et la menthe et souligne la fraîcheur de l’ensemble.

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La séduction de l’Eichberg et l’accord du Riesling avec le baeckeofe, le style de Benjamin Leroux, la maturité insolente du millésime 2005 à Bordeaux, le mythe du millésime 2000 et la gourmandise du Grenache : toutes ces théories ont été vérifiées lors de cette soirée de grande qualité ! Seul le Saint-Véran n’a malheureusement pas été à la fête en cette belle soirée de printemps… Merci à Célia et Lio pour leur accueil dans le nouvelle maison, merci pour ce festin à l’alsacienne ! J’espère que nous bientôt l’occasion de nous retrouver pour partager de grands moments de convivialité dans votre nouveau chez-vous.

degustation-mars-2014

In vino veritas