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Les bonheurs de Provence et de Corse

Par 30 juin 2011avril 21st, 2013Non classé

Je ne pensais jamais trouver de telles beautés en Corse ! A côté de quelques très bonnes bouteilles de Provence, certains vins de Corse m’ont vraiment impressionné, comme le Corse Calvi « Cuvée Fium Seccu » 2009 du Domaine d’Alzipratu ou encore l’Ajaccio rouge 2008 du Clos Capitoro. Et souvent à des prix convenables…

C’est l’été ! L’occasion est rêvée pour nous pencher ce mois-ci sur quelques superbes vins de Provence et de Corse. Au cours de notre dernière soirée avec le groupe Caudalie à la Closerie, chez Marc, nous avons pu toucher à l’excellence que sont capables de produire ces deux régions ; et en particulier la Corse je dois dire.
Laissez tous vous préjugés de côté, du style : « On ne trouve que des rosés faciles en Provence » ; ou encore « quoi ? On sait faire du vin en Corse ? » La dégustation suivante a bien commencé par un vin rosé, mais un vin rosé de très belle facture. Le Côteaux d’Aix-en-Provence rosé 2010 du Domaine d’Eole nous enchante déjà de par sa très robe pâle aux accents saumonés qui évoluent vers des tons fluo plus lumineux. Le nez complexe et vif se décline avec des notes de framboise, de baies rouges, de pastèque, de grenadine et d’agrumes, avec une légère évolution sur le bonbon anglais et a pétale de rose. Rien que ça ! La bouche débute avec une belle matière, avec un accent net sur la grenadine et la fraise tagada, avant qu’une fraîcheur presque glacée ne vienne prolonger le vin dans une finale fraîche et acidulée. Pour l’avoir goûté à plusieurs reprises ces deux dernières semaines, c’est un bel exemple de rosé haute couture qui ne délaisse aucunement ce pour quoi il est fait : rafraichir nos belles journées d’été… Je ne désespère de pouvoir organiser encore une dégustation de rosés en cet été 2011, et je pense que ce vin fera partie de ma sélection (10.90€). IVV : 85/100.

La série des blancs commence avec une curiosité dans le sens où j’ai l’occasion de goûter mon premier vin de cette petite appellation qui ne couvre que 200ha. Composé à 50% de Clairette, 35% de Bourboulenc et à 15% d’Ugni blanc, le Cassis blanc 2008 « Deux Soeurs » du Domaine de la Badiane surprend le dégustateur avec des arômes originaux de reine-claude, de sirop d’érable, de pierre à fusil, de chèvrefeuille jaune, puis de miel, de cire, de tilleul et de banane séchée. Au palais, ce vin joue dans un registre tout aussi décalé, avec un toucher de bouche gras et souple sur le citron confit, la résine, le miel et la pêche de vigne. Chaleureux en finale, il manque généralement un peu de longueur mais étonne grâce à son originalité (20.60€). IVV : 80/100.
Traversons la Méditerranée pour rejoindre une des plus belles régions de l’Ile de Beauté avec ce Corse blanc Porto Vecchio 2010 du Domaine Torraccia. Issu à 100% de Vermentino, il offre une couleur très pâle qui ressemble de très prêt au vin précédent. Son premier nez s’ouvre un instant sur le lait de coco avant d’évoluer très rapidement sur les fruits confits et le yaourt au citron. Son côté floral (aubépine) se dévoile aussi avec le temps. Belle structure de bouche qui supporte un ensemble gras mais élégant. La fin de bouche est lactée avec une note fraîche de melon et d’iode. Noble, aromatique, il est franc et plutôt flatteur et se comportera à merveille sur des poissons grillés (22.00€). IVV : 82/100.
Nous terminons cette série par une pointure, la référence des vins blancs en Provence en la personne de Château Simone 2008, Palette. C’est la première fois que j’approche Simone et son caractère typique qui en fait une légende parmi les grands vins blancs de France. Alors il est vrai que nous n’aurions pas dû la perturber avant plusieurs années mais pour cette soirée dédiée à sa région, nous nous devions de la présenter à tous les convives. D’ailleurs elle ne se livre pas de suite puisque son nez est fermé. Après quelques minutes d’aération, elle daigne bien sortir de son sommeil et exprime des arômes subtils de vanille, de pain d’épices, de bois doux, de miel et de mirabelle. A ce stade, elle dévoile toute sa fougue et ses courbes généreuses en bouche. Sa structure est superbe et élancée avant que la finale en queue de paon ne nous enchante de par sa symphonie d’amers, de tilleul, d’herbes et de minéral. Cette empreinte minérale est issue de cette terre si noble qui lui accorde une fin de bouche des plus subtiles. Déjà accessible à ce stade, elle saura mûrir lentement pour récompenser la patience de ses admirateurs dans les 15 prochaines années (39.00€). IVV : 85-87+/100.

