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Combat de Grands Crus en 1998

Par 10 décembre 2011avril 21st, 2013Non classé

Au cours d’une belle soirée entre amis nous nous sommes fait plaisir autour d’une belle sélection de vins de Bourgogne : Chassagne-Montrachet Vieilles Vignes 2004, Domaine Vincent & François Jouard ; Chambertin Clos-de-Bèze Grand Cru 1998, Domaine Drouhin-Laroze ; Clos de la Roche Grand Cru 1998, Domaine Lignier-Michelot.

A l’aube des fêtes de fin d’année il y a toujours un bon prétexte pour se retrouver entre amis. Ma chère et tendre avait lancé les invitations pour une soirée conviviale et gourmande. Nous sommes tous les deux très concernés par la préparation du repas car j’avais annoncé un dîner presque parfait à tous nos invités. Ceux-ci arrivent peu à peu avec les mains pleines de cadeaux, je suis d’ailleurs jaloux que le cuistot soit moins gâté que la maîtresse de maison mais après tout, c’est bien normal ! Tout le monde apprécie la transformation des lieux à la mode Versailles (comme dirait Inès), pour ma part je convie tous les amateurs à prendre l’apéro pendant que je termine de préparer l’entrée…

L’entrée est en effet une copie améliorée de la brochette de gambas et Saint-Jacques à la vanille de Madagascar, poires caramélisées que j’avais servi lors de la dernière « Soirée 20 » et qui avait mis au grand jour le Condrieu « Laurus » 2001 de Gabriel Mèfre (voir ici). Ce plat mieux réussi et riche en saveurs est rehaussé par le Chassagne-Montrachet Vieilles Vignes 2004 du Domaine Vincent & François Jouard apporté par Yannick. C’est une surprise de voir ce vin à notre table car j’adore les productions de ce domaine de Chassagne qui avait longtemps vendu sa récolte au négoce au lieu de révéler tout son talent pour le plaisir des amateurs. Je n’ai malheureusement pas eu le temps de prendre des notes sur ce vin mais il est relativement proche de l’expression de son cadet de 2006 que j’ai dégusté il y a deux ans (voir par ailleurs) : c’est un bel exemple de Chassagne village, encore à maturité et qui soutient bien toutes les subtilités exotiques du plat : ses tons d’ananas, de beurre sont repris en bouche avec une belle maturité. Maintenant je m’attendais à un peu mieux, je pense que ce vin n’a pas vraiment fait parler de lui au cours du repas. S’il vous en reste en cave, je vous laisse vous faire votre propre avis…

Alors que Manue tourne allègrement au Champagne Laurent-Perrier Brut (les deux bouteilles ouvertes se sont révélées être au niveau de cette grande maison), je quitte brièvement la table pour préparer le plat principal. Après l’entrée que tout le monde a apprécié et les rires qui éclatent dans la salle à manger, j’en aurais presque oublié ma pièce de viande dans le four… Je prépare donc le rôti de porc au pistou qui aura la mission d’accompagner le Chambertin Clos-de-Bèze Grand Cru 1998 du Domaine Drouhin-Laroze. Cette bouteille a été achetée en co-propriété par Benoit et moi lors d’une liquidation dans un magasin de la région. Je me souviens encore des conditions de décadence qui nous ont amené à tremper les lèvres dans une Grappa de Jacobo Poli à 9.00 du matin lors de cette acquisition… Bref la dégustation d’un Chambertin Clos-de-Bèze est une première pour moi, tout comme celle des vins de cette maison qui avaient la part belle sur la carte des vins du Restaurant Au Crocodile à Strasbourg lors de la grande époque. Son premier nez de pruneau est flagrant et donne des signes d’évolution même s’il n’est pas typique de l’appellation ; s’en suivent de légères touches de sous-bois et de cendre. La bouche est très accessible et s’ouvre sur le fruit rouge (griotte, groseille, fraise mûre). Un corps flatteur et des tannins veloutés et évolués constituent ce vin très buvable (comprenez süffig) car il repose sur une assise minérale perceptible qui lui confère beaucoup de longueur. Sa légère amertume et sa matière insuffisante le séparent toutefois de l’excellence, même s’il reste une curiosité. Je recommande à tous ceux qui souhaitent goûter ce vin lors des fêtes de ne pas le carafer (n’est-ce-pas Benoit ?) afin qu’il évolue dans le verre.

L’ambiance monte tout comme les décibels de certaines voix enivrées, il est temps de concurrencer le Clos-de-Bèze avec un vin de son pedigree. Lors de notre achat avec Benoit, je savais déjà que je le mesurerai au Clos de la Roche Grand Cru 1998 du Domaine Lignier-Michelot qui n’avait pas vraiment tenu son rang lors de mes précédentes dégustations. Et bien figurez-vous qu’à ma grande surprise, ce fut une victoire par K-O. Sa robe rouge à la concentration moyenne révèle plusieurs niveaux de larmes et des reflets tuilés légers. Son premier nez respire l’élégance et s’ouvre brièvement sur la violette avant de bifurquer sur le fruit rouge profond et de révéler une grande fraîcheur (minéral, aiguille de sapin). Une énième vague boisée légère (pâte d’amande) vient compléter une palette aromatique complexe et subtile. L’attaque en bouche est légère et moyennement intense mais surprend de par son éclat. La bouche est racée et puissante sur l’orange et des notes intenses de griotte. Ce superbe jus a néanmoins beaucoup de classe et d’élégance car il joue sur la minéralité en finale. Un superbe exemple de Clos de la Roche qui efface d’un trait ma mauvaise expérience passée avec ce vin. Il est à pleine maturité et accompagne idéalement un plateau de fromages.

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La soirée se prolonge dès lors que j’ose brandir un Cohiba Esplendidos en douce… Il ne manquait plus que cela pour agrémenter cette belle soirée d’automne. Merci à ma moitié de m’avoir aidé à préparer ce repas et à tous les invités pour leur bonne humeur et leurs cadeaux. Il n’y avait pas meilleure pendaison de crémaillère !

In vino veritas