Vins français de Provence et de Corse

Après cet intermède sur les terres provençales, les rouges font la part belle à une génération montante de producteurs corses qui nous montré tout leur talent dans cette série de 4 vins. Alors il est vrai que je fus plutôt dubitatif une fois le Corse rouge « La Robe d’Ange » 2009 du Clos Fornelli servi. Font-ils du Pinot Noir en Corse !? C’est en tous les cas ce que la robe rubis tuilée au gras léger laissait sous-entendre. Ce vin issu de cépages corses (80% Sciacarellu, 20% Niellucciu) joue en fait dans un registre plus sudiste avec des notes de fraise cuite, de confiture de cerise puis des arômes secondaires de sous-bois, de musc, de jus de viande et de cannelle. La bouche est elle aussi puissante et légèrement sauvage avec des notes de fraise, d’olives noires, d’épices et de champignon, tout en préservant un grain de tannin fin. Suave mais plein de caractère, il offre une alternative délicate et fidèle à son terroir (16.10€). IVV : 83/100.
Et une alternative au vin suivant qui quant à lui ne manque pas de muscles… et d’arguments. Jugez plutôt : le Côteaux Varois en Provence « San Bigues » 2004 du Domaine de la Badiane exhibe sans complexe un ensemble violacé très soutenu qui, mis en mouvement, allie la finesse des jambes d’Adriana Karembeu à la texture des plus belles encres. Il s’ouvre sur le cacao, avec une grande palette fruitée : mûre, cassis, cerise noire et prune. Plein d’énergie, vif et puissant, il se montre intense en milieu de bouche. Ses tannins sont certes encore très serrés, mais promettent un grand avenir à cet ensemble bourré de fruit noir et de cacao qui, malgré sa densité, alterne entre épices et minéral en fin de bouche. Vous avez déjà vu un Côteaux Varois 2004 avec encore du potentiel ? Et à un prix hallucinant de 9.90€ ? Moi pas. Et malgré une évolution un poil trop alcooleuse, il s’agit d’un vin incroyable ! IVV : 86/100.

Les plus grands rouges de la soirée nous renvoient sur l’Ile de Beauté. D’ailleurs, je peux vous dire que ces deux jus remarquables ont battu à plate couture quelques grands noms de Provence au cours de la présélection de la FCVF (Fédération Culturelle des Vins de France)… Tout d’abord le Corse Calvi « Cuvée Fium Seccu » 2009 du Domaine d’Alzipratu dévoile une belle robe rubis foncé aux larmes grasses et nombreuses. Son nez de cassis, de cerise, de groseille et de réglisse évolue sur des senteurs sauvages d’herbes séchées. Elégant en attaque, il nous envoûte de par son harmonie et sa gourmandise. Mon esprit s’évade et pense à l’accord parfait que ce vin pourrait offrir à des brochettes d’agneau aux herbes… Je sentirai alors le fondant de la chair s’allier à la suavité et à la gourmandise de cet assemblage de cépages corses (Nielluciu, Sciacarellu avec une pointe de Grenache). La finale allie le fruit, la cendre et conclut une bouche élégante, digeste et pleine de caractère (16.50€). IVV : 89/100.
Le dernier rouge est encore au dessus : le Clos Capitoro 2009, Corse Ajaccio rouge est d’un rubis encore plus profond que le vin précédent. Son nez harmonieux et fondu de cerise noire, d’herbes de Provence et de framboise allie fruité et puissance. L’attaque est vive et étonnement minérale : la cerise noire et les épices sont supportés par une belle acidité. Les tannins serrés et subtilement farineux provoquent une légère salivation et procurent un caractère aérien à ce vin puissant et chaleureux. La finale est elle aussi longue, au fruité légèrement acidulé, et sublime le terroir grâce à des notes de cigare froid. Servez une viande de caractère ou encore un gibier à ce vin corse qui fait honneur à sa noble origine (19.50€). IVV : 91+/100.

Après ce commentaire j’espère vous allez partir à la découverte des vins de Corse. On sait tout y faire : blanc, rouge et liquoreux, comme avec ce Muscat du Cap Corse 2009 du Domaine Leccia. Ce fameux domaine qui est à la pointe de la production de ce noble cépage à petits grains nous offre ici un VDN (Vin Doux Naturel) au nez très expressif alternant la pêche confite, le raisin frais, le raisin de Corinthe, l’ananas et le fleur d’oranger. La bouche est ample et puissante avec une intense richesse et une large palette aromatique qui se finit avec un souffle de fraîcheur typique du Cap Corse. Une invitation au voyage, aux vacances (32.70€) ! IVV : 90/100.

A bientôt sur www.in-vino-veritas.fr